vendredi, décembre 12, 2008

Coup de froid diplomatique entre Paris et Téhéran

Coup de froid diplomatique entre Paris et Téhéran

par Nicolas Falez - RFI

C’est la télévision iranienne qui le rapporte : Bernard Poletti, ambassadeur de France à Téhéran, a reçu ce mercredi 10 décembre 2008 une « mise en garde » de la part du gouvernement iranien. Les dirigeants la République islamique n’ont visiblement pas apprécié les propos de Nicolas Sarkozy cette semaine, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « Impossible de serrer la main à quelqu’un qui a osé dire qu’Israël devait être rayé de la carte » a dit le Chef de l’Etat français, en référence aux déclarations répétées du président iranien Ahmadinejad sur ce thème. Toujours selon la télévision iranienne, l’ambassadeur de France s’est vu signifier que ces propos étaient « irréfléchis » et qu’ils pouvaient avoir des « conséquences dans les relations ente les deux pays ». Ce coup de froid intervient alors que la relation Paris-Téhéran est déjà très éprouvée par la crise du nucléaire.


Les dernières rencontres bilatérales de haut-niveau entre dirigeants français et iraniens datent de 2005. Cette année-là, plusieurs personnalités ont été reçues à Paris, y compris le président iranien de l’époque Mohammed Khatami, lui-même. Que s’est-il passé depuis ? Le réformateur Khatami a été remplacé par l’ultra-conservateur Ahmadinejad. L’Iran a repris l’enrichissement d’uranium dans le cadre d’un programme nucléaire jugé hautement suspect par les Occidentaux, s’attirant ainsi plusieurs séries de sanctions internationales votées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Enfin, Mahmoud Ahmadinejad a multiplié les déclarations tonitruantes à l’égard d’Israël, prédisant la destruction de l’Etat hébreu. Des propos qui ont à chaque fois été suivis de nombreuses critiques internationales.

L’Iran doté de la bombe ? « Inacceptable » pour Nicolas Sarkozy

Dans le dossier nucléaire, la France a activement contribué à la politique « de la carotte et du bâton » que mène le groupe des Six, soit les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) plus l’Allemagne. Le bâton, ce sont les sanctions internationales. La carotte, l’offre de coopération que les Six ont posée sur la table pour tenter d’obtenir de l’Iran qu’il suspende l’enrichissement d’uranium. La position actuelle de la France dans cette affaire a été clairement énoncée par le président Sarkozy, quelques mois après son élection en 2007 : « Un Iran doté de l’arme atomique est pour moi inacceptable » avait affirmé le chef de l’Etat, avant d’évoquer « une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran » (par Israël ou les Etats-Unis). Ce discours très ferme de Paris est peu apprécié à Téhéran. Dès lors, chaque geste irrite. Ce fut le cas en janvier 2008 lorsque Nicolas Sarkozy a annoncé la prochaine installation d’une base militaire permanente aux Emirats arabes unis, c'est-à-dire à quelques encablures des côtes iraniennes.

Mahmoud Ahmadinejad et Israël

Autre grand sujet de friction entre la France et l’Iran : les déclarations répétées de Mahmoud Ahmadinejad concernant Israël. L’Iran et l’Etat hébreu n’ont aucune relation diplomatique depuis la Révolution islamique de 1979 et chaque semaine, des dizaines de milliers d’Iraniens scandent « Mort à Israël » lors de la très politique grande prière du vendredi. Mais depuis l’élection de l’actuel président iranien en 2005, ce dernier n’a de cesse de prédire la fin de l’Etat d’Israël, qualifié de « germe de corruption » ou de « souillure infâme » devant être « rayé de la carte ». Sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, cette rhétorique a par ailleurs pris une nouvelle dimension puisque le président iranien a organisé à l’automne 2006 une « conférence » durant laquelle les orateurs ont remis en cause l’existence de la Shoah, l’extermination de six millions de juifs en Europe par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Là encore, la France condamne chacune de ces saillies. Ce fut donc encore le cas cette semaine, dans le discours présidentiel à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Droits de l’homme

La situation des droits de l’homme en Iran est un autre sujet de tension entre Paris et Téhéran. Les exécutions capitales en Iran (317 en 2007) et notamment les pendaisons de mineurs, les discriminations envers les minorités religieuses ou encore le statut des femmes iraniennes ont été critiqués par la présidence française de l’Union européenne. Ces sujets sensibles furent à l’origine du précédent coup de froid en date entre Paris et Téhéran, en octobre dernier : l’ambassadeur d’Iran en France a été convoqué au ministère français des Affaires étrangères… alors que l’ambassadeur de France en Iran connaissait le même sort à Téhéran !

Et en 2009 ?

Une relation tendue depuis plusieurs années, susceptible de se crisper à la moindre occasion… néanmoins, la France préconise le dialogue avec l’Iran dès lors qu’il s’agit d’apaiser les tensions régionales. Ce fut le cas en 2007 lorsqu’un émissaire français (Jean-Claude Cousserand) a multiplié les voyages dans la région – et notamment à Téhéran - pour tenter de trouver une issue à la crise politique libanaise. Ce sera encore le cas en cette mi-décembre 2008 à Paris, avec l’organisation d’une conférence consacrée à l’Afghanistan : l’Iran fait partie des pays voisins invités.

Reste à découvrir l’équation nouvelle qui naîtra en 2009. D’abord avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, fin-janvier. Le président élu des Etats-Unis a préconisé le dialogue avec l’Iran pour tenter de surmonter la crise du nucléaire, tout en reprenant à son compte la formule de « la carotte et du bâton ». Si demain Washington initie un dialogue historique avec Téhéran quelle sera la place des Européens – et notamment des Français - dans cette nouvelle configuration ? Autre inconnue de 2009 : l’élection présidentielle iranienne du mois de juin. Mahmoud Ahmadinejad sera-t-il candidat à sa propre succession ? Si oui, l’emportera-t-il ? Et s’il est battu, son successeur appellera-t-il lui-aussi à la disparition d’Israël ?

jeudi, novembre 06, 2008

Un hebdo interdit par les autorités

Iran: un hebdo interdit par les autorités
Source : AFP

Les autorités iraniennes ont interdit de parution l'hebdomadaire modéré Shahrvand Emrouz, qui critiquait régulièrement le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué son avocat à l'AFP aujourd'hui. "Malheureusement Shahrvand a été interdit, bien que nous n'en ayons pas encore été averti officiellement", a dit Mahmoud Alizadeh Tabatabai, joint par téléphone.

