jeudi, décembre 20, 2012

Les pétrodollars iraniens peuvent-ils sauver Petroplus ?



© AFP
- France24.com du 4 décembre 2012

Comme si le dossier de la reprise de la raffinerie de Petroplus n’était pas assez compliqué comme ça, une touche d’imbroglio géopolique vient de s’ajouter au tableau avec un potentiel repreneur iranien - la société de production et de raffinage Tadbir Energy - qui a remis, mardi 4 décembre, un dossier au tribunal de commerce de Rouen.

Cet intérêt pour le site normand en péril, d’abord révélé par Le Figaro, a pu être confirmé à FRANCE 24 de source syndicale. “Les représentants de Tadbir Energy se sont bien rendus au tribunal de commerce, mais on ne sait pas, à l’heure actuelle, s’il s’agit d’une offre ferme ou d’une lettre d’intention”, a expliqué à FRANCE 24 Laurent Patinier, délégué CFDT de l’intersyndicale en charge du dossier Petroplus.

En fait, Tadbir Energy, une filiale de la puissante et riche fondation caritative Imam Khomeiny, n’est pas un invité surprise de dernière minute. “La société s’est montrée intéressée depuis avril dernier et a déjà fait parvenir plusieurs lettres d’intention”, confirme Laurent Patinier. Dans une proposition que ce syndicaliste a pu consulter en novembre dernier, Tadbir Energy s’engageait à reprendre l’intégralité du site en conservant les 550 emplois de la raffinerie.

Si la présence d’un Iranien sur la liste des six repreneurs potentiels (dont l'irakien Jabs Gulf Energy Ltd et Alafandi Petroleum Group, un controversé groupe basé à Hong-Kong) de Petroplus peut surprendre au regard des sanctions économiques qui frappent la république islamique, elle n’est pas illégale. Tadbir Energy est, en effet, une entreprise privée qui n’apparaît pas sur les listes noires des groupes iraniens avec lesquels il est interdit de faire de affaires.

Intérêt économique limité

Seul hic, mais de taille : Tadbir Energy ne pourra pas, en cas de reprise de Petroplus, faire venir le pétrole iranien pour le faire raffiner en France. L'importation d’or noir iranien est en effet “interdit depuis le 1er juillet sur tout le territoire de l'Union européenne, en vertu d'un règlement adopté le 23 mars 2012 par le Conseil européen”, rappelle ainsi Le Figaro. Dans sa lettre d’intention de novembre, la société précisait d’ailleurs qu’elle ne comptait pas raffiner du brut iranien en Normandie.
Du coup, si Petroplus ne peut pas servir de débouché en Europe pour l’or noir perse, l’intérêt économique de la reprise du site peut paraître abscons. Tadbir sera obligée de traiter du pétrole livré par une autre entreprise. “Le raffinage n’est pas une activité très rentable car les marges sont assez faibles”, explique à FRANCE 24 Céline Antonin, spécialiste des questions d’énergie à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour cette spécialiste, économiquement, une telle reprise ne fait sens que si Tadbir Energy considère le site comme un investissement d’avenir. Petroplus pourrait devenir la première pépite européenne iranienne le jour où les sanctions deviendront moins contraignantes. D’autant plus que cette raffinerie est équipée pour traiter justement le type de pétrole extrait en Iran.

Paris plus “sanctionniste” que les États-Unis

Mais il n’y a pas que l’économie dans la vie. Avec l’Iran, la géopolitique n’est jamais très loin. “À mon sens, il s’agit plutôt d’un pavé dans la mare de la position française”, affirme à FRANCE 24 Bernard Hourcade, spécialiste de l’Iran et directeur de recherche émérite au CNRS. Depuis l’époque de Nicolas Sarkozy, Paris “est plus ‘sanctionniste’ que les États-Unis”, confirme-t-il. Pour lui, la démarche de Tadbir Energy permet à Téhéran de “pointer les contradictions des sanctions internationales en démontrant que les pétrodollars iraniens peuvent servir à sauver des emplois en France”.

Petroplus serait ainsi un pion dans le jeu diplomatique de l’Iran. Une offensive menée, en outre, à un moment charnière : “Depuis la réélection de Barack Obama, la position américaine s’est infléchie et Washington se montre désormais plus ouvert à un dialogue direct avec l’Iran”, relève encore Bernard Hourcade. Que l’offensive de Tadbir Energy aboutisse ou non, Téhéran espèrerait donc, au moins, faire bouger les lignes diplomatiques en France.

L’avenir des 550 salariés de Petroplus serait donc la nouvelle carte maîtresse de Téhéran ? Un rôle qui ne dérange pas Laurent Patinier. “Les questions géopolitiques m’intéressent beaucoup moins à l’heure actuelle que le maintien de l’emploi à Petroplus”, conclut ce syndicaliste.

