mardi, avril 14, 2015

PSA Peugeot Citroën est prêt à revenir en Iran

Carlos Tavares, président de PSA Peugeot Citroën, se dit prêt à aller personnellement en Iran signer un accord, dès que les sanctions internationales seront levées. « On est très avancés pour redémarrer en Iran », confie Maxime Picat, Directeur général de Peugeot. « Il y a des voix (politiques) discordantes en Iran, qui nous reprochent d’en être partis. Mais notre partenaire Iran Khodro fait de nous son partenaire privilégié », souligne le dirigeant.
Le groupe de Téhéran, qui fabriqua pendant des décennies des Peugeot sous licence, a « envie de retravailler avec nous. On s’oriente vers la création d’une co-entreprise  [joint-venture] à 50-50 ». Les négociations portent sur la production des Peugeot 301, 208 et 2008, selon nos informations. Ce projet-clé ferait de la co-entreprise un centre de production pour l’Iran mais aussi toute la région, dont la Russie.

Des Peugeot très populaires

Acteur historique en Iran, PSA s’était retiré du marché en 2012, lors de son alliance - malheureuse - avec l’américain GM, qui avait fait pression en ce sens. Officiellement, le constructeur hexagonal ne fournit plus aucune pièce. Pourtant, Iran Khodro continue de… monter des anciennes Peugeot 206 et 405 près de Téhéran. Selon les statistiques officielles iraniennes de l'IVMA, 318.700 Peugeot ont été vendues sur le marché local l’an dernier, en progression de 75%! La firme au lion est même le premier acteur local, avec plus de 35% du gâteau.
Comment est-ce possible? En fait, les pièces, naguère fournies par PSA, ont été... remplacées « par des pièces de contrefaçon en provenance de Chine », selon un expert. Soucieux de ménager son partenaire, PSA « ferme les yeux. Nous sommes conscients de leurs difficultés », se borne à constater le constructeur français. Voilà comment Iran Khodro fabrique et vend des Peugeot qui n’en sont pas ! « La production actuelle se fait sans l'aide des partenaires étrangers et nous attendons que nos anciens partenaires reviennent sur le marché iranien avec les plans que nous proposons et selon nos termes », déclarait d’ailleurs en fin d’année dernière Hashem Yekezareh, le PDG d'Iran Khodro.

 Une implantation historique

C'est en reprenant les activités européennes de l'américain Chrysler en 1978, que PSA avait... trouvé dans la corbeille de mariée les fournitures de pièces pour la Paykan, la voiture nationale iranienne assemblée sous licence par Iran Khodro de la fin des années 60 jusqu'à une date très récente. Tout en livrant des pièces pour cette voiture issue d'une ancienne Hillmann anglaise (du groupe Rootes devenu Chrysler UK), Peugeot a progressivement ajouté sa 405 - qui a remplacé depuis cette Paykan - puis la 206, notamment dans une version spécifique à quatre portes et coffre séparé.
L'Iran était même devenu le deuxième débouché mondial du groupe PSA, derrière la France, avec 467.000 unités en 2010, 457.900 en 2011, 313.000 en 2012 ! PSA n'a toutefois jamais été impliqué financièrement jusqu’ici dans les opérations, Iran Khodro étant un licencié.

Renault aussi est présent

Très implanté aussi en Iran, Renault est moins disert. Mais la firme au losange s’affirme tout aussi prête à reprendre ses activités dans le pays. Après avoir produit sous licence des R5 dans les années 70 et 80, le groupe au losange avait implanté dans les années 2000 une co-entreprise industrielle et commerciale en Iran, dont il possède 51% des parts, afin de produire des Tondar (Logan). Cette co-entreprise a été constituée pour distribuer aux deux groupes industriels locaux Iran Khodro - le même partenaire que pour PSA - et Pars Khodro, des composants pour l'assemblage de véhicules. Le potentiel installé est de 250.000 voitures annuelles. Contrairement à PSA, Renault reconnaît qu’il continue de livrer des flux de composants. 33.870 (-27%) Renault Tondar ont été immatriculées l'an dernier.
Avant les sanctions, les constructeurs français étaient donc extrêmement présents en Iran. Le marché iranien des voitures particulières  est un gros gâteau avec un fort potentiel. Ce marché s'est élevé à 893.000 unités en 2013, en hausse d’un tiers, d'après les statistiques de l'IVMA. Avant les sanctions contre l’Iran, suite à l’échec des négociations sur le dossier nucléaire, il avait carrément dépassé 1,3 million d'unités Le gâteau est donc très important. On comprend que les français veulent y retourner massivement.
Source: Challenges, 24 mars 2015