L'interdiction a été ordonnée par l'autorité de contrôle de la presse, dépendant du ministère de la Culture, "au prétexte que le magazine avait une licence de publication culturelle et sociale qui ne peut publier des articles politiques", a dit l'avocat.

Lancé en mars 2007, Shahrvand Emrouz couvrait les questions d'actualité politique et culturelle iranienne et internationale. Il sortait le samedi ou le dimanche. Le magazine donnait régulièrement la voix à des économistes critiquant la politique de M. Ahmadinejad.

L'agence de presse Fars, proche des conservateurs, a dit aujourd'hui que l'interdiction de Shahrvand dont le dernier numéro était sorti ce week-end résultait de sa "description irréaliste de certaines mesures gouvernementales".

L'annonce de cette interdiction intervient au lendemain d'une sévère critique de la presse par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. "Cette atmosphère irresponsable consistant à parler contre le gouvernement ne sera pas pardonnée facilement par Dieu", a dit mercredi la plus haute autorité de l'Etat.

samedi, novembre 01, 2008

Des avions russo-ukréniens produits par l'Iran

Iran Kish Airshow 2008: l'Iran produira des avions russo-ukrainiens An-148

KIEV, 31 octobre - RIA Novosti. L'Iran produira 50 court-courriers de nouvelle génération russo-ukrainiens An-148 conformément à un mémorandum signé vendredi à Ispahan, ancienne capitale iranienne, dans le cadre du salon aéronautique Iran Kish Airshow 2008, a annoncé le bureau d'études Antonov cité par l'agence ukrainienne UNIAN.

L'Ukraine et l'Iran ont signé "vendredi un mémorandum portant sur l'intention de la partie iranienne d'acheter et de produire 50 avions régionaux de nouvelle génération An-148, version passagers, avec le concours des entreprises russes et ukrainiennes. Le mémorandum détermine les étapes clés du travail et prévoit l'éventuelle modification de l'avion dans l'intérêt des compagnies aériennes iraniennes", selon l'agence.

Le mémorandum a été signé par les entreprises ukrainiennes - le bureau d'études ANTK Antonov, Motor Sich, l'usine aéronautique Aviant de Kiev et l'entreprise aéronautique de Kharkov - ainsi que par l'usine iranienne HESA d'Ispahan qui produit déjà les An-140-100 ukrainiens en vertu d'une licence russo-ukrainienne.

Les parties s'engagent à oeuvrer pour la signature d'un accord intergouvernemental ukraino-iranien en ce sens.

L'An-148 est un biréacteur court-courrier qui peut transporter entre 68 et 85 passagers. Sa distance franchissable est de 5.000 km, sa vitesse de croisière de 820 à 870 km/h. Cet appareil, qui peut se poser sur les pistes non revêtues, respecte les dernières normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et de l'agence EuroControl relatives aux bruits, aux émissions toxiques et à la précision de navigation.

jeudi, octobre 23, 2008

L'Iran à la merci des cours de l'or noir

L'Iran à la merci
des cours de l'or noir

Delphine Minoui
23/10/2008 | Mise à jour : 10:55 |
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Jusqu'ici épargnée par la crise financière, la République islamique est rattrapée par la baisse des prix du pétrole.

Beyrouth

Les leaders iraniens se seraient-ils réjouis trop vite ? Revanche de Dieu, capitulation des valeurs américaines, échec de la démocratie libérale… Voilà maintenant près de deux semaines qu'ils y vont de leurs petites phrases pour se railler de la récession qui affecte l'économie du « Grand Satan » américain - avec qui Téhéran a rompu toute forme de relation diplomatique depuis presque trente ans.

« Ceux qui voulaient nous enfoncer dans une crise à propos du dossier nucléaire sont aujourd'hui punis par Dieu avec une récession ! » s'est même enthousiasmé l'ayatollah Ahmad Khatami lors de la grande prière, vendredi dernier. Ses propos venaient renforcer ceux du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad qui, quelques jours plus tôt, prédisait « la fin du capitalisme ».

Téhéran a de quoi faire la fête. La récession actuelle a soudainement renvoyé aux calendes grecques l'épineux dossier nucléaire qui faisait la une de la presse internationale depuis de longs mois. De plus, l'économie iranienne reste, pour l'heure, largement épargnée par les difficultés que rencontrent les pays occidentaux. À la Bourse de Téhéran, les actions, bien que légèrement en baisse ces derniers jours, ont enregistré une hausse de 20 % sur l'année. Mais certains économistes voient dans la survie des cours de la Bourse iranienne des raisons beaucoup moins « divines » : la quasi-absence d'investisseurs étrangers sur la place iranienne et le degré très élevé d'étatisation de l'économie.

Téhéran puise dans ses réserves

À long terme, les Iraniens pourraient finir par rire jaune. Les effets de la crise financière aux États-Unis, qui provoque la chute des cours du pétrole, risquent d'être fatals à Téhéran. Cinquième exportateur mondial d'or noir, la République islamique - dont 90 % des recettes à l'exportation et 75 % des recettes budgétaires proviennent du pétrole - ne va pas tarder à ressentir les effets de la baisse du prix du baril sur son économie.

Hier, le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, s'est empressé de plaider en faveur d'une baisse de la production de l'Opep d'au moins 2 millions de barils par jour.

Les exportations d'or noir auraient rapporté environ 70 milliards de dollars à l'Iran au cours de l'année dernière. Une manne qui a largement bénéficié aux politiques populistes du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad. Depuis son élection, en juin 2005, ce dernier n'a pas hésité à dépenser les pétrodollars pour consolider sa base populaire et multiplier les aides aux plus démunis : prêts avantageux, distribution des « actions de justice », augmentation de certains salaires au détriment d'investissements industriels.

D'après ses détracteurs, il aurait même puisé dans les réserves du Fonds de stabilisation, créé à l'époque de son prédécesseur, Mohammad Khatami, et où sont traditionnellement versés les surplus pour s'assurer un stock de sécurité en cas de crise. De quoi inquiéter aujourd'hui les milieux financiers.


mardi, octobre 21, 2008

L'Iran, le Qatar et la Russie forment une "troïka" du gaz

L'Iran, le Qatar et la Russie forment une "troïka" du gaz

TEHERAN (AFP) — L'Iran, le Qatar et la Russie, gros producteurs de gaz, sont convenus mardi de former une "troïka" ayant pour objectif de dynamiser l'assemblée des exportateurs de gaz, sans la transformer pour autant en cartel sur le modèle de l'Opep.

