samedi, décembre 24, 2011

L'Iran rapatrie ses sites Internet officiels pour des raisons de sécurité

L'Iran rapatrie ses sites Internet officiels pour des raisons de sécurité

Par LeMonde.fr avec AFP

L'Iran a décidé d'héberger 90 % de ses sites officiels. Ce rapatriement révélé jeudi 22 décembre par le vice-ministre des télécommunications et des technologies de l'information, Ali Hakim Javadi, s'explique, selon lui, par des raisons de sécurité. 'Plus de 90 % des sites internet officiels ont été rapatriés vers divers centres informatiques en Iran'.

Quelque 30 000 sites officiels iraniens, dont ceux de plusieurs ministères, étaient auparavant hébergés chez des prestataires étrangers, essentiellement en Amérique du Nord, a précisé ce responsable. 'Ils étaient menacés en permanence par des attaques informatiques, et leur rapatriement a été décidé pour améliorer la sécurité de l'information gouvernementale sur internet', a souligné M. Hakim Javadi en suggérant aux entreprises ou institutions non gouvernementales iraniennes d'en faire autant.

'GUERRE INFORMATIQUE'

L'Iran a été la cible en 2010 d'une attaque massive par le virus Stuxnet qui a infecté au moins 30 000 ordinateurs d'organismes officiels dans tout le pays. De nombreux experts internationaux ont estimé que ce virus, qui visait apparemment à désorganiser le programme nucléaire iranien, avait été élaboré par les Etats-Unis et Israël. Après Stuxnet, l'Iran avait visé par un autre virus baptisé 'Stars' s'attaquant lui aussi certains de ses systèmes informatiques.

Les sites officiels iraniens sont régulièrement attaqués et Téhéran accuse Washington de mener une 'guerre informatique' non déclarée contre la République islamique, incluant également la création de centaines de sites hostiles au régime de Téhéran. En réponse, l'Iran a annoncé au printemps la création d'une 'cyber-armée' formée d'experts basidjis (miliciens islamistes) pour 'attaquer les sites des ennemis en réponse à leurs attaques'.

'CYBER-POLICE'

Les dirigeants iraniens n'ont donné aucune indication sur la nature des attaques envisagées ni sur leurs cibles, mais des sites proches de la ligne dure du régime ont fait état d'attaques visant des médias étrangers en persan. Le contrôle de l'internet est un enjeu essentiel pour le régime comme pour ses adversaires. Avec plus de 36 millions d'internautes, pour 75 millions d'habitants, l'Iran est le pays du Moyen-Orient le plus branché sur le web. Un outil qui a joué un grand rôle dans la vague de manifestations qui a secoué le pays après la réélection du président Ahmadinejad en 2009.

Nouveaau train de sanctions de l'UE contre l'Iran ?

Les Vingt-Sept durcissent leurs sanctions contre Téhéran.

Le Figaro

Le compte à rebours est lancé pour frapper Téhéran là où ça fait mal. L'Union européenne a décidé d'adopter, en janvier au plus tard, un train de sanctions présentées comme sévères contre la finance, le transport et l'énergie - en clair le pétrole iranien dans toutes ses dimensions.

Après le cri d'alarme de l'AIEA sur le nucléaire militaire, la mise à sac de l'ambassade britannique à Téhéran a balayé les réticences. «Nous avons décidé de travailler sur des sanctions plus dures et sans précédent», assure jeudi Alain Juppé, dans une allusion transparente à un éventuel embargo sur le pétrole. Le texte arrêté, jeudi à Bruxelles, vise aussi les Gardiens de la révolution, branche de l'armée chargée de réprimer toute dissidence interne.

Rappel des ambassadeurs

La formulation retenue est assez diplomatique pour couvrir les pays en pointe - la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne - et ceux qui ont émis des réserves - l'Italie, l'Espagne et la Grèce. Il s'agit «d'atteindre sévèrement le système financier iranien, celui des transports et celui de l'énergie». L'embargo, soutenu par Paris et Berlin, n'est plus à exclure. Londres milite aussi pour isoler financièrement Téhéran. Les États-Unis l'on fait en novembre, paralysant de fait une partie des rentrées pétrolières.

À ce jour, les Vingt-Sept ont déjà frappé les actifs de centaines d'entreprises iraniennes. L'UE applique depuis juillet 2010 une interdiction des nouveaux investissements dans le pétrole et le gaz. Jeudi, elle a ajouté à sa liste noire les noms de 143 sociétés et 37 personnes, visées par des gels d'avoirs et des interdictions de visa. Elle a aussi marqué son «indignation» face à l'attaque contre la représentation britannique et prévoit de coordonner les rappels d'ambassadeurs. Pour d'éventuelles sanctions pétrolières, la difficulté à surmonter est l'inégale répartition du fardeau entre le sud et le nord de l'Europe. L'UE a importé 5,8% de son brut d'Iran l'an dernier. Mais le sacrifice serait plus rude pour l'Espagne (15% de ses approvisionnements), la Grèce (14%) ou l'Italie. S'ajoute dans ces trois capitales une fatigue avouée de devoir assumer, après la Libye et la Syrie, le contrecoup des sanctions à chaque rebondissement politique dans le monde musulman.

Cette fois, c'est Athènes qui appelle à l'aide. Ses finances à sec, la Grèce a trouvé à Téhéran un fournisseur très obligeant qui lui fournit le pétrole à crédit. «Il faut en tenir compte et veiller à ce que l'interruption des livraisons de l'Iran puisse être compensée par une hausse de production ailleurs», explique Alain Juppé. À ses yeux, c'est tout à fait possible.

Les réticences de la Grèce et les réserves de l'Italie expliquent le délai que s'accorde l'UE, comme ce fut le cas avec la Libye au début de l'année. Des contacts vont donc être noués avec d'autres puissances pétrolières de la région. Il s'agit aussi d'éviter un effet pervers bien connu des professionnels: tout embargo risque de provoquer un effet temporaire de rareté qui, par le biais d'une hausse des cours, bénéficie au producteur sanctionné s'il trouve d'autres clients…

L'Iran lance une chaîne d'information

L'Iran lance une chaîne d'information

AFP Mis à jour 

L'Iran lance aujourd'hui une nouvelle chaîne d'information internationale en espagnol, qui diffusera également des émissions de divertissement et des documentaires, selon ses responsables.