Raffinerie de Petroplus : des Iraniens candidats à la reprise

Source : lefigaro.fr du 3 décembre 2012 Tadbir Energy, filiale de la fondation Imam Khomeiny, a déposé son offre ce mardi, pour reprendre la raffinerie de Petit-Couronne, menacée de liquidation après le dépôt de bilan de Petroplus. Une fois n’est pas coutume, un parfum de haute géopolitique embaumera l’audience du mardi 4 décembre 2012 du tribunal de commerce de Rouen. Consacrée au dossier de la raffinerie de Petit-Couronne, menacée de liquidation après le dépôt de bilan de Petroplus, elle entendra une offre de reprise pour le moins inattendue. Représentée par son directeur général et son directeur juridique, venus tout exprès de Téhéran, la société iranienne Tadbir Energy, grand exploitant et raffineur chez elle, filiale de la richissime fondation Imam Khomeiny, proposera une reprise de l’ensemble du site normand, avec garantie de maintien des 550 emplois concernés. L’intérêt des Perses d’avoir un débouché direct pour leur pétrole sur un bassin industriel aussi actif que l’Ile-de-France saute aux yeux, d’autant plus que la raffinerie de Petit-Couronne est configurée pour la viscosité du brut iranien. Mais il y a un tout petit problème : à titre de sanction, l’importation de pétrole iranien est interdite depuis le 1er juillet sur tout le territoire de l’Union européenne, en vertu d’un règlement adopté le 23 mars 2012 par le Conseil européen… Les Iraniens font-ils le pari qu’un accord politique sera trouvé sur le nucléaire entre leur gouvernement et les Occidentaux dans le courant de l’année 2013 ? Ont-ils des informations sur un possible arrangement entre Washington, Téhéran et Vienne (siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique) ? Ou la société Tadbir cherche-t-elle seulement à bien placer son argent ? Hors de la liste noire Son projet industriel est d’autant plus paradoxal que, depuis la présidence Sarkozy, la France est plus royaliste que le roi (américain) sur le dossier nucléaire iranien. Paris est toujours le premier à vouloir durcir le bras de fer avec Téhéran. Tadbir n’a-t-il pas peur que le tribunal, sur un tel sujet géopolitique, se range à l’avis forcément négatif du Quai d’Orsay ? « Il ne s’agit pas de géopolitique, mais d’industrie ! », tempête Xavier Houzel, le mandataire français de Tadbir. « Si Tadbir avait le moindre rapport avec le nucléaire, elle serait sur la liste. Or elle n’y est pas ! » Le Conseil européen a rédigé une liste noire d’entreprises iraniennes interdites de business sur le sol européen. Mais au cas où le tribunal, dans un accès d’indépendance, retiendrait la proposition iranienne surgirait immédiatement un autre obstacle : Shell. Sur pression du gouvernement Fillon, la major avait accepté de fournir du pétrole à l’exploitation de la raffinerie, jusqu’au 15 décembre 2012. Acceptera-t-elle de poursuivre encore six mois pour les beaux yeux des Iraniens (de manière à permettre à Tadbir de procéder à un état des lieux et de préparer un « grand arrêt », sorte de rénovation générale) ? La multinationale anglo-hollandaise ne craindra-t-elle pas de devenir immédiatement la cible des puissants lobbies anti-iraniens aux États-Unis ? En fait, c’est avec les administrateurs judiciaires que traiterait Shell et non avec le « diable » iranien. En tout état de cause, le choix du repreneur - ou la liquidation - doit être prononcé par le tribunal le 5 février 2013. Le feuilleton, animé ces derniers jours par les allers-retours de l’hypothèse d’une candidature libyenne, se pimente…

lundi, novembre 19, 2012

L'Iran, marché de plus en plus délicat pour les industriels français

L'Iran, marché de plus en plus délicat pour les industriels français

Publié le 

L'Union européenne a interdit aux institutions iraniennes l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift. Une décision qui  paralyse une bonne partie des importations et des exportations. Premières touchées, l'industrie automobile et les équipementiers agroalimentaires.
La pression monte sur PSA. L'association américaine UANI (United against nuclear Iran) a appelé General Motors à peser sur Peugeot PSA Citröen pour que celui-ci mette fin à ses activités en Iran. "En tant que partenaire et désormais détenteur officiel d'une part dans Peugeot, GPM doit à ses investisseurs et clients de forcer Peugeot à mettre fin à ses activités en Iran", explique Mark Wallace, directeur de l'UANI.
En réponse GM, indique que la production est pour l'instant suspendue. Des mesures de chômage technique ont en effet été prise dans l'atelier de l'usine de Vesoul qui produit des kits de pièces à destination de l'Iran. "De source interne, on apprend qu'ils n'ont pas une telle situation depuis 1991", explique Florent Couvreur, analyste chez CM CIC Securities.
L'activisme côté américain est une mauvaise nouvelle pour la marque au Lion, qui pâtit déjà du regain de tension entre l'Union européenne et l'Iran. La décision prise par l'Union européenne, début janvier, d'interdire aux institutions iraniennes l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift, et paralyse une bonne partie des importations et des exportations.
Présent dans le pays depuis 1978, PSA y expédie chaque année 300 000 à 400 000 kits à son partenaire local Iran Khodro (IKCO), qui assemble ensuite sous licence des 206 et des 405. Comme les transactions financières vers l'étranger sont réduites a minima les entreprises iraniennes comme Iran Khodro ne peuvent plus régler leurs achats. L'enjeu n'est pas mince : le marché iranien représente 2% du chiffre d'affaires de la division automobile du constructeur français, soit environ 120 millions d'euros selon nos sources. A Vesoul un nouveau comité d'entreprise est prévu ce vendredi.
"En 2011, le marché iranien représentait 1,6 millions de véhicules, note un opérateur de la filière automobile française. La situation n'est pas simple, notamment pour les équipementiers et certains industriels ont déjà quitté le pays…" Selon Florent Couvreur, les ventes de Renault auraient doublé, passant de 20 000 véhicules sur les deux premiers mois de l'année contre 9 000 l'année dernière.
Par rapport à PSA, Renault possède l'avantage de disposer d'une usine sur place, qui assemble notamment des Logan. Si les débuts de ses activités ont été compliqués et que les relations avec le gouvernement iranien ne sont pas simple, le groupe y produirait environ 90 000 véhicules par an. Loin des 400 000 véhicules initialement prévus quand le groupe a attaqué ce marché. L'Iran est tout de même devenu le quatrième marché pour la gamme low-cost du constructeur, et le dixième marché du constructeur en volumes (93 578 véhicules vendus en 2011).