"Le dialogue tripartite peut être très utile pour l'ensemble du marché gazier", a affirmé le président du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller.

Le responsable, qui s'exprimait à Téhéran aux côtés des ministres iranien du Pétrole Gholam Hossein Nozari et qatari de l'Energie Abdallah ben Hamad al-Attiyah, a ajouté qu'ils allaient se "rencontrer régulièrement dans le cadre de cette "troïka" ".

La prochaine rencontre est prévue à Moscou d'ici "trois à quatre mois", selon M. Miller.

Les trois responsables ont également conclu un accord créant une commission technique "dont l'une des tâches est d'examiner les projets communs et tripartites", a poursuivi le chef de Gazprom. Elle se réunira d'ici quelques jours à Doha au Qatar, selon M. Attiyah.

Le ministre iranien du Pétrole est allé plus loin en affirmant que les trois pays s'étaient entendus pour créer une nouvelle organisation des pays exportateurs de gaz.

Selon M. Nozari, les trois pays sont "arrivés à un consensus pour la création d'une organisation commune gazière (...), accélérer sa mise en place et préparer ses statuts".

Mais ses interlocuteurs ont été plus prudents sur les perspectives de viabilité d'une telle structure.

M. Miller a remarqué que l'activité de la "troïka" devait s'inscrire dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), qui existe depuis 2001.

"Le dialogue tripartite peut être très utile pour l'ensemble du marché gazier et peut jouer le rôle de locomotive pour des pays exportateurs de gaz dans le cadre de l'assemblée des exportateurs de gaz", a dit le président de Gazprom.

Le FPEG est une organisation informelle rassemblant peu ou prou les principaux pays détenteurs de réserves de gaz.

Mais elle n'est pas comparable à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui est un véritable cartel doté de statuts et dont les décisions s'imposent à tous les membres.

Le ministre qatari s'est lui aussi gardé d'évoquer la création d'une nouvelle organisation.

Il a évoqué "une vision commune" à propos de l'actuel Forum, mais sans apporter de détails à ce sujet. Il a ajouté que "lors de la future réunion ministérielle des pays exportateurs de gaz, ce projet sera confirmé".

La Russie, l'Iran et le Qatar sont les trois premiers détenteurs de gaz avec environ 60% des réserves mondiales.

Leurs statuts d'exportateurs sont pourtant bien distincts. La Russie est le premier fournisseur de gaz naturel et le Qatar vise la première place pour l'exportation de gaz naturel liquéfié. L'Iran en revanche est un importateur net de cet hydrocarbure, faute d'investissements et d'une forte croissance de la consommation interne.

De nombreux experts ont mis en doute par le passé la viabilité d'un cartel du gaz sur le modèle de celui du pétrole, dont l'objectif est de contribuer à moduler le prix du baril en jouant sur l'offre.

Les contrats liant producteurs et consommateurs de gaz sont généralement à long terme, à cause du montant des investissements nécessaires pour l'acheminer.

Le pétrole est virtuellement livrable d'un point du globe à l'autre, alors que le marché gazier est largement régionalisé.

mercredi, octobre 08, 2008

Décret n° 2008-83 du 24 janvier 2008 relatif aux mesures restrictives à l'encontre de l'Iran prévues par le règlement (CE) n° 423/2007

Avertissement du Ministère des affaires étrangères aux entreprises : sanctions à l'égard de l'Iran

Avertissement aux entreprises : sanctions à l'égard de l'Iran

L’Iran a été sanctionné par les résolutions 1737, 1747 et 1803 adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, respectivement le 23 décembre 2006, le 24 mars 2007 et le 3 mars 2008. Une nouvelle résolution (1835) a été adoptée le 27 septembre 2008 qui réaffirme les résolutions précédentes. Les résolutions 1737, 1747 et 1803 ont été mises en œuvre par l’Union européenne (via les Positions communes 2007/140/PESC du 27 février 2007, 2007/246/PESC du 23 avril 2007, 2008/479/PESC du 23 juin 2008, 2008/652/PESC du 7 août 2008 et le Règlement (CE) 423/2007 du 19 avril 2007). Ces sanctions concernent principalement les domaines nucléaire et balistique, ainsi que les exportations d'armement. Elles prévoient notamment le gel des avoirs et des transactions de certaines banques iraniennes (Sepah et Melli) et appellent les Etats à la vigilance et à la retenue en matière de financements et d’assurance crédit.

Par ailleurs, dans un communiqué publié le 11 octobre 2007, le groupe d’action financière (GAFI) a exprimé sa préoccupation sur l’absence en Iran « d’un système complet de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme » et a appelé les institutions financières à appliquer des vigilances renforcées à l’égard des transactions financières de leurs clients en provenance ou à destination de l’Iran. Ce communiqué a été relayé le 19 octobre 2007 par le G7 qui a estimé souhaitable que les institutions financières prennent en compte les risques afférants à l’Iran.

- l’avis du 16 mai 2007, aux importateurs et exportateurs en provenance et à destination de l'Iran,
- les résolutions de l’ONU
1737 , 1747, 1803 et 1835.
- les règlements européens successifs
140, 242, 246, 423, 618,
-
la déclaration du GAFI.
-
Décret_n°2008-83_du_24_janvier_2008

- les positions européennes communes:

2007/140/PESC du 27 février 2007, 2007/246/PESC du 23 avril 2007, 2008/479/PESC du 23 juin 2008, 2008/652/PESC du 7 août 2008

Voir aussi: http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/dgtpe/sanctions/sanctionsiran.php

Inauguration de la tour Milad Source : AFP 07/10/2008 | Mise à jour : 21:58 | Commentaires 1 . Les autorités iraniennes ont inauguré la tour Mi

Inauguration de la tour Milad
Source : AFP, 07/10/2008
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Les autorités iraniennes ont inauguré la tour Milad, la quatrième plus haute tour de télécommunications au monde (435 m), qui doit devenir l'un des emblèmes de Téhéran.

Inspirée de l'architecture islamique, la tour, bâtie sur les collines du nord-ouest de la capitale, a été achevée après 11 ans de travaux, pour un coût d'environ 194 millions de dollars.

Haute de 435 m (dont une antenne de 100 m), la tour est coiffée d'un toit de métal et de verre haut de 12 étages et large de 60 m, qui accueille un restaurant panoramique, une galerie d'art, une terrasse extérieure ainsi que des zones réservées aux systèmes de télécommunications.