Financée par le gouvernement iranien et diffusée depuis Téhéran, HispanTVespère "toucher des millions de personnes en Amérique latine, aux Etats-Unis et en Europe", explique un communiqué publié sur son site. "Le lancement est prévu aujourd'hui à environ 15 heures, heure française", a déclaré une porte-parole de la chaîne en Espagne.

HispanTV 
compte sur une équipe de trois personnes à Madrid, plusieurs journalistes espagnols et latino-américains qui travaillent depuis le siège à Téhéran, ainsi que sur "des correspondants dans le monde entier", a-t-elle précisé. "Ils ne vont pas diffuser des informations religieuses. Juste du divertissement et des informations", a-t-elle ajouté.

L'affaire de l'Américain d'origine iranienne soupçonné d'espionnage, la crise
économique internationale ou encore l'actualité du dirigeant vénézuélien Hugo Chavez sont quelques uns des grands sujets internationaux que couvre le site internet d'HispanTV, lancé il y a un an. "HispanTV naît avec une grande vocation sociale, visant principalement à construire des ponts entre les peuples d'Iran, d'Amérique latine et du Moyen-Orient en diffusant des contenus souvent délaissés par les autres médias", assure la chaîne.

Selon le journal espagnol El Pais, l'Arabie saoudite prévoit également de lancer un canal en espagnol, Cordoba Television, en janvier.

L'Iran et l'Arménie renforcent leur coopération énergétique

EREVAN - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son homologue arménien Serge Sarkissian ont signé vendredi à Erevan des accords bilatéraux renforçant la coopération entre les deux pays, notamment dans le domaine énergétique, a annoncé la présidence arménienne.

Les présidents ont exprimé leur détermination de développer une coopération bilatérale amicale et mutuellement avantageuse, selon un communiqué de la présidence, publié à l'issue de la rencontre entre MM. Ahmadinejad et Sarkissian.

Les deux dirigeants ont souligné le droit de tous les pays, y compris l'Arménie et l'Iran, d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, indique le communiqué.

Au total, six accords ont été signés dans le cadre de la visite de M. Ahmadinejad en Arménie, parmi lesquels un accord sur la coopération énergétique.

Les présidents se sont également mis d'accord sur les délais de réalisation du projet prévoyant la construction par des sociétés iraniennes de deux barrages hydroélectriques de 180 mégawatts chacun sur la rivière Araxe, frontalière entre les deux pays, selon le communiqué.

En février, le ministre arménien de l'Energie, Armen Movsissian avait déjà annoncé la construction d'un oléoduc de 365 km reliant Tabriz (nord-ouest de l'Iran) à Erakhsh, en Arménie. Cet oléoduc doit permettre à l'ancienne république soviétique de diversifier ses fournisseurs d'énergie, en particulier après la guerre russo-géorgienne d'août 2008 qui a perturbé son approvisionnement en hydrocarbures.

En 2007, l'Arménie et l'Iran avaient inauguré un gazoduc destiné à acheminer 36 millions de mètres cubes/jour de gaz iranien en Arménie pendant 20 ans.


(©AFP / 23 décembre 2011 18h58)

dimanche, mai 15, 2011

Malgré les sanctions, la Chine continue d'investir en Iran

Selon l'agence de presse iranienne IRNA, L'Iran et la Chine ont signé ce lundi 14 mars un contrat de 2 milliards de dollars pour la construction d'un barrage hydroélectrique dans le Sud-Ouest de l'Iran, entre la société iranienne Farab et la compagnie chinoise Sinohydro.

Le projet prévoit la construction d'un barrage d'une hauteur de 315 mètres avec une capacité de production électrique de 1.500 mégawatts, nommé Bakhtiari et situé à la frontière entre les provinces du Lorestan et du Khouzistan.
Au cours de ces dernières années, la Chine est devenue l'un des principaux partenaires économiques de l'Iran.
La valeur des échanges directs annuels entre les deux pays atteint actuellement 30 milliards de dollars, a récemment assuré Assadollah Asgaroladi, directeur de la Chambre de commerce sino-iranienne, qui a ajouté que l'objectif était de les faire passer à 100 milliards de dollars.
Début février, une compagnie publique iranienne a annoncé avoir signé un contrat d'environ 13 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) avec la Chine pour la construction de plus de 5.300 km de chemin de fer dans le pays.
Le problème c'est qu'il reste toujours difficile d'évaluer avec exactitude la valeur exacte des échanges et contrats en cours entre l'Iran et la Chine ; Téhéran faisant souvent volontairement l'amalgame entre contrats effectifs et projets de contrat, afin de gonfler ses chiffres et paraître ainsi moins isolé qu'il ne l'est en réalité. 

dimanche, février 27, 2011

2 superordinateurs inaugurés

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a inauguré le 23 février 2011 deux superordinateurs affirmant que l'Iran devait devenir "un pôle scientifique mondial", a rapporté le site de la présidence de la République. "L'Iran doit devenir un pôle scientifique mondial et les actions menées dans le pays permettent d'espérer que cela est possible", a déclaré M. Ahmadinejad.

Le premier superordinateur, construit par une équipe de 20 professeurs et leurs étudiants à l'université Amir Kabir de Téhéran, "est le 108e superordinateur le plus puissant au monde", a déclaré le président de l'université Alireza Rahaie. "L'Iran fait partie des 10 pays maîtrisant cette technologie", a-t-il assuré, précisant que le projet a été lancé il y a 22 mois. Le supercalculateur Amir Kabir est capable de mener "89.000 milliards d'opérations par seconde" soit 89 téraflops.

A titre de comparaison, le Très grand centre de calcul (TGCC) du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en France dispose à l'heure actuelle d'un superordinateur d'une puissance de 350 téraflops. Dans les prochains mois, elle devrait quadrupler pour atteindre au moins 1,5 pétaflops. Les Etats-Unis accueillent sept des dix superordinateurs les plus puissants au monde, la deuxième place revenant désormais à la Chine.