UN ENJEU POUR LES GRANDS DE L'AGROALIMENTAIRE
Les difficultés des opérateurs français pourraient bénéficier à la concurrence : "Kia est un gros concurrent sur place et les Coréens sont mieux perçus que les Français, note un observateur du marché. Et ils ne sont pas assujettis aux sanctions européennes. Au final, les Coréens, les Chinois risquent d'emporter le marché".
Les constructeurs auto ne sont pas les seuls touchés. La filière agroalimentaire s'intéresse également à L'Iran. "C'est un gros marché qui a eu une période faste. Avec 90 millions d'habitants, c'est deux fois l'Arabie Saoudite", explique Florian de Saint-Vincent, responsable de la zone Afrique, Proche et Moyen-Orient à l'Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires), qui aide les entreprises françaises à l'export.
La distribution occidentale, par exemple Carrefour, s'y est implantée il y a quelques années notamment dans la région de Téhéran. Pour les grands de l'agroalimentaire, le marché iranien est un enjeu: Danone est présent sur le marché avec un partenaire sur les produits laitiers, Sahar, et a ouvert une usine en 2011. Il est également présent sur l'eau avec la marque Damavand, produite localement, et sur la nutrition infantile. Bel y vend des produits, et Lactalis, bien implanté dans la zone, regarde avec attention.
"Une industrie agroalimentaire locale s'est également développée avec un outil de production de qualité", poursuit Florian de Saint-Vincent. Les besoins sont importants, notamment pour l'industrie laitière, les boissons et le secteur de l'emballage. Il y a des marchés à prendre pour les équipementiers français. "Depuis l'embargo, la position s'est durcie. Il est difficile pour les opérateurs d'être payés. Il y a encore des affaires qui se font, surtout pour les industriels qui ont des représentations dans le pays, soit des bureaux commerciaux, des agents ou des partenaires. Aujourd'hui, on ne peut quasiment plus rien faire sur ce marché sans ancrage local", explique le responsable de l'Adepta.
Du coup, la filière est en veille. Comme tous les ans, l'Adepta emmène une délégation d'industriels au salon "food + bev" à Téhéran du 27 au 30 mai. Cette année, ils seront en formation réduite… "Aux industriels qui ont parfois dix à quinze ans de prospection derrière eux, nous conseillons de rester présents en veille afin de remettre le paquet le jour où il le faudra". En attendant, les sanctions font les affaires des équipementiers turques, qui accèdent plus facilement au marché.

Par Pauline Ducamp et Patrick Déniel

Source : Usine Nouvelle, AFP

vendredi, août 17, 2012

Areva : vers une entrée au capital du Qatar ?


Elisabeth Studer - leblogfinance.com



Discussions soutenues autour d’Areva et du Qatar pour une participation dans le groupe nucléaire civil français.