Selon ses concepteurs, la tour Milad est la quatrième plus haute du monde après la tour CN de Toronto (Canada), la tour Ostankino de Moscou et l'Oriental Pearl de Shanghai (Chine).

vendredi, août 15, 2008

L'UE renforce ses sanctions contre l'Iran

L'UE renforce ses sanctions contre l'Iran

L'Union européenne a renforcé les sanctions commerciales contre l'Iran vendredi pour punir Téhéran de ne pas avoir accepté les propositions de coopération des Six, en échange de la suspension des activités d'enrichissement d'uranium.

Les nouvelles sanctions de l'UE vont un peu au-delà de celles déjà imposées par l'ONU et sont destinées à refuser des prêts publics ou des crédits à l'exportation pour les entreprises faisant du commerce avec l'Iran.

La France, qui occupe la présidence tournante de l'Union européenne, a annoncé que les gouvernements européens observeraient aussi étroitement les groupes financiers faisant du commerce avec les banques iraniennes, et augmenteraient les contrôles des bateaux et des avions se rendant en Iran.

"Cette résolution accroît la portée des mesures de restriction adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU" en décembre 2006 et mars 2007, précise l'UE dans un communiqué.

L'UE appelle les pays-membres à "faire preuve de retenue quand ils accordent de nouveaux prêts publics pour faire du commerce avec l'Iran (...) et à être aussi vigilants sur les activités des institutions financières avec les banques basées en Iran".

Plus tôt cette semaine, Paris et Washington avaient affirmé que la réponse de l'Iran à la dernière offre de coopération présentée par les six pays engagés dans le dossier nucléaire iranien (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Chine) était insuffisante. AP

Relations Iran-Algérie : les nouvelles priorités

L'Algérie et l'Iran ont affiché clairement leurs volontés d'aller de l'avant en matière de coopération économique et politique lors de la visite du Président Algérien Abdelaziz Bouteflika en Iran.

Les deux pays ont signés conjointement un communiqué qui exprime le souci des deux partis «d'asseoir des relations durables et mutuellement bénéfiques»

Les deux parties ont défini clairement les domaines de coopération. Il s'agit de développer la coopération dans divers domaines, à savoir la construction de logements et d'infrastructures de base, de l'industrie pharmaceutique, de l'industrie du ciment, du montage de véhicules, des pièces de rechange et des industries pétrolière et gazière ainsi que l'établissement d'un terrain d'échange d'expertise et de concertation continue dans ces domaines.

Le communiqué fait état d'un accord sur la non double imposition et un autre sur la coopération douanière.

Par ailleurs, concernant les questions régionales et internationales, les deux pays ont exprimé leur préoccupation quant à la situation sécuritaire, sociale, économique et humanitaire, notamment dans les territoires occupés.

Concernant le Soudan, l'Algérie et l'Iran ont affiché une position commune, qui est celle du rejet de la demande du procureur général du tribunal pénal international appelant à l'arrestation du président soudanais Omar El Bachir pour «crimes contre l'humanité» au Darfour.

En ce qui concerne le volet du nucléaire civil, la position des deux pays ne souffre d'aucune ambiguïté.«Les deux parties ont réitéré leur ferme engagement quant à l'établissement d'une région exempte d'armement nucléaire qui permette au Proche-Orient, à l'instar de l'Afrique et de l'Amérique latine, de consacrer son énergie et ses ressources au développement durable», indique-t-on dans le communiqué.

Pour ce qui est du programme nucléaire iranien qui préoccupe l'Occident et les Etats-Unis en particulier, l'Algérie et l'Iran ont affirmé dans le communiqué que «les pays membres du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ont le droit légitime et consacré, en vertu du traité, d'accéder à la technologie nucléaire à des fins civiles et pacifiques et pour des objectifs de développement».

Enfin, arrivant au terrorisme, les deux pays le condamnent sous «toutes ses formes» et ont réaffirmé la responsabilité des Nations unies à lutter activement contre ce phénomène par l'élaboration d'une convention internationale dans le but de régir la lutte antiterroriste et définir avec précision, ce phénomène « loin de tout amalgame avec les luttes légitimes des peuples contre l'occupant étranger», comme c'est le cas en Irak.


samedi, juillet 19, 2008

Nabucco : l’Iran s’apprête à lancer le chantier en 2008

Nabucco : l’Iran s’apprête à lancer le chantier en 2008

Armenews, 8 juin 2008

L’Iran doit lancer en 2008 la construction du gazoduc Nabucco destiné à canaliser ses hydrocarbures vers l’Europe, a déclaré lundi le vice-ministre iranien du Pétrole et président de la Compagnie nationale iranienne du gaz (NIGC), Seyed Reza Kasaizadeh.

"L’étude des possibilités de l’Iran dans ce projet touche à sa fin. Le tronçon iranien fera partie du projet Nabucco destiné à alimenter l’Europe en gaz en provenance du gisement de South Pars, le plus grand en Iran", a-t-il indiqué à la télévision iranienne. En janvier dernier, le ministre iranien des Affaires étrangères Manoucher Mottaki a déclaré que la coopération de Téhéran avec les pays européens dans le domaine du pétrole et du gaz n’était dirigée contre aucun pays tiers.

D’après lui, l’Iran est en droit de mener une politique gazière indépendante à l’instar des autres pays exportateurs, dont la Russie et l’Algérie.

La construction du gazoduc Nabucco, qui contournant la Russie doit traverser l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche et éventuellement l’Allemagne, doit débuter fin 2010 pour se terminer en 2013. Initialement évalué à 5 milliards d’euros, le coût du projet se chiffre désormais à 7,9 milliards. Le gazoduc pourra transporter dans un premier temps près de 8 milliards de mètres cubes de gaz par an, mais les concepteurs prévoient d’augmenter sa capacité annuelle à 31 milliards de mètres cubes. Parmi les fournisseurs potentiels du gaz pour le projet Nabucco on cite l’Azerbaïdjan, l’Iran, le Turkménistan et ces derniers temps l’Irak. L’idée des livraisons de gaz irakien vers l’Europe est activement promue par les Etats-Unis.

La Russie considère avec scepticisme la réalisation du projet Nabucco dans les prochaines années, jugeant insuffisantes les réserves de gaz pour remplir le gazoduc. Le consortium Nabucco Gas Pipeline Company, en charge du projet, est détenu par l’autrichien OMV, le hongrois MOL, le bulgare Bulgargaz, le roumain Transgaz, le turc Botas et l’allemand RWE qui possèdent chacun une participation de 16,67%.

lundi, juin 23, 2008

Melli, la plus grande banque du pays visée par les sanctions de l'Union européenne

AFP, 23 juin 2008

TEHERAN (AFP) — Pressés par Washington, les Européens ont avalisé ce lundi de nouvelles sanctions contre l'Iran, mais restent fidèles à leur politique qui consiste à dialoguer avec Téhéran tout en sanctionnant son refus persistant de cesser tout enrichissement d'uranium.