Le second superordinateur iranien inauguré a été construit à l'université industrielle d'Ispahan (centre). Il est 25% moins puissant, selon les médias iraniens. "Dans le domaine spatial, des biotechnologies et autres domaines scientifiques nous avons besoin de faire des sauts (...) pour atteindre les sommets" technologiques, a déclaré le président iranien.

Les superordinateurs sont utilisés pour simuler des phénomènes physiques très complexes mettant en jeu des myriades de paramètres, comme les séismes, les explosions ou les réactions nucléaires, l'industrie de l'armement ou encore la cryptologie. L'Iran annonce régulièrement des "succès" technologiques dans le domaine nucléaire, de l'armement mais aussi scientifique et médical, et souligne que ces progrès ont été obtenus malgré les sanctions économiques internationales imposées sous la pression des pays occidentaux à cause de son programme nucléaire controversé.


Source : Le Figaro du 23 février 2011

La Chine investit dans le pétrole

La Chine va investir 2,5 milliards de dollars pour le développement du champ pétrolier d'Azadegan-Sud, commun avec l'Irak, avec l'objectif d'en tirer à terme 600.000 barils de pétrole par jour (bj), a déclaré vendredi un responsable pétrolier iranien cité par l'agence Mehr. "Selon l'accord conclu, la Chine va investir dans le champ 2,5 milliards de dollars", a déclaré Naji Saadouni, président de la Compagnie iranienne d'ingéniérie et de développement pétrolier.

La production du champ devrait passer des 55.000 bj actuels à 320.000 bj à l'issue d'une première phase, dont les travaux ont déjà commencé, puis à quelque 600.000 bj dans une deuxième phase. Il n'a pas précisé quelle compagnie chinoise participait au développement d'Azadegan sud. En janvier 2009, la China National Petroleum Corporation (CNPC) et la National Iranian Oil Company (NIOC) ont signé un accord de 1,76 milliard de dollars pour le développement du champ voisin d'Azadegan-Nord, avec pour objectif de produire 75.000 bj.

Le gisement d'Azadegan, à cheval entre l'Iran et l'Irak, est, selon Téhéran, l'un des plus grand du monde avec des réserves de l'ordre de 42 milliards de barils. Il est développé côté irakien, où il a le nom de Majnoun, par les groupes anglo-néerlandais Shell et malaisien Petronas. L'autre grande compagnie pétrolière chinoise, Sinopec, est engagée dans le développement du gisement pétrolier de Yadevaran, voisin d'Azadegan et également frontalier de l'Irak au sud-est de l'Iran. La compagnie japonaise Inpex, qui avait obtenu la concession, s'est retirée d'Azadegan à la suite des sanctions internationales prises contre l'Iran pour son programme nucléaire controversé. La Chine est devenue l'un des principaux partenaires économiques de l'Iran ces dernières années, en partie grâce au retrait des pays occidentaux qui ont pris des sanctions financières et technologiques unilatérales sévères contre Téhéran à cause de la question nucléaire. L'Iran a une production pétrolière moyenne de 3,7 millions de bj (mbj), selon l'Opep et les estimations des responsables iraniens. La capacité de production du pays est officiellement d'un peu plus de 4,1 mbj.
L'Iran est le deuxième producteur de l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, et possède également les deuxièmes plus grandes réserves de gaz au monde après la Russie.

Le Figaro, 25 février 2011

« Cordon ombilical » pour l'Iran, le commerce séculaire avec Dubaï dépérit

Soruce : Le Monde du 23.02.11

Les sanctions internationales prises contre la République islamique et la crise qui a frappé l'émirat ont fortement réduit leurs échanges

Nuit et jour, la Creek, ce bras de mer qui s'enfonce à l'intérieur de Dubaï sur une quinzaine de kilomètres, offre le même spectacle : une armada de dhows, ces vieux bateaux en bois à l'allure corsaire, attendent d'être chargés à ras bord pour prendre la mer. Les quais débordent de caisses de bois et de cartons posés à même le sol. Dedans : des packs de lait en poudre, des pots de peinture, de l'huile de palme, des savons, mais aussi des pompes à eau, des réfrigérateurs, des téléviseurs, des ordinateurs... Transformés en bêtes de somme, des Indiens, des Pakistanais, des Iraniens et des Somaliens transportent ces colis sur les bateaux.

Environ 80 % des marchandises qui partent de la Creek sont destinés à l'Iran. Sur ce volume, seuls 10 % relèveraient de la contrebande. Tout le reste est licite, mais de plus en plus contrôlé et limité.

Le commerce séculaire entre Dubaï et l'Iran, séparés par 160 kilomètres de mer, diminue d'année en année alors que se renforcent les sanctions internationales contre la République islamique, accusée de nourrir des ambitions nucléaires. En 2008, le volume annuel des échanges entre les deux pays était estimé à 12 milliards de dollars (8,8 milliards d'euros). En 2009, il était tombé à 8 milliards de dollars. Pour l'année 2010, il ne devrait pas dépasser les 6 milliards.

Longtemps, Dubaï a fait la sourde oreille aux pressions américaines, bien décidé à rester le premier partenaire commercial de l'Iran. Mais la crise financière et économique qui s'est abattue sur l'émirat en 2009 a changé la donne.

Dubaï a perdu une partie de son autonomie. En lui signant notamment un chèque de 20 milliards de dollars, Abou Dhabi, le plus puissant et le plus riche des sept pays membres de la Fédération des Emirats arabes unis, fidèle allié des Etats-Unis, a sauvé son voisin de la débâcle, mais, ce faisant, « il a pris l'ascendant sur lui et est en mesure, désormais, de lui imposer ses vues », comme le souligne Philippe Dauba-Pantanacce, senior économiste à la Standard Chartered.

« Il s'agit d'un choix politique qui est assumé. Les autorités de Dubaï sont à présent elles-mêmes convaincues de la nécessité de prendre leurs distances avec l'Iran. Elles sont désormais à la recherche d'autres marchés, dans les pays émergents d'Afrique ou d'Asie, pour remplacer ce manque à gagner », estime pour sa part un observateur européen.