C’est en effet ce qu’a déclaré samedi dans un entretien au Figaro le Premier ministre qatari Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr al-Thani. Peut-être une « élégante » manière de régler le différend qui oppose la France, Areva et l’Iran – pays voisin et associé  du Qatar - depuis de nombreuses années, sous fond de financement par Téhéran du site du Tricastin (Eurodif/Sofidif) et de livraison d’uranium enrichi.
 - Le Qatar  en pourparlers avec Areva
« Nous sommes notamment en discussions pour entrer au capital d’Areva. Pour l’instant, nous en sommes toujours au stade des pourparlers », a déclaré ainsi le Premier ministre. Lequel a par ailleurs déclaré que le Qatar et la France devraient signer « plusieurs accords » à  l’occasion du 5e Forum pour l’investissement dédié à la région, lequel doit se tenir à  Paris les 25 et 26 mars.
« Nous sommes ouverts à tout investissement qui pourrait apporter un bénéfice aux deux parties. Nous avons déjà  investi beaucoup en Europe dans les domaines financier, industriel et même agricole et nous sommes prêts à  envisager d’autres initiatives » a poursuivi Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr al-Thani.
-  Areva pour une ouverture du capital
Rappelons qu’en juin 2009, le gouvernement français avait décidé l’ouverture du capital du groupe nucléaire Areva à  hauteur de 15%. En janvier 2010, Anne Lauvergeon, la présidente du groupe français avait confirmé que « plusieurs investisseurs », dont des étrangers, avaient été sélectionnés pour prendre part aux discussions.
Parmi ces derniers pourraient figurer outre le fonds souverain du Qatar, le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ou le fonds souverain du Koweï.
-  Partenariats financiers avec des pays tiers … dont l’Iran ?
Mais le Premier ministre a également laissé entendre que des partenariats financiers franco-qatariens pour investir ensemble dans les pays tiers pourraient être envisagés … laissant la porte ouverte au partenariat croisé … avec l’Iran ?
Précisons à  cet égard que le ministère français des Affaires étrangères a indiqué vendredi que la France discutait avec la Russie de la construction par Moscou de la centrale nucléaire de Bouchehr, dans le sud de l’Iran.
« La mise en oeuvre de ce projet soulève des questions que ses partenaires abordent avec la Russie dans le cadre du dialogue que les uns et les autres ont avec ce pays. On en discute avec eux », a ainsi affirmé le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero. Se refusant à  tout détail sur le contenu précis de cette discussion.
« La Russie s’est engagée à livrer le combustible pour cette centrale qui sera la seule en activité en Iran. Cette centrale ne peut donc être d’aucune manière une justification aux activités l’enrichissement que conduit l’Iran », a fait valoir Bernard Valero.
- Et l’on reparle d’Eurodif
Dans une interview accordée à  l’Express en novembre 2009, le directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei avait tenu quant à  lui à  rapporter les propos tenus par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, lors de sa visite à Téhéran.
Indiquant ainsi que le dirigeant iranien avait alors souligné que son pays avait déjà  eu une mauvaise expérience avec la France, laquelle n’avait pas honoré, après la révolution islamique, des livraisons d’uranium enrichi pourtant contractualisées. Allusion à peine voilée au contentieux Eurodif …
Rappelons qu’en mars 2007, soit avant les élections présidentielles, Roland Dumas s’était rendu à  Téhéran, pour s’entretenir avec des dignitaires du régime sur le dossier du nucléaire iranien. 
Présenté par la presse iranienne comme un "envoyé spécial français", l’ancien ministre des Affaires étrangères n’était pas mandaté par Paris, le Quai d’Orsay évoquant un « déplacement privé».
Roland Dumas répondait à  une invitation d’Ali Akbar Velayati, le conseiller diplomatique d’Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique. « Velayati est très proche de Khamenei. Nous nous sommes connus lorsque j’ai réglé avec lui le contentieux Eurodif et l’affaire des otages au Liban », rappellait Roland Dumas.
Ali Akbar Velayati s’activait alors sur la scène internationale, défendant un « paquet de propositions« . Parmi elles, figurait en bonne place l’idée de confier à  un consortium international géré par les Européens le traitement de l’uranium sur le sol iranien. Scénario envisageable : relancer, via Eurodif, la coopération franco-iranienne qui avait notamment abouti à la construction du réacteur nucléaire à usage civil de Darakhoin, près d’Ahwaz.
- Quand l’Iran  finançait le nucléaire français …
Pour rappel, Eurodif est un Consortium propriétaire d’une usine d’enrichissement de l’uranium implantée dans le site nucléaire du Tricastin à Pierrelatte dans la Drôme, et exploitée par une filiale de Areva NC, Eurodif SA. Cette coentreprise a été créée en 1973 entre 5 pays : la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Suède.
En 1975, la part suédoise de 10% dans Eurodif était parvenue à  l’Iran à  la suite d’un accord franco-iranien. La société française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien fondent alors la Sofidif (Société franco-iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60% et 40% des parts. En retour, la Sofidif acquiert une part de 25% dans Eurodif, donnant à l’Iran une part de 10% dans Eurodif. Le Shah d’Iran prête alors un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l’usine Eurodif, en vue d’obtenir l’autorisation d’acheter 10% de la production d’uranium enrichi du site. Suite à  la révolution islamique de 1979, l’Iran suspend ses paiements et réclame le remboursement du prêt en faisant pression sur la France.
En avril 1979, le premier ministre Raymond Barre inaugure l’usine d’Eurodif. Dans le même temps, l’Ayatollah Khomeiny rompt le contrat de fourniture de centrales nucléaires passé avec la France. Mais il confirme l’actionnariat dans Eurodif de l’Iran qui possède toujours alors 10% des parts de cette usine. La France refuse de laisser l’Iran exercer son statut d’actionnaire d’Eurodif.
En 1981, après la mise en service de l’usine Eurodif, l’Iran réclame 10% de la production d’uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit, ce que la France refuse. De 1981 à  1991, le régime des iranien est soupçonné d’avoir perpétré plusieurs attentats meurtriers, assassinats et prises d’otages.
Le 17 novembre 1986, après plusieurs attentats meurtriers à  Paris, et l’enlèvement de journalistes français (Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, …) retenus en otage au Liban par des groupes liés à  l’Iran, la France rembourse 330 millions de dollars, mais refuse de fournir toute livraison d’uranium enrichi. Le même jour se produit l’assassinat de Georges Besse, le fondateur d’Eurodif. En décembre 1987 a lieu un 2e versement officiel de 330 millions de dollars par la France à l’Iran.
Le 6 mai 1988, entre les deux tours de l’élection présidentielle, les otages français sont libérés. Le premier ministre Jacques Chirac assure dans un accord avec l’Iran des « garanties politiques sur l’octroi sans restrictions par le gouvernement français de licence d’exportation d’uranium enrichi » et le rétablissement du statut d’actionnaire de l’Iran dans Eurodif sous la condition du retour des derniers otages du Liban.
En septembre 1989, le président François Mitterrand confie à  François Scheer la formalisation d’un accord définitif de règlement du contentieux franco-iranien. Finalement un accord est trouvé en 1991 : la France remboursa plus de 1,6 milliard de dollars. L’Iran est rétabli dans son statut d’actionnaire d’Eurodif via un consortium franco-iranien nommé Sofidif, avec le droit de prélever 10 % de l’uranium enrichi à des fins civiles.
- Qatar et Iran partenaire  dans  le gaz et le pétrole
Mais quid du Qatar dans toute cette histoire me direz-vous ? Précisons que le Qatar partage avec l’Iran l’un des plus grands champs gaziers du monde , Pars South dont les majors pétrolières se disputent les concessions. Le pétrole et le gaz  pourraient bien être encore une fois le nerf de la guerre … désormais « assortis » de l’uranium …
Sources : AFP, Le Parisien, Le Figaro