Les nouvelles sanctions entérinées sans discussion lundi par les ministres européens de l'Agriculture et de la Pêche visent notamment la banque commercialeMelli, première institution financière iranienne avec quelque 3.100 succursales, dont 16 à l'étranger.

Ses activités en Europe, concentrées à Hambourg, Londres et Paris, devraient être interdites dès l'entrée en vigueur de ces mesures, avec leur publication mardi au Journal officiel de l'UE, ont précisé des responsables européens.

La banque Melli, créée le 11 septembre 1923, est la première institution financière du pays avec plus de 3.100 succursales, dont 16 à l'étranger.

La Banque compte actuellement 45.000 employés et disposait, il y a trois ans, d'un capital de 350.000 milliards de rials (32 milliards USD).
Pendant l'année fiscale iranienne 1384 (mars 2005-mars 2006), Melli a émis des lettres de crédit d'une valeur de 5,1 mds USD pour des importations en Iran.

Elle a été créée avec l'aide des Allemands qui l'ont dirigée durant les premières années ayant suivi sa création.

Mi-juin, le Premier ministre britannique Gordon Brown avait annoncé que l'UE allait cibler "la plus grande banque du pays" en gelant des avoirs à l'étranger, dans le cadre de nouvelles sanctions sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.
Dans sa dernière résolution, adoptée le 3 mars 2008 contre l'Iran, le Conseil de sécurité de l'ONU avait demandé à tous les pays d'"exercer une vigilance accrue sur toutes les banques domiciliées en Iran, notamment les banques Melli et Saderat".

Plusieurs journaux iraniens avaient récemment rapporté que le président Mahmoud Ahmadinejad avait ordonné le transfert des capitaux iraniens des institutions financières européennes vers les pays asiatiques.

La banque avait démenti dans un texte publié sur son site internet, assurant qu'elle allait maintenir ses activités en Europe.

"La banque Melli continue à maintenir des capitaux et investissements significatifs dans les pays de l'UE et a l'intention de continuer à le faire dans le futur", assurait-elle.

L'Iran possède environ 76 mds USD de réserves en devises étrangères dans les banques et les institutions financières internationales.

jeudi, juin 19, 2008

Inauguration de la de la première banque étrangère en Iran

IRNA, 30 mai 2008

La Banque commerciale Iran-Europe a débuté jeudi ses opérations en Iran; elle fournira des services de change entre le rial et des devises étrangères, dont notamment l'euro, a expliqué le directeur général de la banque Siavosh Naghshineh, dans son discours prononcé mercredi lors de la cérémonie inaugurale de la Banque.
La Banque iranienne de l'industrie et des mines (San'at va Ma'dan) est un actionnaire important de la nouvelle banque.

Le gouverneur de la banque centrale de l'Iran Tahmasb Mazaheri, qui était également présent à la cérémonie d'ouverture, a indiqué que Téhéran avait autorisé plusieurs banques étrangères à créer des succursales en territoire iranien, ajoutant que la CBI était prête à prendre des mesures d'incitation pour favoriser l'ouverture de banques privées en Iran.

Le risque de Renault en Iran

En Iran, Renault risque gros

Nicolas Stiel, pour Challenges - 8 mai 2008

Le retard de la Tondar, la Logan iranienne, met en danger le plan Renault 2009. Retour sur quatre ans de galère, mais le marché est tellement prometteur...

Dans sa concession automobile du centre de Téhéran, Reza Alipour enchaîne les Marlboro sous les portraits des guides suprêmes Khomeyni et Khamenei. En vitrine, deux véhicules de luxe importés et... une Renault Logan. Ou plutôt une Tondar (tonnerre en persan), le nom qu'on lui a donné ici. «Elle n'est pas très sexy, mais ça n'a pas d'importance, dit le distributeur. Ici, le marché est chaud, et je pourrais en vendre des dizaines. Le problème, c'est qu'on ne me livre pas.»

En Iran, la low-cost de Renault a des allures de pétard mouillé. Le fabricant espérait en écouler 100 000 l'an dernier. A peine 15 000 sont sorties des chaînes de production.

Imbroglio politique

Depuis quatre ans, le constructeur français accumule les galères. Stratégie qui évolue au gré des humeurs locales, tiraillements avec les partenaires industriels Iran Khodro et Saipa, guerre ouverte au Majlis, le Parlement, entre partisans et opposants du projet, Renault s'est retrouvé au coeur d'un imbroglio géopolitique qui le dépasse. Avec, cerise sur le gâteau, les sanctions internationales au sujet du dossier nucléaire iranien qui complexifient le financement du programme, les déclarations guerrières de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner, et les menaces de frappes militaires émises par les Etats-Unis.

Aujourd'hui, le retard de la Tondar met en péril le plan Renault 2009. Carlos Ghosn s'est engagé à produire l'an prochain 800 000 voitures de plus qu'en 2005, tous modèles confondus. Le patron de Renault compte sur ceux qui vont sortir dans les dix-huit prochains mois. Mais, vu l'état sinistré du marché européen, sa planche de salut, c'est bien Logan. Toutes les Logan. Renault a besoin de l'Iran (250 000 ventes prévues en 2009) pour réussir son plan. Depuis le début de l'année, le rythme de production s'est un peu accéléré : 15 000 voitures au cours des trois premiers mois. «On en produira plus de 100 000 cette année», assure Jean-Michel Kerebel, le patron de la filiale sur place. Mais l'Iran n'a jamais porté chance au constructeur français. Les accords d'assemblage que l'entreprise avait conclus en 1975 et 1992 pour la R5 et la R21 ont été rompus.