Grogne

Qu'il soit subi ou choisi, ce changement de cap provoque la grogne des milieux d'affaires à Dubaï, à commencer par les 8 000 compagnies iraniennes établies ici, la plupart centrées sur l'import-export et le transport maritime. Dans cette étonnante mosaïque qu'est Dubaï, les Iraniens, 400 000 personnes environ, pèsent d'un poids non négligeable. Mais les liens ne sont pas seulement marchands. Ils sont aussi culturels. Presque la moitié des Emiratis seraient d'origine iranienne, y compris la famille régnante.

« On ne pourra jamais empêcher Dubaï de commercer avec l'Iran ! D'ailleurs, on continue comme avant. La seule différence, c'est que nous perdons du temps car désormais nous passons par des intermédiaires - en Afrique, en Asie - et que çà nous coûte plus cher ! », tempête Mehdi Khani Fared, un homme d'affaires iranien basé à Dubaï.

La majorité des commerçants se disent « étranglés » depuis le quatrième train de sanctions adoptées par les Nations unies (ONU) en juin 2010 et suivies des mesures de rétorsion américaines et européennes. En novembre 2010, une délégation dubaïote de représentants de l'industrie alimentaire, du prêt-à-porter et du médicament a élevé une protestation solennelle auprès de l'émir de Dubaï. « Même pour exporter du riz ou d'autres produits permis par l'ONU, nous nous heurtons à toutes sortes d'obstacles », se sont-ils plaints.

Le vrai problème, c'est que la liste de ce qui est autorisé ou non n'est pas clairement définie. « Dans le flou, personne ne veut courir de risques pour ne pas subir de représailles, ce qui finit par paralyser les échanges avec l'Iran », souligne Tarik Yousef, le directeur de la Dubai School of Government.

C'est par le biais des lettres de crédit que le trafic entre Dubaï et l'Iran est rendu de plus en plus compliqué. Il n'y a pratiquement plus aucun établissement bancaire qui accepte d'émettre ces documents qui sont indispensables à toute transaction commerciale dès lors qu'il s'agit de la République islamique. Quant aux lettres de crédit émises par les filiales dubaïotes des banques iraniennes, elles sont désormais considérées comme sans valeur par les banques partenaires dans l'opération. C'est donc en cash et au comptant que se font les transactions, ce qui les rend risquées ou hors de prix voire impossibles.

Stratagèmes

Pour continuer leurs affaires, les Dubaïotes ont recours à toutes sortes de stratagèmes. Une partie de la marchandise part ainsi désormais de Charjah ou Rhas El Khaïma, deux petits émirats voisins où les douanes seraient moins tatillonnes. Elle peut aussi être expédiée dans un pays frontalier de l'Iran puis faire la dernière partie du chemin par voie terrestre...

Avec un banquier iranien installé à Dubaï, Franck Chomel, lui, a mis au point un système de paiement électronique, « Live Payment Gateway », reconnu par le réseau bancaire iranien. « C'est le premier système en ligne de conversion des rials en devises internationales. Les cartes bancaires iraniennes n'étant pas reconnues à l'étranger, les Iraniens n'ont que ce moyen de paiement en ligne », explique-t-il.

Aussi ingénieuses soient-elles, ces astuces pèsent toutefois de peu de poids sur l'asphyxie progressive de l'Iran. Certains en éprouvent un très vif ressentiment envers l'Occident. « Qu'on laisse Dubaï servir de cordon ombilical à l'Iran ! Car les sanctions frappent le peuple iranien, non ses dirigeants, s'indigne Sultan Sooud Al Qassemi, responsable d'une société de transport maritime. Commercer, c'est dialoguer et établir des ponts. Quel gâchis on commet avec l'Iran en affirmant vouloir son bien ! »

mercredi, février 23, 2011

Centrale nucléaire de Bouchehr: l'Iran propose un consortium à Moscou

Téhéran souhaite participer à la production du combustible nucléaire fourni par Moscou pour la centrale de Bouchehr, et à proposé à la Russie de créer un consortium sous licence russe. Moscou avait obtenu de l'ONU que Bouchehr échappe à l'embargo international en s'engageant notamment à fournir pendant dix ans le combustible nécessaire à son fonctionnement et à le récupérer après usage pour réduire les risques de prolifération.

La proposition vise à créer un consortium pour la production du combustible nucléaire nécessaire pour la centrale de Bouchehr qui vient d’être lancée et les futures centrales iraniennes. « Nous avons proposé à la Russie de créer un consortium commun sous licence russe pour qu’une partie du travail soit faite en Russie et l’autre partie en Iran », a déclaré Ali Akbar Salehi, le chef du programme nucléaire iranien. « La Russie est en train d’examiner cette proposition », a-t-il ajouté.

L’enrichissement d’uranium est au centre du bras de fer entre l’Iran et la communauté internationale. Les pays occidentaux soupçonnent l’Iran de vouloir chercher à fabriquer l’arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, en particulier l’enrichissement d’uranium.

En proposant à la Russie de créer un consortium commun, Téhéran cherche à déjouer les pressions internationales contre son programme nucléaire. En effet, la présence des Russes dans un tel consortium donnera des garanties qu’il n’y a pas de détournement des activités d’enrichissement d’uranium vers un objectif militaire.

Cette annonce intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU et les pays occidentaux ont adopté ces derniers mois de nouvelles sanctions contre l’Iran à cause de son programme nucléaire controversé.

Nucléaire : le Japon adopte de nouvelles sanctions contre l’Iran

Après les Etats-Unis, l'Union européenne, le Canada et l'Australie, le Japon a adopté ce vendredi 3 septembre 2010 de nouvelles sanctions contre l'Iran, prévoyant notamment le gel d'avoirs liés au programme nucléaire de Téhéran, et un contrôle plus strict des transactions financières. En revanche, Tokyo n'envisage pas de réduire ses importations de pétrole brut en provenance de la République islamique.

Ami de l’Iran, son troisième plus important fournisseur de pétrole, le Japon cherche à lui faire le moins mal possible avec ses nouvelles sanctions.

Les banques japonaises ne pourront pas acheter des bons du trésor émis par la Banque centrale iranienne, ni financer une quelconque activité liée au développement éventuel d’armes nucléaires par l’Iran.