Qatar : une boulimie d’achat liée aux contrats entre France et Iran ?


A l’heure où le Qatar  prend des participations de plus en plus importantes au sein de sociétés françaises, on est en droit de s’interroger sur ce que certains seraient tentés d’appeler une boulimie d’achats.
Alors, reprenons, en commençant par le commencement, tout en restant factuel, bien évidemment.
Rappelons qu’en mars 2007, soit quelques semaine avant les élections présidentielles, Roland Dumas s’était rendu à Téhéran, pour s’entretenir avec des dignitaires du régime sur le dossier du nucléaire iranien . Présenté par la presse iranienne comme un « envoyé spécial français », l’ancien ministre des Affaires étrangères n’était pas mandaté par Paris, le Quai d’Orsay évoquant un « déplacement privé ». Mais de quoi s’agissait-il ?
Roland Dumas répondait à une invitation d’Ali Akbar Velayati, le conseiller diplomatique d’Ali Khamenei, guide suprême de la république islamique. « Velayati est très proche de Khamenei. Nous nous sommes connus lorsque j’ai réglé avec lui l
et l’affaire des otages au Liban », rappelait ainsi Roland Dumas.
Quel joli préambule pour signifier que l’objectif de l’entrevue était très certainement de discuter de cet épineux dossier. Ali Akbar Velayati s’activait alors sur la scène internationale, défendant selon Roland Dumas, un « paquet de propositions ». Parmi elles, figurait en bonne place l’idée de confier à un consortium international géré par les Européens le traitement de l’uranium  sur le sol iranien. Scénario envisageable : relancer, via Eurodif,  la coopération franco-iranienne qui avait notamment abouti à la construction du réacteur nucléaire à usage civil de Darakhoin, près d’Ahwaz.
Pour rappel, Eurodif est un Consortium propriétaire d’une usine d’enrichissement de l’uranium implantée dans le site nucléaire du Tricastin à Pierrelatte dans la Drôme, et exploitée par une filiale de Areva NC, Eurodif SA. Cette coentreprise a été créée en 1973 entre 5 pays : la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Suède.
L’uranium enrichi produit par Eurodif alimente environ 90 réacteurs à eau pressurisée, la filière nucléaire la plus largement répandue dans le monde, dont 58 réacteurs français. L’usine produit à elle seule 25% de la consommation mondiale d’uranium enrichi. Eurodif SA compte parmi ses clients EDF et plus de 30 compagnies d’électricité.
En 1975, la part suédoise de 10% dans Eurodif était parvenue à l’Iran à la suite d’un accord franco-iranien. La société française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien fondent alors la Sofidif (Société franco-iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60% et 40% des parts.
En retour, la Sofidif acquiert une part de 25% dans Eurodif, donnant à l’Iran  une part de 10% dans Eurodif. Le Shah d’Iran prête alors un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l’usine Eurodif, en vue d’obtenir l’autorisation d’acheter 10% de la production d’uranium enrichi du site.
Mais … suite à la révolution islamique de 1979, l’Iran suspend ses paiements et réclame le remboursement du prêt en faisant pression sur la France.
En avril 1979, le premier ministre Raymond Barre inaugure l’usine d’Eurodif. Dans le même temps, l’Ayatollah Khomeiny rompt le contrat de fourniture de centrales nucléaires passé avec la France. Mais il confirme l’actionnariat dans Eurodif de l’Iran qui possède toujours alors 10% des parts de cette usine. La France refuse de laisser l’Iran exercer son statut d’actionnaire d’Eurodif.
En 1981, après la mise en service de l’usine Eurodif, l’Iran réclame 10% de la production d’uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit, ce que la France refuse. De 1981 à 1991, le régime des mollahs est soupçonné d’avoir perpétré plusieurs attentats meurtriers, assassinats et prises d’otages.
Le 17 novembre 1986, après plusieurs attentats meurtriers à Paris, et l’enlèvement de journalistes français (Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, …) retenus en otage au Liban par des groupes liés à l’Iran, la France rembourse 330 millions de dollars, mais refuse de fournir toute livraison d’uranium enrichi. Le même jour se produit l’assassinat de Georges Besse, le fondateur d’Eurodif.
En décembre 1987 a lieu un 2e versement officiel de 330 millions de dollars par la France à l’Iran.
Le 6 mai 1988, entre les deux tours de l’élection présidentielle, les otages français sont libérés. Le premier ministre Jacques Chirac assure dans un accord avec l’Iran des «garanties politiques sur l’octroi sans restrictions par le gouvernement français de licence d’exportation d’uranium enrichi » et le rétablissement du statut d’actionnaire de l’Iran dans Eurodif sous la condition du retour des derniers otages du Liban.
En septembre 1989, le président François Mitterrand confie à François Scheer la formalisation d’un accord définitif de règlement du contentieux franco-iranien. Finalement un accord est trouvé en 1991 : la France remboursa plus de 1,6 milliard de dollars. L’Iran est rétabli dans son statut d’actionnaire d’Eurodif via un consortium franco-iranien nommé Sofidif, avec le droit de prélever 10 % de l’uranium enrichi à des fins civiles.
Mais, en janvier 2009, le Times affirmait pour sa part que six pays occidentaux - la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Australie et le Canada – avaient d’ores et déjà commencé à faire pression sur des pays producteurs d’uranium pour qu’ils ne fournissent pas l’Iran. Parmi ces pays figurent le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, mais aussi la République démocratique du Congo, le Niger ou le Brésil.
Mais que vient faire le Qatar là dedans ,? me direz-vous.
Et c’est là qu’une relation triangulaire commence …
Précisons en effet que l’Iran et le Qatar détiennent en commun des immenses champs gaziers offshore : Pars South ou Pars Sud.
Pour rappel, le gisement de gaz de South Pars est situé dans la partie centrale du golfe Persique à 100 km des côtes iraniennes et ses réserves sont estimées à  12 600 milliards de mètres cubes de gaz.
Aprè¨s la Russie, l’Iran possède les gisements de gaz les plus importants du monde qui sont estimés à  24 000 milliards de mètres cubes, soit 16% des réserves mondiales. Près de la moitié des réserves iraniennes sont concentrées dans des gisements offshores du golfe Persique.
En résumé : Iran et France, n’en déplaisent à certains, sont liés par un contrat, tandis que Qatar et Iran sont liés entre eux via des contrats de participation au sein de Pars South, dont les majors pétrolières se disputent lles concessions, même  s’il n’est pas politiquement correct de  traiter avec Téhéran.
Qatar et France étant liés quant à eux au sein de contrats de participation dans les plus grands groupes nationaux de l’Hexagone.
Or, rappelons-le, la France ne semble pas vouloir honorer ses engagements contractuels envers l’Iran.
Alors, afin d’obtenir gain de cause … ou tout simplement le respect des contrats passés, Téhéran souhaiterait-il tirer partie à sa manière de la relation triangulaire entre France-Qatar et Iran ?
Et au final, se servir du Qatar pour obtenir gain de cause et surtout le respect des engagements contractuels de la France envers l’Iran ? Qui sait …

