mardi, septembre 29, 2009

Le n°1 des télécoms en Iran cédé aux Gardiens de la révolution

REUTERS | 27.09.2009

TEHERAN (Reuters) - Un groupe d'investisseurs affilié aux Gardiens de la révolution, force d'élite du régime iranien, a pris le contrôle de l'opérateur public de télécommunications en rachetant 50% du capital plus une action pour l'équivalent d'environ 5,3 milliards d'euros, rapporte dimanche la presse iranienne.

Cette opération confirme l'influence croissante des Gardiens en Iran depuis l'élection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, lui-même ancien membre de cette formation, en 2005.

L'agence de presse semi-officielle Mehr, citant un responsable de l'organisme public chargé des privatisations, précise qu'il s'agit de la plus importante transaction boursière jamais réalisée depuis la création de la république islamique.

Deux consortiums iraniens étaient en lice pour prendre le contrôle de Telecommunications Company of Iran (TCI) et c'est Etemad Mobin qui l'a emporté, explique Mehr. Un troisième candidat a été disqualifié pour des raisons de sécurité, a précisé l'agence Isna.

L'agence officielle Irna a rapporté pour sa part qu'Etemad Mobin appartenait à la fondation coopérative des Gardiens de la révolution.

Mehdi Aghdaie, directeur adjoint de l'agence des privatisation, a précisé que la valeur de la participation cédée représentait environ 10% de la capitalisation boursière totale du marché iranien.

ACCÈS DIFFICILE POUR LES ÉTRANGERS

L'économie iranienne reste dominée par l'Etat mais le gouvernement s'efforce actuellement d'accélérer les privatisations.

L'an dernier, le directeur de la Bourse de Téhéran avait déclaré à Reuters que plusieurs investisseurs étrangers avaient manifesté leur intérêt pour une éventuelle prise de contrôle de TCI.

Mais en raison des tensions diplomatiques liées au programme nucléaire iranien, les analystes estiment que les privatisations devraient, pour l'essentiel, se traduire par des transferts de participations entre entreprises publiques iraniennes.

Le groupe sud-africain MTN Group, numéro un des télécoms en Afrique subsaharienne, est toutefois implanté en Iran, où il possède 49% d'Irancell, un opérateur mobile concurrent de TCI.

Les Gardiens de la révolution ont été très actifs dans la politique de reconstruction du pays lancée après la guerre contre l'Irak. Leurs investissements s'étendent maintenant à de nombreux secteurs incluant l'import-export, le pétrole et le gaz, la défense, les transports et la construction.

Selon le Trésor américain, ils ont noué des liens avec des entreprises représentant plusieurs milliards de dollars de chiffre d'affaires.

L'an dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait jugé que le processus de privatisations iranien s'était accéléré mais que, "en raison du manque de grands investisseurs privés, de nombreuses entités contrôlées par l'Etat avaient été acquises par des institutions du secteur quasi-public par le biais de paiements non-numéraires ou différés".

Hashem Kalantari, avec Hossein Jaseb, version française Marc Angrand

lundi, septembre 28, 2009

Menaces de nouvelles sanctions contre l'Iran

Courrier internation du 28 septembre 2009

"Des sanctions qui ne serviront rien"

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux semblent décidés à mettre la pression sur Téhéran. Mais, en ne se concentrant que sur le dossier nucléaire, Obama risque d’échouer.

28.09.2009 | Roger Cohen | The New York Times



La France et l’Allemagne se sont affrontées à trois reprises en soixante-dix ans avant que ne leur vienne l’idée brillante d’intégrer leur problème à quelque chose de plus grand : la Communauté européenne. Les Etats-Unis et l’Iran n’ont jamais été en guerre, mais leurs relations sont marquées par une méfiance psychopathologique. Ils n’ont qu’à s’inspirer des Français et des Allemands, en élargissant le contexte de leurs rapports. Les révélations sur une deuxième usine d’enrichissement d’uranium construite en secret par l’Iran ne modifient pas l’équation nucléaire, si cette dernière se mesure à la capacité du pays à fabriquer une bombe. Ce qui a changé, c’est la psychologie du programme nucléaire iranien. La méfiance était déjà profonde, elle est désormais sans fond. Avec l’usine d’enrichissement de Natanz, capable d’accueillir 54 000 centrifugeuses (à peine plus de 8 000 s’y trouveraient), et alors que son unique centrale nucléaire en est encore au stade expérimental, l’Iran n’a manifestement pas 54 000 raisons de creuser dans le flanc d’une montagne près de la ville sainte de Qom pour en installer 3 000 de plus.