Le Japon suspend encore tout nouvel investissement dans le gaz et le pétrole iraniens. C’est peut-être sa sanction la plus sensible. L’Iran importe 40% de son essence car il manque de capacité de raffinage.

Ecarter le risque de voir Téhéran se doter de l’arme atomique

Mais le Japon se refuse de réduire ses importations de pétrole brut en provenance de l’Iran : « Notre pays a des relations proches avec l’Iran », reconnaît Yoshito Sengoku, le secrétaire général du gouvernement japonais.

Des relations si proches, que le Japon, selon le journal Nikkei, avait proposé à l’Iran d’enrichir son uranium afin de lui fournir l’accès à l’énergie nucléaire, tout en écartant le risque de voir Téhéran se doter de l’arme atomique.

Le Japon, pays d’Hiroshima et de Nagasaki, milite en faveur du désarmement nucléaire. Il ne peut pas faire autrement que sanctionner l’Iran, même si le Japon s’abrite pour sa sécurité sous le parapluie nucléaire américain.

Les avoirs des banques iraniennes retirés d'Europe

Le chef de la Banque centrale iranienne, Mahmoud Bahmani, a déclaré vendredi 27 août 2010, que l'Iran avait retiré ses avoirs des banques en Europe pour échapper aux dernières sanctions internationales adoptées en raison de son programme nucléaire controversé. Aucune information concernant la somme que représentaient ces transferts d'argent, ni leur destination ou même la date à laquelle ils avaient eu lieu n’a été mentionnée.

Mahmoud Bahmani n’a pas précisé vers quelle banque ces avoirs ont été transférés, il n’a pas dit non plus quel était le montant de ces avoirs mais selon les estimations, les avoirs iraniens dans les banques étrangères s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards de dollars. « Si les Européens décident de bloquer nos avoirs, nous n’aurons aucun problème », a déclaré le président de la Banque centrale iranienne.

Mahmoud Bahmani a précisé que la décision de transférer ces avoirs avait été prise il y a six mois. Les pays européens ont en effet décidé, en juillet, d’imposer des sanctions économiques contre l’Iran à cause de son programme nucléaire controversé. Outre les échanges bancaires, le secteur pétrolier et gazier sont visés par des sanctions européennes mais aussi américaines.

Face aux nouvelles sanctions, l’Iran a décidé de ne plus utiliser l’euro et le dollar pour son commerce. De même, Téhéran a pris la décision de réduire ses échanges commerciaux, avec les pays européens. Ces échanges ont déjà largement baissé au cours des dernières années et ne représentent que quelques vingt milliards de dollars par an. Téhéran s’est tourné vers la Chine et les autres pays asiatiques pour contrer la pression des pays occidentaux.

Source : REUTERS

Quatre géants pétroliers se conforment aux sanctions économiques contre l'Iran

Par RFI

Quatre compagnies pétrolières occidentales : le français Total, l'anglo-néerlandais Shell, le norvégien Statoil et l'italien ENI renoncent à investir en Iran et se mettent ainsi à l'abri des sanctions américaines. Les Etats-Unis accusent Téhéran de financer son programme nucléaire avec les revenus du pétrole et entendent donc tarir cette source de financement.

S'exposer aux sanctions américaines est un risque trop grand pour les compagnies pétrolières occidentales. Le groupe françaisTotal, l'anglo-néerlandais Shell, l'italien ENI et le norvégien Statoil préfèrent donc renoncer à tout investissement dans le secteur énergétique en Iran. Le japonais Inpex s'apprête lui aussi à suivre le même chemin.

Ces groupes avaient déjà plus ou moins anticipé une suspension d'activité en Iran comme Statoil qui tourne au ralenti depuis 2008. Lukoil, la plus grande compagnie pétrolière privée russe a déjà cessé de livrer de l'essence à l'Iran depuis avril dernier et Total à fait la même chose en juin. Mais le français Total continuera d'acheter du brut à l'Iran car cela demeure autorisé par la loi américaine.

Aujourd'hui la menace de rétorsion n'est pas une menace en l'air, et le département d'Etat américain a déjà lancé des enquêtes sur les compagnies pétrolières qui n'ont pas pris les mêmes engagements de retrait.

En revanche, la Turquie et la Chine ont refusé d'appliquer les sanctions décidées par les Etats-Unis et l'Union européenne, s'en tenant à celles décrétées par l'ONU. Les négociations entre les grandes puissances et l'Iran sur le nucléaire devraient reprendre d'ici peu.

Livre : Réinventer le Moyen-Orient

Le Monde ddu 18.02.11

Hamit Bozarslan aurait pu ajouter une quatrième source de contestation des sociétés moyen-orientales face aux autoritarismes locaux dans sa dernière étude sur la sociologie du Moyen-Orient. Outre la résilience, la contestation culturelle et le millénarisme, la combinaison de ces trois types de résistances offre une quatrième voie, celle de la révolution, en vogue depuis plus d'un mois de l'autre côté de la Méditerranée. Car le réveil du monde arabe n'aurait jamais pu sonner sans la conjonction de ce triangle de la contestation sociale. Ce sont tous les courants et les couches de la société tunisienne puis égyptienne qui sont descendues dans les rues pour « dégager » Ben Ali et Moubarak et réinventer le Moyen-Orient.

L'historien démontre qu'à chaque cycle de formation du Moyen-Orient son imaginaire géopolitique s'élargit, alors que ses fondements se durcissent sur la base de concepts sinon mal utilisés du moins réducteurs, donc trompeurs. C'est justement ce piège que Hamit Bozarslan évite à l'aide d'une méthodologie qui dépasse les paradigmes de la modernité, de l'islamité, de la tribalité ou encore d'une doctrine spécifique au pouvoir local, l'asabiyya ou « esprit de corps ».