Les Iraniens ne peuvent pas ouvrir de comptes en Arménie



Selon des citoyens Arméniens des deux pays du Moyen-Orient qui vivent à Erevan, les banques commerciales de l’Arménie ont refusé d’ouvrir des comptes pour les citoyens de l’Iran et de la Syrie.

Komitas Mirijanian et sa famille font partie des centaines d’Arméniens syriens qui ont déménagé en Arménie cette année pour fuir la violence en Syrie. Ils ont vendu leur maison et d’autres biens en Syrie et prévoyaient de déposer les bénéfices dans une banque arménienne en mai dernier. K. Mirijanian a affirmé que les banques locales de la HSBC et la Banque libanaise Byblos, ont refusé de lui ouvrir un compte. « Ils n’ont donné aucune raison », a-t-il déclaré à RFE / RL(Azatutyun.am). « Ils ont juste dit qu’ils ne peuvent pas ouvrir un compte maintenant. »

K. Mirijanian doit transférer l’argent sur un compte bancaire d’un ami basé à Erevan, qui est un citoyen iranien né arménien. « L’argent est désormais sous son nom », a-t-il dit. Artin Arakelian, un Arménien iranien qui a déménagé en Arménie il y a plusieurs années, a été victime d’un refus similaire. Pour lui, ce refus constitue un obstacle sérieux pour le transfert de capitaux des Arméniens iranien et syrien en particulier.«  Ils ont maintenant des problèmes des deux côtés : en Arménie et en Syrie », a-t-il dit. D’après lui, «  Le problème est que le système bancaire arménien n’est pas autorisé à ouvrir des comptes aux citoyens syriens ».

La banque HSBC a reconnu de graves restrictions concernant les clients syrien et iranien. Elle affirme se conformer non seulement à la législation arménienne, mais aussi aux sanctions internationales contre la Syrie et l’Iran.

Dans un communiqué envoyé à RFE / RL, la banque britannique a indiqué qu’elle peut refuser d’ouvrir un compte si les clients syriens ne parviennent pas à fournir des informations détaillées concernant l’origine de leurs dépôts.

La filiale du Groupe HSBC a également précisé qu’elle ouvre des comptes pour les seuls citoyens iraniens qui résident légalement dans un pays autre que l’Iran. Elle attribue cette restriction aux sanctions internationales contre la République islamique.

La Banque Centrale d’Arménie (CBA), quant à elle, a insisté sur le fait que la législation arménienne bancaire n’impose aucune restriction sur les banques commerciales locales. Pourtant, les banques sont soumises à des restrictions découlant d’une loi arménienne visant à prévenir le financement du terrorisme international. L’Arménie a promulgué la loi après les attentats de septembre 2001 aux États-Unis dans le cadre de ses engagements à coopérer avec Washington dans la lutte contre la circulation transfrontalière de l’argent à des groupes terroristes anti-occidentaux. L’Iran et la Syrie ont longtemps été accusés par les Etats-Unis de financer le terrorisme international.