Téhéran veut disposer d’une option nucléaire militaire bien que la réalité suscite autant sa nervosité que son hésitation. Le projet nucléaire de Qom est révélateur de l’état d’esprit qui règne chez les dirigeants iraniens. Le programme d’enrichissement est dorénavant sacré car il symbolise l’indépendance du pays, un peu comme la nationalisation du secteur pétrolier dans les années 1950. Les usines de Natanz et de Qom ont pour effet de précipiter la menace de nouvelles sanctions. Nicolas Sarkozy a évoqué l’idée de les imposer en décembre si aucun “changement en profondeur” n’était constaté. Le président Obama, qui préfère laisser le côté va-t-en-guerre aux Européens, a évité le mot “sanction”, mais s’est montré aussi sévère que possible. Toutefois, plus que les mots, ce sont les absents qui ont pesé lourd. L’Iran se serait immédiatement repris si Obama avait eu à ses côtés les dirigeants de l’Allemagne, de la Russie et de la Chine. Ces trois pays sont les principaux partenaires commerciaux de l’Iran. La chancelière Angela Merkel n’a pas trouvé le temps. La Russie a fait part de ses “inquiétudes sérieuses”. La Chine a grommelé quelque chose à propos du “dialogue”. Un peu faible, en guise de ferme résolution.

J’ai déjà dit que les sanctions ne marcheront pas. Ray Takeyh, qui a travaillé sur l’Iran avec Dennis Ross au ministère des Affaires étrangères avant de perdre son emploi, en août, m’a expliqué que “les sanctions, c’est la solution pour se donner bonne conscience”. Bonne conscience, parce qu’on a le sentiment d’avoir fait quelque chose, mais cela n’aide guère. Dans cette affaire, les sanctions n’aideront effectivement pas, pour quatre raisons. Un : l’Iran est immunisé contre les sanctions. Il vit avec depuis des années, et Dubaï lui permet d’importer des produits au prix d’une surtaxe tolérable. Deux : la Russie et la Chine ne soutiendront jamais des sanctions autrement que du bout des lèvres. Trois : ce n’est pas en interrompant les ventes d’essence que l’on sape un symbole presque sacré, à savoir la puissance nucléaire. Quatre : les sanctions alimentent le complexe de persécution qui permet au régime iranien de prospérer. “On ne parle jamais vraiment de l’efficacité des sanctions car, dans ce cas, on ne se retrouve qu’avec deux possibilités : une frappe militaire ou un Iran nucléarisé, ce dont personne ne veut. Par conséquent, la réponse est : imposons d’autres sanctions ! C’est un débat biaisé”, affirme d’ailleurs un haut responsable du ministère des Affaires étrangères allemand.

La malhonnêteté est un élément inévitable du programme nucléaire iranien. Téhéran pratique la dissimulation. Israël, à l’origine de l’ambiguïté nucléaire dans la région, a répété à l’envi depuis le début des années 1990 que les Iraniens étaient sur le point d’avoir la bombe. Or, à en croire les renseignements américains, il leur faudra encore quelques années. Nous avons donc bel et bien le choix : soit nous procédons à une frappe militaire, soit nous acceptons de vivre avec un Iran nucléarisé. Mais qu’est-ce qu’un “Iran nucléarisé” ? Est-ce un Iran qui dispose d’armes atomiques – développement dangereux s’il en est – ou bien un Iran dont les installations d’enrichissement sont supervisées par l’AIEA ? Je pense qu’un enrichissement sous surveillance sur le territoire iranien, au nom de ce qu’Obama a appelé le “droit” de l’Iran à “une énergie nucléaire pacifique”, constitue une base possible pour parvenir à un accord qui mettrait un terme à la militarisation. Zéro enrichissement, aujourd’hui, ce n’est plus envisageable. Pour éviter que ne soient votées des sanctions stériles, les Etats-Unis ne doivent pas oublier qu’il faut élargir le contexte. Le régime iranien est faible. Son désarroi a une fois de plus été patent.