Dans une inspiration durkheimienne, ce chercheur revient sur la notion d'Etat comme enjeu de la lutte politique, mais jamais comme lieu de réconciliation car la bourgeoisie répond plus à l'autorité suprême qu'à ses propres intérêts. L'Etat moyen-oriental est un modèle postpatrimonial fondé sur le pouvoir du prince et la rente sécuritaire s'il appartient au camp occidental post-11-Septembre (Tunisie, Egypte, Jordanie) ou la rente souverainiste s'il rejoint le camp des diplomaties contestataires (Iran, Syrie). La typologie de l'Etat que Hamit Bozarslan propose à partir du prisme autoritaire classe la Turquie, l'Iran et le Pakistan dans la catégorie des régimes à double souveraineté, et l'Egypte, la Tunisie et l'Algérie dans celle des régimes de pluralisme officiel, qui manifestement rime avec révolutions.

Long sommeil

D'où la question de la légitimité de l'Etat et de sa reproduction, deux notions à examiner séparément, écrit-il, mais contre lesquelles tous les modèles universalistes ont été expérimentés au nom d'un introuvable contrat social. Qu'il s'agisse du royalisme, du socialisme version baasiste, du nationalisme ou bien de l'islamisme, aucune de ces idéologies mobilisatrices n'est parvenue à assurer à l'Etat le monopole de la violence légitime.

L'Etat, insiste-t-il, détient celui de la capacité d'action par le verrouillage du pouvoir et de la société dans une logique de domination policière qui fait le bonheur de l'Occident, tant que les faits du prince ne se tournent pas contre lui. Si bien qu'une forme de lassitude sociale s'est emparée de la rue, assurant aux régimes en place leurs propres recettes de reproduction, soit l'immobilisme avec la reconduction à vie du président, soit la succession dynastique avec un pouvoir transmis de père en fils. Or, les sociétés tunisienne et égyptienne sont finalement sorties de leur long sommeil, transformant ainsi les nuits de Ben Ali et Moubarak en véritables cauchemars.

Reste l'indétermination du changement, souligne Hamit Bozarslan. Le futur du Moyen-Orient est toujours incertain. Aux acteurs des révolutions arabes de s'emparer de ce livre pour y trouver, sinon les clés de leur avenir, du moins les leçons d'un passé à tirer.


SOCIOLOGIE POLITIQUE DU MOYEN-ORIENT d'Hamit Bozarslan. La Découverte, collection "Repères", 128 p., 9,50 €.

Une région marquée par les luttes d'influence entre chiites et sunnites

Source : Le Monde du 21.02.11

En Tunisie et en Egypte, la menace de l'islamisme était mise en avant pour justifier aux yeux des pays occidentaux le maintien de régimes de fer. A Bahreïn, c'est une supposée "cinquième colonne" iranienne qui remplit cet office de bouc émissaire. L'archipel, dirigé depuis le XVIIIe siècle par une dynastie sunnite, compte en effet une nette majorité de chiites (70 %) dont les responsables dénoncent à l'envi la discrimination sociale et politique dont ils sont les victimes.

Que la monarchie bahreïnie des Khalifa s'inquiète d'un irrédentisme iranien n'a rien de surprenant quand on sait que l'archipel fut longtemps revendiqué par les régimes successifs au pouvoir à Téhéran. Pour autant, au cours des deux dernières décennies, les principaux responsables chiites du Bahreïn ont toujours pris soin de ne pas prêter le flanc à cette critique.

Le cheikh Ali Salman, chef de la principale formation chiite, Al-Wifaq, a bien été formé à Qom, en Iran, mais il a pour modèle, selon la chercheuse Laurence Louër, Ali Al-Sistani, l'une des principales autorités religieuses du chiisme, installé à Nadjaf, en Irak. Lors de son exil forcé, de 1995 à 2001, pendant l'intifada des chiites contre le régime du Bahreïn, le cheikh Salman s'était d'ailleurs replié en Grande-Bretagne et non en Iran. Interrogés sur la défiance exprimée par les sunnites à leur égard, les chiites mettent en avant leurs votes "légitimistes" lors de deux consultations : celle organisée par l'ONU en 1971 à la fin du protectorat britannique et qui se traduisit par un refus de rattachement à l'Iran, et le référendum de 2001 (98 % de oui à une réforme de la Constitution), après l'arrivée au pouvoir de l'actuel souverain, Hamad Al-Khalifa.

Cette méfiance vis-à-vis de populations chiites dans un contexte régional marqué par la montée en puissance du régime iranien est également manifeste en Arabie saoudite. Dans ce royaume, les chiites sont très minoritaires mais concentrés dans la province de l'est qui jouxte Bahreïn et où se trouvent les principaux gisements de pétrole saoudien. Les chiites y représenteraient environ 30 % de la population. Cette province et l'archipel, reliés aujourd'hui par un pont, constituaient au Moyen Age, l'ancien Bahreïn.

Aiguisée par le sectarisme religieux qu'alimentent les sunnites les plus radicaux qui considèrent les chiites comme des mécréants, cette défiance s'est pourtant atténuée à partir de 2003 à la suite de la publication d'une pétition intitulée "Partenaires de la nation" signée par 450 personnalités chiites conduites par l'une des principales figures du chiisme saoudien, Hassan Al-Saffar, et par l'accueil très favorable du prince héritier Abdallah, régent de fait à cette date. Devenu roi en 2005, ce dernier s'est efforcé de conforter les liens avec cette minorité dans le cadre du dialogue national qu'il a initié. Comme à Bahreïn, les chiites saoudiens s'évertuent donc depuis ces dernières années à dissiper toute équivoque quant à des liens supposés avec le régime iranien en inscrivant leurs revendications dans un cadre strictement national.

"Cordon ombilical" pour l'Iran, le commerce séculaire avec Dubaï dépérit


Le Monde du 22.02.11


Nuit et jour, la Creek, ce bras de mer qui s'enfonce à l'intérieur de Dubaï sur une quinzaine de kilomètres, offre le même spectacle : une armada de dhows, ces vieux bateaux en bois à l'allure corsaire, attendent d'être chargés à ras bord pour prendre la mer. Les quais débordent de caisses de bois et de cartons posés à même le sol. Dedans : des packs de lait en poudre, des pots de peinture, de l'huile de palme, des savons, mais aussi des pompes à eau, des réfrigérateurs, des téléviseurs, des ordinateurs... Transformés en bêtes de somme, des Indiens, des Pakistanais, des Iraniens et des Somaliens transportent ces colis sur les bateaux.