Bagrat Asatrian, un ancien gouverneur de l’ABC, a affirmé que c’est la raison pour laquelle les Arméniens de ces Etats ont du mal à ouvrir des comptes bancaires. « Les banques souhaitent tout simplement éviter les ennuis », a-t-il déclaré à RFE / RL (Azatutyun.am).

Asatrian a critiqué cette politique, affirmant que les autorités d’Erevan devrait intervenir pour permettre aux Arméniens de la diaspora de conserver leur épargne. « Nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle », a ajouté Asatrian. « Les vies et les propriétés de certains de nos compatriotes sont en danger, et il incombe à nos autorités de faire quelque chose à ce sujet. »
vendredi 17 août 2012,
Laetitia ©armenews.com

La banque britannique Standard Chartered paye 340 millions d'amende


La banque britannique, accusée de transactions illicites avec l'Iran, préfère s'acquitter d'une lourde amende plutôt que de perdre le droit d'exercer son activité aux Etats-Unis.

Standard Chartered veut aboutir à un accord avec d'autres autorités américaines après avoir convenu mardi de débourser 340 millions de dollars (276 millions d'euros) pour mettre fin aux poursuites du département des services financiers (DFS) de l'Etat de New York dans une affaire de transactions occultes présumées avec l'Iran.

La banque britannique Standard Chartered va s'acquitter d'une lourde amende de 340 millions de dollars auprès de l'Etat de New York, qui l'accusait de milliards de dollars de transactions illicites avec l'Iran et menaçait de lui interdire d'exercer à Wall Street.

"La banque va payer une amende de 340 millions de dollars au département des services financiers (DFS) de l'Etat de New York" pour éviter d'être sanctionnée, indique l'Etat de New York dans un communiqué détaillant son accord amiable avec l'établissement.

Le DFS, une autorité de régulation de New York, avait rendu publique le 6 août une assignation à comparaître visant Standard Chartered et l'accusant d'avoir mené pour 250 milliards de transactions illicites avec l'Iran.

Le DFS accusait notamment la banque, dont l'essentiel des activités se situe en Asie, d'avoir perçu "des centaines de millions de dollars de commissions (...) pendant au moins dix ans" et exposé le système financier américain "aux terroristes, trafiquants d'armes, trafiquants de drogue et régimes corrompus".


Standard Chartered contestait fermement ces accusations, affirmant que les transactions illégales avec l'Iran représentaient "moins de 14 millions de dollars", qu'aucun paiement incriminé n'était lié à une entité désignée comme terroriste au moment des faits et qu'elle avait cessé toute "nouvelle activité" avec des clients iraniens "il y a plus de cinq ans".

Des enjeux énormes

Les enjeux étaient toutefois énormes pour la banque, qui risquait de se voir interdire d'exercer sur l'une des plus grosses plateformes financières du monde.

Le patron de la banque Peter Sands a donc pris lui-même les choses en main pour résoudre au plus vite ce litige aux conséquences potentiellement désastreuses et se trouvait mardi 14 août à New York pour négocier directement avec les autorités. Une audition devait avoir lieu mercredi au DFS et a été ajournée à la suite de l'accord annoncé.

Les problèmes de Standard Chartered ne sont pas finis pour autant car, avant même l'entrée en scène des autorités new-yorkaises, le Trésor, le Departement de la Justice (DoJ) et la banque centrale (Fed) menaient déjà une enquête sur de possibles activités illégales de la banque dépassant le cadre de l'Iran et liées à d'autres pays sous le coup de sanctions des Etats-Unis.

Le Trésor a indiqué mardi 14 août à l'AFP que son enquête continuait et qu'il allait "poursuivre son travail avec ses partenaires (...) afin de demander des comptes à Standard Chartered si des agissements coupables ont été commis".

Le DoJ continue à travailler avec les autres régulateurs pour déterminer si d'autres actions pourraient s'avérer "appropriées", selon un porte-parole. La Fed envisage elle "une solution globale" à cette affaire, a ajouté un représentant de la Banque centrale américaine.

Standard Chartered s'est contentée dans un bref communiqué d'indiquer qu'elle "continuait à échanger de façon constructive avec les autres autorités américaines concernées".

"La sanction aurait dû être plus forte"

Selon les termes de l'accord avec l'Etat de New York, la banque devra accueillir dans ses bureaux à New York du personnel du DFS pendant au moins deux ans et affecter du personnel à la surveillance, la détection et la prévention de possibles activités de blanchiment.


L'association United Against a Nuclear Iran (Unis contre l'Iran nucléaire), qui prône des sanctions contre ce pays et dénonce les institutions qui font commerce avec lui, a "applaudi" les autorités de l'Etat de New York tout en jugeant que "la sanction aurait dû être plus forte".



Callenge.fr, 16-08-2012 à 08h53

mardi, janvier 24, 2012

Nouvelles sanctions européennes contre l'Iran : l'étau financier se resserre

Les sanctions spectaculaires décidées lundi par l'Union européenne contre l'Iran devraient resserrer l'étau financier occidental visant à convaincre Téhéran d'abandonner son programme nucléaire controversé, selon plusieurs analystes.