William Burns, le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires politiques, qui assiste aux discussions multilatérales avec l’Iran, se doit d’ouvrir en parallèle des négociations directes avec Téhéran, du moins sur l’Afghanistan et l’Irak (où les intérêts des deux pays sont souvent convergents), le Hezbollah et le Hamas (où ce n’est pas le cas), les droits de l’homme, les actifs iraniens bloqués, les relations diplomatiques, les accords de sécurité régionaux, le trafic de drogue, la lutte contre Al-Qaida, les visas et la libre circulation des personnes. Isolées, les discussions sur le nucléaire sont vouées à l’échec ; intégrées à un cadre plus général, peut-être qu’elles ne capoteront pas. L’Iran souffre d’un complexe vis-à-vis de l’Amérique, source de son sentiment d’humiliation. Son programme nucléaire a avant tout pour but de renouer avec son orgueil national. Il faut résoudre ce complexe pour freiner le programme. Il faut trianguler, penser en grand. Penser Union européenne, pas traité de Versailles.

dimanche, septembre 27, 2009

Point sur les sanctions en vigueur contre l'Iran


L’Iran a été sanctionné par les résolutions 1737 , 1747 et 1803 adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, respectivement le 23 décembre 2006, le 24 mars 2007 et le 3 mars 2008.

Une nouvelle résolution (1835) a été adoptée le 27 septembre 2008 qui réaffirme les résolutions précédentes.

Les résolutions 1737 , 1747 et 1803 ont été mises en œuvre par l’Union européenne (via les Positions communes 2007/140/PESC du 27 février 2007, 2007/246/PESC du 23 avril 2007,
2008/479/PESC du 23 juin 2008, 2008/652/PESC du 7 août 2008 et le Règlement (CE) 423/2007 du 19 avril 2007 et sa modification (CE) 1110/2008 du 10 novembre 2008).

Ces sanctions concernent principalement les domaines nucléaire et balistique, ainsi que les exportations d'armement. Elles prévoient notamment le gel des avoirs et des transactions de certaines banques iraniennes (Sepah et Melli) et appellent les Etats à la vigilance et à la retenue en matière de financements et d’assurance crédit.

Par ailleurs, dans un communiqué publié le 11 octobre 2007, le groupe d’action financière (GAFI) a exprimé sa préoccupation sur l’absence en Iran « d’un système complet de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme » et a appelé les institutions financières à appliquer des vigilances renforcées à l’égard des transactions financières de leurs clients en provenance ou à destination de l’Iran. Ce communiqué a été relayé le 19 octobre 2007 par le G7 qui a estimé souhaitable que les institutions financières prennent en compte les risques afférants à l’Iran.

De plus, un communiqué de la DGTPE, appelant les personnes assujetties aux obligations de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et en particulier les institutions financières, à la mise en œuvre de vigilances renforcées sur les opérations en provenance ou à destination de l’Iran et de l’Ouzbékistan, est diffusé sur le site du ministère : http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/dgtpe/sanctions/iran/c0811.pdf

- l’avis du 16 mai 2007, aux importateurs et exportateurs en provenance et à destination de l'Iran

- les résolutions de l’ONU 1737 , 1747, 1803 et 1835

- les règlements européens successifs 140, 242, 246, 423, 618, 1110

- la déclaration du GAFI

- Décret_n°2008-83_du_24_janvier_2008

- les positions européennes communes :


Voir aussi : http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/dgtpe/sanctions/sanctionsiran.php