Environ 80 % des marchandises qui partent de la Creek sont destinés à l'Iran. Sur ce volume, seuls 10 % relèveraient de la contrebande. Tout le reste est licite, mais de plus en plus contrôlé et limité.

Le commerce séculaire entre Dubaï et l'Iran, séparés par 160 kilomètres de mer, diminue d'année en année alors que se renforcent les sanctions internationales contre la République islamique, accusée de nourrir des ambitions nucléaires. En 2008, le volume annuel des échanges entre les deux pays était estimé à 12 milliards de dollars (8,8 milliards d'euros). En 2009, il était tombé à 8 milliards de dollars. Pour l'année 2010, il ne devrait pas dépasser les 6 milliards.

Longtemps, Dubaï a fait la sourde oreille aux pressions américaines, bien décidé à rester le premier partenaire commercial de l'Iran. Mais la crise financière et économique qui s'est abattue sur l'émirat en 2009 a changé la donne.

Dubaï a perdu une partie de son autonomie. En lui signant notamment un chèque de 20 milliards de dollars, Abou Dhabi, le plus puissant et le plus riche des sept pays membres de la Fédération des Emirats arabes unis, fidèle allié des Etats-Unis, a sauvé son voisin de la débâcle, mais, ce faisant, "il a pris l'ascendant sur lui et est en mesure, désormais, de lui imposer ses vues", comme le souligne Philippe Dauba-Pantanacce, senior économiste à la Standard Chartered.

"Il s'agit d'un choix politique qui est assumé. Les autorités de Dubaï sont à présent elles-mêmes convaincues de la nécessité de prendre leurs distances avec l'Iran. Elles sont désormais à la recherche d'autres marchés, dans les pays émergents d'Afrique ou d'Asie, pour remplacer ce manque à gagner", estime pour sa part un observateur européen.

Grogne

Qu'il soit subi ou choisi, ce changement de cap provoque la grogne des milieux d'affaires à Dubaï, à commencer par les 8 000 compagnies iraniennes établies ici, la plupart centrées sur l'import-export et le transport maritime. Dans cette étonnante mosaïque qu'est Dubaï, les Iraniens, 400 000 personnes environ, pèsent d'un poids non négligeable. Mais les liens ne sont pas seulement marchands. Ils sont aussi culturels. Presque la moitié des Emiratis seraient d'origine iranienne, y compris la famille régnante.

"On ne pourra jamais empêcher Dubaï de commercer avec l'Iran ! D'ailleurs, on continue comme avant. La seule différence, c'est que nous perdons du temps car désormais nous passons par des intermédiaires - en Afrique, en Asie - et que çà nous coûte plus cher !", tempête Mehdi Khani Fared, un homme d'affaires iranien basé à Dubaï.

La majorité des commerçants se disent "étranglés" depuis le quatrième train de sanctions adoptées par les Nations unies (ONU) en juin 2010 et suivies des mesures de rétorsion américaines et européennes. En novembre 2010, une délégation dubaïote de représentants de l'industrie alimentaire, du prêt-à-porter et du médicament a élevé une protestation solennelle auprès de l'émir de Dubaï. "Même pour exporter du riz ou d'autres produits permis par l'ONU, nous nous heurtons à toutes sortes d'obstacles", se sont-ils plaints.

Le vrai problème, c'est que la liste de ce qui est autorisé ou non n'est pas clairement définie. "Dans le flou, personne ne veut courir de risques pour ne pas subir de représailles, ce qui finit par paralyser les échanges avec l'Iran", souligne Tarik Yousef, le directeur de la Dubai School of Government.

C'est par le biais des lettres de crédit que le trafic entre Dubaï et l'Iran est rendu de plus en plus compliqué. Il n'y a pratiquement plus aucun établissement bancaire qui accepte d'émettre ces documents qui sont indispensables à toute transaction commerciale dès lors qu'il s'agit de la République islamique. Quant aux lettres de crédit émises par les filiales dubaïotes des banques iraniennes, elles sont désormais considérées comme sans valeur par les banques partenaires dans l'opération. C'est donc en cash et au comptant que se font les transactions, ce qui les rend risquées ou hors de prix voire impossibles.

Stratagèmes

Pour continuer leurs affaires, les Dubaïotes ont recours à toutes sortes de stratagèmes. Une partie de la marchandise part ainsi désormais de Charjah ou Rhas El Khaïma, deux petits émirats voisins où les douanes seraient moins tatillonnes. Elle peut aussi être expédiée dans un pays frontalier de l'Iran puis faire la dernière partie du chemin par voie terrestre...

Avec un banquier iranien installé à Dubaï, Franck Chomel, lui, a mis au point un système de paiement électronique, "Live Payment Gateway", reconnu par le réseau bancaire iranien. "C'est le premier système en ligne de conversion des rials en devises internationales. Les cartes bancaires iraniennes n'étant pas reconnues à l'étranger, les Iraniens n'ont que ce moyen de paiement en ligne", explique-t-il.

Aussi ingénieuses soient-elles, ces astuces pèsent toutefois de peu de poids sur l'asphyxie progressive de l'Iran. Certains en éprouvent un très vif ressentiment envers l'Occident. "Qu'on laisse Dubaï servir de cordon ombilical à l'Iran ! Car les sanctions frappent le peuple iranien, non ses dirigeants, s'indigne Sultan Sooud Al Qassemi, responsable d'une société de transport maritime. Commercer, c'est dialoguer et établir des ponts. Quel gâchis on commet avec l'Iran en affirmant vouloir son bien !"

jeudi, février 03, 2011

L’investissement en Iran : Un cadre général qui évolue vers une plus grande ouverture malgré des freins d'ordre politique