Le premier en raison de la révolution. Le second pour cause de volte-face du partenaire. Depuis quinze ans, aucune Renault n'est montée dans l'ancienne Perse. Mais les R5 et les R21 circulent toujours. A l'état de vieilles guimbardes rafistolées. Pas terrible pour l'image de marque. Aussi, quand, en 2002, Idro, le holding de tête d'Iran Khodro et de Saipa, lance un appel d'offres pour rem placer la Paykan, la voiture historique de l'Iran, qui consomme près de 25 litres aux 100, Renault se positionne. Il veut redorer son blason. Il veut surtout s'implanter en Iran. Un pays riche (grâce aux pétrodollars), jeune (la moitié des 70 millions d'habitants a moins de 25 ans) et doté d'un marché de l'automobile en plein boom (1,1 million de voitures vendues l'an dernier). Pour le moment, l'activité des constructeurs étrangers se limite au montage. Ils envoient des pièces détachées, ensuite assemblées par un groupe local. Peugeot, par exemple, dispose d'un accord de licence pour la 405 et la 206 avec Iran Khodro.

Un marché très lucratif (la marge tourne autour de 15%) et très sûr, car le constructeur n'expédie les pièces qu'après avoir été payé. Aujourd'hui, Téhéran veut en finir avec le montage. «Une activité considérée comme indigne par le gouvernement, décrypte Reza Azmoudeh, consultant au cabinet Human Gofteman. L'assemblage, c'est serrer les boulons, être esclave de l'Occident.» Pour le remplacement de la Paykan, la firme retenue devra donc s'engager davantage, investir sur place, générer des transferts de technologie, aider l'Iran à devenir un grand de l'automobile.

Les autorités iraniennes veulent traiter avec Peugeot, qui décline. D'autres constructeurs voient passer le dossier. Sans succès. Renault pense alors à la Logan. Problème, en 2002, elle n'existe pas. Il y a bien l'usine Dacia en Roumanie, prévue pour accueillir le premier modèle en 2004. Vétuste à l'époque, il est plus prudent de ne pas la montrer. Renault crée une diversion et invite les Iraniens à Tokyo pour voir l'état d'avancement de l'alliance avec Nissan. Bien vu ! Mars 2003, une lettre d'intention est signée. Un an après, la société Renault Pars est constituée, détenue à 51% par Renault et à 49% par Idro. Montant du projet : environ 300 millions d'euros.

Contrat drastique

A Iran Khodro et Saipa, la production dans deux usines et la vente. A Renault, la fourniture des pièces et l'exportation. Et les ennuis commencent. Les termes du contrat sont drastiques. La première année, l'ex-Régie doit intégrer 50% du contenu local de la voiture en Iran. Puis passer à 60%. Pas simple. Peugeot localise bien sa 206 à hauteur de 60%.

Mais ce ratio a été obtenu progressivement, sur près de dix ans. Et Peugeot n'a jamais eu à chercher lui-même les sous-traitants. Renault se retrouve en vilaine posture. Il ne connaît pas l'Iran et doit mener une opération commando à la recherche des meilleurs fournisseurs.

Bravaches, les «Renault boys» relèvent le défi .

Ils visitent quelque 200 entreprises, en retiennent 48. Ils découvrent les particularités locales. Exemple, le rythme de travail après Norooz, la fête du Nouvel An, le 21 mars. «La production redémarre doucement, cela durant huit mois, témoigne un expatrié. Lors des quatre derniers mois, les Iraniens cravachent comme des malades pour réaliser leurs chiffres. Mais la qualité s'en ressent.» Pas grave, estime-t-on alors, car les voitures sont destinées au marché local.

Aujourd'hui, les choses ont changé. Mondialisation oblige.

L'idée de fournir des véhicules impeccables en Occident et de tolérer des défauts ail leurs n'est plus acceptable. Pour la Tondar, Renault Pars veut créer une rupture. La filiale met le paquet sur la qualité (plus d'un quart des 360 salariés y sont affectés). Pour des raisons d'économies et de temps, Renault Pars ne sélectionne qu'un seul fournisseur par spécialité. Un gros risque : en cas de défaillance, il se retrouve démuni. Il y aurait bien la solution de faire venir des pièces des autres partenaires du programme Logan, en Roumanie, en Russie ou ail leurs. Mais ils sont tous surbookés. «Le problème de Renault, c'est la montée en cadence des fournisseurs, résume un bon connaisseur du dossier. Ils doivent pouvoir, au même moment, livrer en qualité et en quantité.» Plusieurs n'y arrivent pas. Ils peinent à obtenir des matières premières. Soit en raison de la règle du «double usage» (certains matériaux pouvant aussi être utilisés à des fi ns militaires se retrouvent bloqués aux frontières). Soit parce que les banques, craignant les sanctions américaines, refusent de travailler avec l'Iran.

Le projet prend du retard. Les deux manufacturiers Iran Khodro et Saipa s'impatientent. Ils n'ont jamais été de chauds partisans de la Tondar, qui leur a été imposée par le holding Idro. Ils ont leur propre activité de fabrication à assurer, leurs marques à promouvoir. Pour Renault, pas facile de travailler avec des partenaires qui sont aussi ses concurrents. Et qui ne manquent pas une occasion de lui glisser une peau de banane sous les pieds. «Renault Pars n'a pas d'expérience avec les équipementiers, dit Amir Albadvi, vice-président d'Iran Khodro. S'ils le veulent, on s'en occupe.» Pas question, répond Maxime Boniteau, directeur de la qualité chez Renault.

«L'outillage installé chez les fournisseurs nous appartient. On ne va pas y renoncer.»

Diktat accepté

Ces passes d'armes sont d'aimables plaisanteries à côté des joutes politiques. Surtout depuis l'élection, en juin 2005, de Mahmoud Ahmadinejad. Dur parmi les durs, le nouveau président nomme à la tête de l'Industrie Ali Reza Tahmasebi, un des principaux contempteurs de Renault Pars.

Il estime que la Tondar est une voiture pauvre en technologie qui n'apportera rien à l'Iran. Renault assure du contraire, arguant que son moteur 1,6 litre est le plus sophistiqué de la gamme. «L'Iran est le seul pays où un investisseur amène de l'argent et se fait engueuler», dira un jour Louis Schweitzer. En avril 2006 les conservateurs obtiennent satisfaction. Le projet est suspendu. La raison ?

Un prétexte oiseux sur le pourcentage de voitures dévolues à l'exportation. Renault doit commencer par 10%, puis monter vers 20%. Pour les irréductibles, la formulation est imprécise. Le ratio de 20% ne doit pas être un objectif mais une obligation. Un diktat insupportable pour Renault, dont l'optique est de se concentrer sur le marché local. Mais les Iraniens sont inflexibles. Le temps est de leur côté. Après trois mois de bras de fer, Renault accepte l'oukase. En mars 2007, Iran Khodro et Saipa lancent la campagne de précommande. Elle dure une semaine. Et ils sont 85 000 à s'inscrire et à payer. Pourquoi cet engouement pour une voiture qui n'existe pas encore ? Parce que le marché de l'auto mobile est dicté par l'offre et qu'ici la voiture est un objet de spéculation. Dès que l'acheteur touche son véhicule, il le revend avec une plus-value de 30%. Mais il faut être patient. Aujourd'hui, près de 60 000 clients n'ont toujours pas reçu leur auto.

