jeudi, mai 08, 2008

Des ayatollahs dénoncent la politique économique d'Ahmadinejad

Des ayatollahs dénoncent la politique économique d'Ahmadinejad
Source : Le Figaro du 23/04/2008 par Delphine Minoui

À un an de l'élection présidentielle en Iran, Mahmoud Ahmadinejad préfère ignorer les critiques, en rendant «les ennemis de l'intérieur» responsables de la hausse des prix. Crédits photo : MAULE/Fotogramma/ROPI-REA
L'inflation, qui approche 20 % par an, alimente la colère des classes défavorisées qui avaient porté Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir en 2005.
LiInflation qui sévit en Iran est à l'origine d'une levée de bouclier généralisée contre le président Mahmoud Ahmadinejad. Trois grands ayatollahs viennent de sortir de leur réserve habituelle pour critiquer ouvertement et dans le détail la politique économique du gouvernement. «De plusieurs coins de la nation, on peut entendre les plaintes contre les prix élevés et l'inflation, notamment dans le secteur du logement où le cri du peuple est plus fort», a ainsi estimé l'un d'entre eux, le grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi, cité par le quotidien Aftab-é Yazd.

Selon les chiffres officiels, l'in­flation a atteint 18,4 % au cours des douze derniers mois. D'après les experts, les prix du logement auraient, eux, augmenté de 100 % sur deux ans. «Ce n'est pas la première fois qu'on entend de telles critiques relatives à la politique d'Ahmadinejad», rappelle Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris.

Au cours de l'année passée, plusieurs députés et économistes iraniens ont signalé leur mécontentement. «Mais l'intervention des religieux montre que cette ­fois-ci, la population commence à être excédée. Les classes défavo­risées sont particulièrement touchées. Face au mécontentement popu­laire, les ayatollahs tirent la son­nette d'alarme», explique Thierry Coville.

L'intervention des éminences religieuses vient se greffer sur la guerre ouverte au sein du gouvernement qui a poussé à la démission le ministre des Finances. Hier, lors de son dernier jour au minis­tère, Davoud Danesh­Jafari a critiqué le budget 2008-2009 élaboré par le gouvernement d'Ahmadinejad, estimant qu'il allait alimenter l'inflation en faisant marcher la planche à billets.


«Manque de professionnalisme»

Élu en 2005 sur une plate­forme de justice sociale et de redistribution des richesses aux pauvres, Mahmoud Ahmadinejad s'est engagé dans une politique d'injection massive de pétrodollars dans l'économie, à l'origine d'une hausse du volume des liquidités qui a nourri la hausse des prix. Il a également favorisé la multiplication des prêts à faible taux d'intérêt. «Ce genre de politique crée un semblant d'activité, mais elle est malsaine, car elle ­provoque une inflation incontrô­lable», note Thierry Coville, qui n'exclut pas une aggravation de la crise économique dans les mois à venir. «Au début des années 1990, rappelle-t-il, le taux d'inflation avait atteint un pic de 50 %.»

En près de trois ans de pouvoir, le président iranien a procédé au remplacement d'un grand nombre de ses ministres. À cela s'ajoute le départ de l'ancien directeur du Plan et la démission du gouverneur de la Banque centrale. «Toutes les personnalités qui entouraient sa politique économique sont parties, commente Thierry Coville. C'est symbolique d'une absence de plan d'ensemble, d'une cacophonie généralisée, qui révèle un manque de professionnalisme.»

La crise économique n'a pas tardé à s'inviter dans la bataille politique à laquelle se livrent Ahmadinejad et ses adversaires, à un an de l'élection présidentielle.

L'ex-président Ali Akbar Ha­chemi Rafsandjani, qui a conservé un rôle clé au sein du pouvoir, vient de lancer une mise en garde en affirmant que «la hausse du prix des produits alimentaires ­touche plus particulièrement les pauvres. Au­jourd'hui, si l'injustice augmente, les gens se révoltent et c'est leur droit, car ils n'ont pas d'autres choix» , a-t-il déclaré. Fidèle à sa politique jusqu'au-boutiste, le président iranien préfère, lui, ignorer la vague de critiques, en rendant «les ennemis de l'intérieur» régulièrement responsables de l'inflation.

La semaine dernière, il a ac­cusé ces opposants anonymes de contrôler une «mafia économique» et de l'empêcher d'ap­pliquer son programme.

Accord sur un gazoduc entre l’Inde et l’Iran

Source : AFP

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, en visite mardi 29 avril à New Delhi, a promis la construction prochaine d'un gazoduc reliant l'Iran à l'Inde via le Pakistan, un chantier essentiel pour l'Inde aux besoins énergétiques croissants.
Les entretiens avec le Premier ministre indien Manmohan Singh sur ce gazoduc, évalué à 7,5 milliards de dollars, "ont été très positifs et nous espérons boucler ce projet dans un proche avenir", a déclaré le chef de l'Etat iranien lors d'un point de presse.

Ce gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) est "un projet immense (...) avec des conséquences sociales, économiques et politiques pour nos deux pays", a plaidé Mahmoud Ahmadinejad, qui a passé quelques heures à New Delhi en provenance du Sri Lanka où il a lancé des projets énergétiques d'une valeur de 1,2 milliard de dollars, dont l'agrandissement de l'unique raffinerie de pétrole de l'île.
Par ailleurs, un accord pour lancer définitivement la construction de ce gazoduc IPI devrait être signé prochainement entre le Pakistan n et l’Iran.