L’Iran est un important partenaire commercial de la France [lire +] mais les conditions politiques et économiques internes au pays rendent l’investissement très difficile [lire +]. L'Iran est ainsi loin d'attirer d'importants investissements étrangers du fait d'une part d'une législation encore trop restrictive, compte tenu notamment des procédures administratives lourdes imposées aux entreprises étrangères, et d'autre part, des facteurs politiques [lire +] qui freinent encore l'insertion de l'Iran dans l'économie internationale.
Depuis la Révolution islamique, l’embargo américain instauré en 1995, ainsi que la Loi d’Amato de novembre 1996, l’Iran se trouve très largement en marge des flux d’investissement étrangers. Le discours officiel a cependant évolué sous l’impulsion du Président Khatami et les autorités iraniennes cherchent maintenant à attirer les investissements étrangers sous leurs différentes formes (JV, BOT, etc.). Le décollage des IDE est en effet primordial pour le pays à un double titre : d’une part, le pays répondrait ainsi en partie au manque de financement interne, notamment dans le secteur pétrolier où le vieillissement des infrastructures limite la production, d’autre part, cela permettrait de desserrer la contrainte externe.
Les investissements directs étrangers (IDE) en Iran se heurtent à plusieurs obstacles, tant d'ordre interne (règles très restrictives, prépondérance de l'Etat dans l'économie, qu'il contrôle à hauteur de 85%) qu'externe (loi d'Amato interdisant, y compris pour les sociétés non-américaines, les investissements dans le secteur pétrolier ou parapétrolier au-delà de 20 M USD).

Dans ces conditions, les flux d'investissement direct étranger se trouvent fortement contraints. Même si l'évaluation de leur montant reste extrêmement aléatoire, le chiffre avancé par le FMI (international financial statistics) de 200 M USD pour 2002 (après 94 M USD en 2001 selon la même source) témoigne de cette faiblesse. Il est vrai cependant que les IDE stricto sensu ne reflètent pas la réalité des financements opérés en Iran par des sociétés étrangères, qui peuvent prendre par exemple la forme de contrats de buy-back, dont l'importance est considérable (ainsi les phases 2 et 3 de South Pars, financées pour 2 Mds USD par Total).

Une nouvelle loi sur les investissements étrangers, longtemps bloquée par les luttes d’influence qui opposent les Réformateurs et les Conservateurs, a été votée à l’été 2002. Elle offre, certes, quelques améliorations comme la possibilité pour une société étrangère de détenir 100% du capital d’une société iranienne ou la prise en compte dans le champ de la loi des buy-backs et les BOT mais elle maintient de fortes contraintes : les étrangers sont toujours exclus de l’amont pétrolier et gazier, les investissements doivent toujours faire l’objet d’une autorisation pour bénéficier de la nouvelle législation, l’exequatur des décisions arbitrales rendues à l’étranger est toujours soumis à l’approbation des autorités iraniennes pour les entités publiques, la rapatriation des dividendes, bien qu’autorisée, reste limitée par l’étroitesse du marché libre des devises ou la nécessité d’exportation.
La loi introduit même de nouvelles limites par des plafonds sectoriels limitant la présence étrangère et soumettant un peu plus l’investisseur étranger à l’appréciation des autorités iraniennes. Quant aux privatisations elles ont, pour l’instant, été menées de manière cosmétique, les entreprises « privatisées » passant le plus souvent du giron du ministère technique à celui du Fonds de la Sécurité Sociale.
Notons enfin une insuffisante protection des droits de propriété intellectuelle. L'Iran n'étant pas membre de l'OMC et donc n’ayant pas ratifié les accords TRIPS, le cadre juridique en matière de droit des affaires et de propriété reste relativement modeste ou peu efficace. L'isolement diplomatique est également un obstacle majeur pour l'examen de la demande d'adhésion de l'Iran à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'entrée de l'Iran dans l'OMC apporterait une série d'avantages : une réduction du tarif moyen, une élimination des quotats et des licenses d'importation, les compagnies étrangères pourront entrer dans les affaires de distribution (en permettant l'établissement d'entreprises à capitale 100 % étrangers dans les secteurs de la distribution, de ventes maritime et des services), une plus grande uniformité dans l'évaluation douanière, la moindre incertitude légale et la plus grande transparence, protection de la propriété intellectuelle et industrielle, etc.

Une présence française modeste : Les implantations capitalistiques françaises sont peu nombreuses (une douzaine) et datent en général de la période de l’Iran impérial. Elles n’ont souvent qu’une activité réduite et, en règle générale, la société française est minoritaire. Legrand et Seb ont cependant réussi à prendre le contrôle majoritaire de leur filiale iranienne au début des années 90. Depuis la Révolution, seules quelques opérations ont été réalisées pour des montants limités : Florimont Desprez pour la production de semences betteravières, Saunier Duval pour la fabrication de chaudières à gaz, Farminvest / Castel pour l’embouteillage d’eau minérale, Schneider pour l’assemblage local de commutateurs et de disjoncteurs pour basse et moyenne tension et TFE pour la production de lubrifiants. Enfin, Technip a acquis une participation minoritaire (20 %) dans la société d’ingénierie iranienne Nargan, son partenaire habituel sur les projets pétrochimiques iraniens.
Quelques investissements directs sont en cours de négociation dont certains très importants par leur montant. Les négociations se révèlent difficiles buttant souvent sur l’interprétation très étroite de la loi sur l’investissement étranger par les autorités iraniennes.
Au total, le stock d’investissement direct français en Iran est estimé à 20/25 M$. Ce chiffre ne comprend pas les contrats de buy-back dans le domaine pétrolier et gazier remportés par le groupe TotalFinaElf qui ne sont pas à proprement parler des investissements (même si les autorités iraniennes, pour étoffer les chiffres, les comptent comme des investissements) mais des contrats de service doublés d’une opération financière, aucun transfert de propriété n’ayant lieu.
L’accord d’encouragement et de protection réciproque des investissements, signé au mois de mai 2003 lors de la visite en Iran du Ministre Français délégué au Commerce Extérieur apporte, une fois ratifié, en juin 2004, certaines améliorations indéniables aux conditions d’investissement en Iran. Voir le site du Sénat.

Par ailleurs, des réserves peuvent subsister parmi les Etats qui ne reconnaissent pas le régime américain de sanctions extra-territoriales instauré par la loi d'Amato. Ainsi, les progrès de la négociation d'un accord de partenariat et de coopération entre l'Iran et l'Union européenne, qui a démarré en décembre 2002, sont étroitement liés à ceux du dialogue politique, notamment sur les questions de la prolifération nucléaire, des droits de l'homme, du terrorisme et du soutien au processus de paix au Proche-Orient.