Avenir incertain

Les premières Tondar sortent à l'été 2007. Elles sont au même niveau que les Logan produites ailleurs. Et 88% des clients se disent satisfaits. «Aujourd'hui, on sort 300 voitures par jour dans les deux usines, indique Maxime Boniteau. On veut arriver à 1 000 à la fin de l'année. Et l'an prochain, on réussira le plan.»

Voire, car, d'ici là, Renault n'est pas à l'abri d'une autre catastrophe. Une échéance importante se déroulera le 4 novembre : l'élection américaine. Un candidat n'aura pas les faveurs locales, c'est le républicain John McCain. Interrogé sur la politique qu'il mènerait dans la région, le sénateur de l'Arizona a répondu en parodiant le tube des Beach Boys, Bar bara Ann : «Bomb bomb bomb, bomb bomb Iran». C'est vrai que depuis quatre ans, Renault a connu beaucoup de tuiles en Iran. Mais pas encore de bombes.

Renault découvre les risques des pays low-cost

Carlos Ghosn est un fonceur-né. Depuis son arrivée à la tête de Renault, en avril 2005, le PDG a mis le turbo sur le programme Logan (une voiture sur cinq produite par Renault est une low-cost) et a investi tous azimuts dans les pays à bas coûts. En Iran, mais aussi en Roumanie, en Russie, en Inde, au Maroc, en Colombie, en Argentine et au Brésil, et même en Afrique du Sud via Nissan. L'an dernier, la production des divisions Euromed, Amériques et Afrique-Asie a progressé de 20, 50 et 32%, dépassant la barre du million de véhicules. Mais ces zones réservent des surprises. Il y a les revendications salariales, comme on l'a vu fin mars avec la grève longue de près de trois semaines des ouvriers de l'usine roumaine Dacia. Il y a le facteur politique, les gouvernements et les ministères qui se succèdent, les patrons des entreprises publiques qui valsent et les changements d'orientation qui en découlent.

Il y a aussi les lenteurs d'une administration souvent tatillonne. En discussion depuis juillet avec l'indien Bajaj pour la fabrication d'une voiture very low-cost, Renault en est au stade de l'étude de faisabilité. Le 29 avril, à l'assemblée générale, Ghosn a néanmoins confirmé ses objectifs de ventes pour le groupe.


jeudi, mai 08, 2008

Des ayatollahs dénoncent la politique économique d'Ahmadinejad

Des ayatollahs dénoncent la politique économique d'Ahmadinejad
Source : Le Figaro du 23/04/2008 par Delphine Minoui

À un an de l'élection présidentielle en Iran, Mahmoud Ahmadinejad préfère ignorer les critiques, en rendant «les ennemis de l'intérieur» responsables de la hausse des prix. Crédits photo : MAULE/Fotogramma/ROPI-REA
L'inflation, qui approche 20 % par an, alimente la colère des classes défavorisées qui avaient porté Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir en 2005.
LiInflation qui sévit en Iran est à l'origine d'une levée de bouclier généralisée contre le président Mahmoud Ahmadinejad. Trois grands ayatollahs viennent de sortir de leur réserve habituelle pour critiquer ouvertement et dans le détail la politique économique du gouvernement. «De plusieurs coins de la nation, on peut entendre les plaintes contre les prix élevés et l'inflation, notamment dans le secteur du logement où le cri du peuple est plus fort», a ainsi estimé l'un d'entre eux, le grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi, cité par le quotidien Aftab-é Yazd.

Selon les chiffres officiels, l'in­flation a atteint 18,4 % au cours des douze derniers mois. D'après les experts, les prix du logement auraient, eux, augmenté de 100 % sur deux ans. «Ce n'est pas la première fois qu'on entend de telles critiques relatives à la politique d'Ahmadinejad», rappelle Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris.

Au cours de l'année passée, plusieurs députés et économistes iraniens ont signalé leur mécontentement. «Mais l'intervention des religieux montre que cette ­fois-ci, la population commence à être excédée. Les classes défavo­risées sont particulièrement touchées. Face au mécontentement popu­laire, les ayatollahs tirent la son­nette d'alarme», explique Thierry Coville.

L'intervention des éminences religieuses vient se greffer sur la guerre ouverte au sein du gouvernement qui a poussé à la démission le ministre des Finances. Hier, lors de son dernier jour au minis­tère, Davoud Danesh­Jafari a critiqué le budget 2008-2009 élaboré par le gouvernement d'Ahmadinejad, estimant qu'il allait alimenter l'inflation en faisant marcher la planche à billets.


«Manque de professionnalisme»

Élu en 2005 sur une plate­forme de justice sociale et de redistribution des richesses aux pauvres, Mahmoud Ahmadinejad s'est engagé dans une politique d'injection massive de pétrodollars dans l'économie, à l'origine d'une hausse du volume des liquidités qui a nourri la hausse des prix. Il a également favorisé la multiplication des prêts à faible taux d'intérêt. «Ce genre de politique crée un semblant d'activité, mais elle est malsaine, car elle ­provoque une inflation incontrô­lable», note Thierry Coville, qui n'exclut pas une aggravation de la crise économique dans les mois à venir. «Au début des années 1990, rappelle-t-il, le taux d'inflation avait atteint un pic de 50 %.»

En près de trois ans de pouvoir, le président iranien a procédé au remplacement d'un grand nombre de ses ministres. À cela s'ajoute le départ de l'ancien directeur du Plan et la démission du gouverneur de la Banque centrale. «Toutes les personnalités qui entouraient sa politique économique sont parties, commente Thierry Coville. C'est symbolique d'une absence de plan d'ensemble, d'une cacophonie généralisée, qui révèle un manque de professionnalisme.»

La crise économique n'a pas tardé à s'inviter dans la bataille politique à laquelle se livrent Ahmadinejad et ses adversaires, à un an de l'élection présidentielle.