Les deux mesures phares de ces nouvelles sanctions, un double embargo sur le pétrole et la banque centrale iranienne, vont compliquer les choses pour Téhéran mais ne changent pas fondamentalement la situation à laquelle l'Iran est confronté depuis les sanctions financières prises en 2010 par les Occidentaux, estime un analyste économique européen à Téhéran.

Téhéran, qui ne vend que 20% de son pétrole à l'Europe, a immédiatement affirmé que l'embargo pétrolier n'aurait aucun effet sur ses exportations de brut alors que la forte demande mondiale lui permet de vendre son pétrole à n'importe quel pays du monde, ainsi que l'ont souligné plusieurs responsables iraniens.

D'autant que ses principaux clients, la Chine, l'Inde et le Japon, ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention de se joindre à l'embargo occidental en dépit des pressions de Washington, ce qui limite l'impact de la décision européenne, souligne un expert pétrolier occidental.

Téhéran a toutefois lancé un avertissement à l'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, contre toute augmentation de production visant à compenser le brut iranien vendu à l'Europe, ce qui est le signe malgré tout d'une certaine nervosité iranienne sur cette question, nuance un diplomate européen.

De même, l'embargo européen sur tous les produits pétroliers ne devrait guère gêner l'Iran, qui est désormais pratiquement autosuffisant dans tous les domaines, y compris pour ses besoins en essence, et est même exportateur de produits pétrochimiques, estiment les experts.

L'impact principal des sanctions occidentales pour assécher les ressources financières de l'Iran et désorganiser son économie est plutôt à attendre du renforcement du blocus bancaire instauré en 2010, selon plusieurs diplomates et analystes économiques à Téhéran.

Ce blocus a non seulement ralenti et renchéri les importations iraniennes, mais il a considérablement compliqué le rapatriement par Téhéran des quelque 100 milliards de dollars que lui ont rapporté ses exportations pétrolières en 2011, créant une pénurie de devises qui a désormais des effets visibles sur l'économie.

Incapable de continuer à soutenir sa monnaie, le rial, fortement surévalué depuis des années, la Banque centrale a supprimé la semaine dernière le marché libre des devises et mis en place deux taux administrés pour les entreprises et les particuliers, créant immédiatement un important marché noir.

Elle a également drastiquement limité les montants de devises allouées aux particuliers --1.000 dollars seulement par an et par personne pour les seuls voyageurs se rendant à l'étranger-- tandis que les entreprises importatrices font face pour leur part à de nouvelles restrictions, selon des témoignages concordants recueillis par l'AFP.

La Banque centrale n'a plus de devises à nous fournir, ce qui perturbe fortement nos importations, constate le représentant de la filiale iranienne d'un grand groupe européen.

Les nouvelles sanctions occidentales contre la Banque centrale, qui n'a plus d'avoirs en Europe depuis longtemps, vont surtout resserrer encore l'étau financier sur l'Iran, selon un économiste iranien qui souhaite conserver l'anonymat.

Cela va accroître les risques d'une désorganisation de l'économie, et retreindre encore la capacité d'investissement de l'Iran, déjà fortement entamée, pour développer ses ressources pétrolières et gazières, ajoute-il.


(©AFP / 24 janvier 2012 13h57)

la banque Tejarat sanctionnée

La banque iranienne Tejarat, troisième banque d'Iran, compte parmi les sociétés sanctionnées par l'Union européenne, a indiqué mardi le Journal officiel de l'UE qui publie la liste intégrale des nouvelles entités et des individus sanctionnés pour leur soutien au programme nucléaire controversé de l'Iran. Les Etats-Unis avaient déjà ajouté lundi cette banque sur leur liste noire.

La banque Tejarat, qui appartient à l'Etat iranien, "a directement facilité les efforts nucléaires de l'Iran", affirme le Journal officiel de l'UE. "En 2011, elle a permis que des dizaines de millions de dollars circulent pour appuyer les tentatives déployées par l'Organisation iranienne de l'énergie atomique pour se procurer du 'yellow cake' (concentré d'uranium, ndlr)", note ainsi le J.O. L'UE estime que la banque, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, gère les programmes de production de matière fissile. En vertu des sanctions, les actifs de la banque Tejarat en Europe sont gelés.

11 banques sur la liste de l'UE

Comme prévu, la Banque centrale iranienne est également sanctionnée. Au total 11 banques et sociétés figurent sur la liste de l'UE. Parmi ces autres sociétés sanctionnées par l'UE figurent plusieurs compagnies iraniennes de transport maritime dont deux ont leur siège dans un pays de l'UE: Hanseatic Trade Trust & Shipping à Hambourg (Allemagne) et BIIS Maritime Limited à La Valette (Malte). Ces deux sociétés appartiennent ou sont contrôlées de fait par l'Iran, a indiqué le J.O.

L'UE a également décidé de sanctionner trois nouveaux responsables du corps des Gardiens de la Révolution dont leur commandant en second et chef du bureau politique, Ali Ashraf Nouri, en gelant leurs avoirs et les privant de visa.

Les pays de l'Union européenne ont décidé lundi d'imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent sur les exportations de brut de l'Iran et de sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire controversé, des décisions "vouées à l'échec" selon Téhéran.

Source : le Figaro.com