L'ex-président Ali Akbar Ha­chemi Rafsandjani, qui a conservé un rôle clé au sein du pouvoir, vient de lancer une mise en garde en affirmant que «la hausse du prix des produits alimentaires ­touche plus particulièrement les pauvres. Au­jourd'hui, si l'injustice augmente, les gens se révoltent et c'est leur droit, car ils n'ont pas d'autres choix» , a-t-il déclaré. Fidèle à sa politique jusqu'au-boutiste, le président iranien préfère, lui, ignorer la vague de critiques, en rendant «les ennemis de l'intérieur» régulièrement responsables de l'inflation.

La semaine dernière, il a ac­cusé ces opposants anonymes de contrôler une «mafia économique» et de l'empêcher d'ap­pliquer son programme.

Accord sur un gazoduc entre l’Inde et l’Iran

Source : AFP

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, en visite mardi 29 avril à New Delhi, a promis la construction prochaine d'un gazoduc reliant l'Iran à l'Inde via le Pakistan, un chantier essentiel pour l'Inde aux besoins énergétiques croissants.
Les entretiens avec le Premier ministre indien Manmohan Singh sur ce gazoduc, évalué à 7,5 milliards de dollars, "ont été très positifs et nous espérons boucler ce projet dans un proche avenir", a déclaré le chef de l'Etat iranien lors d'un point de presse.

Ce gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) est "un projet immense (...) avec des conséquences sociales, économiques et politiques pour nos deux pays", a plaidé Mahmoud Ahmadinejad, qui a passé quelques heures à New Delhi en provenance du Sri Lanka où il a lancé des projets énergétiques d'une valeur de 1,2 milliard de dollars, dont l'agrandissement de l'unique raffinerie de pétrole de l'île.
Par ailleurs, un accord pour lancer définitivement la construction de ce gazoduc IPI devrait être signé prochainement entre le Pakistan n et l’Iran.

lundi, avril 28, 2008

Les pasdarans, nouveaux maîtres de l'iran

Les pasdarans,nouveaux maîtres de l'Iran
Le Figaro - envoyé spécial à Téhéran Georges Malbrunot
24/04/2008
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Durant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, les gardiens de la révolution ont accru leurs pouvoirs, mais ils sont divisés et toujours sous le contrôle du guide suprême Ali Khamenei (portrait ci-dessus).
Durant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, les gardiens de la révolution ont accru leurs pouvoirs, mais ils sont divisés et toujours sous le contrôle du guide suprême Ali Khamenei (portrait ci-dessus). Crédits photo : AFP
Leur poids dans le prochain Parlement est un des enjeux du second tour des législatives, qui a lieu vendredi.

La photo a jauni. Elle date de la révolution islamique en 1979. Moghadam Kanani et une poignée de pasdarans entourent dévotement son héros, l'ayatollah Khomeiny. Trente ans après, l'ex-Gardien de la révolution porte toujours la barbe, mais c'est l'homme d'affaires qui reçoit dans son bureau au nord de Téhéran. «Ce sont les pasdarans qui ont reconstruit le pays après la guerre contre l'Irak, cette guerre qui leur conféra une légitimité. C'est normal qu'ils aient ­encore beaucoup d'influence», déclare cet ingénieur formé en Grande-Bretagne, après sa démobilisation du front. Fondateur d'un mouvement écologiste, Moghadam Kanani, 52 ans, incarne cette autre lignée de gardiens de la révolution. Militaires par devoir face à l'ennemi, avant de devenir avocat, enseignant ou chef d'entreprise. «Cette double casquette leur donne une plus grande ouverture que les mollahs, l'autre colonne vertébrale du régime», observe Anis Naccache, ancien activiste, reconverti lui aussi dans les affaires. L'an dernier, la société d'ingénierie de Kanani a même signé un contrat avec une entreprise française de Vitrolles pour la construction d'une ligne TGV entre Téhéran et Méchad, à 700 km à l'est de la capitale. Aujourd'hui annulé.

Sous la présidence d'Ahmadinejad, les pasdarans ont accru leurs positions dans les affaires. Khatam ­al-Anbia, leur empire qui va de la banque au tourisme en passant par la téléphonie mobile, a plus de 250 projets industriels en chantier, auxquels s'ajoutent 1 220 autres, achevés depuis 1990. Mais c'est l'entrée de ce trust, exonéré d'impôts, dans les secteurs stratégiques du pétrole et du gaz, qui a soulevé les plus vives critiques. Les adversaires d'Ahmadinejad l'accusent d'avoir offert à ses amis du ministère du Pétrole deux importants contrats d'une valeur totale de 4 milliards de dollars. Sans appel d'offres. Comme cette autre affaire remportée par les pasdarans, avec la construction d'une portion du métro de Téhéran (2,4 milliards de dollars).

Mais il y a aussi la face cachée de l'iceberg : les soixante ports clandestins gérés par les «gardiens». Un aéroport inaccessible au public, à l'ouest de Téhéran, où transiteraient des marchandises sensibles. Sans oublier le juteux trafic d'alcool à partir du port de Bandar Abbas, où chaque jour, un conteneur serait revendu par les gardiens de la révolution. «Quand je suis arrivé en Iran en 1991, se souvient un homme d'affaires occidental, j'ai vu apparaître un concurrent qui im­porta soudainement 300 appareils de radiologie, en fait, c'était les pasdarans qui opéraient à travers une société écran» . Sous Ahmadinejad, ils n'avancent plus masqués. Marginalisés pendant la présidence de son prédécesseur réformateur, Mohammad Khatami, les gardiens prennent leur revanche. Jamais ils n'ont été aussi présents dans les rouages de l'État. «Ils ont pris le pouvoir, c'est dangereux pour l'avenir du pays», prévient un proche de Khatami.

Missiles balistiques et nucléaire clandestin

La moitié des ministres sont d'anciens pasdarans ou vétérans des services de renseignements. 80 députés (sur 290) aussi. Et de Bagdad aux Nations unies à New York, une douzaine de représentations diplomatiques leur reviennent. Mais le joyau reste le contrôle opérationnel qu'ils exercent sur les programmes de fabrication des missiles balistiques Shahab, capables de frapper Israël, et sur le nucléaire militaire clandestin, au centre du différend avec l'Occident.

«Le nucléaire est aussi un enjeu de pouvoir entre les factions iraniennes, note un diplomate, en le contrôlant, les pasdarans rééquilibrent le rapport de forces face aux mollahs, qui, eux, s'appuient sur le velayat-faqhi», cet autre pilier du système en vertu duquel le religieux prime le temporel.

Khomeyni, qui les appelait au soir de sa vie à ne pas se mêler de politique, doit se retourner dans sa tombe. Mais si les gardiens sont parvenus jusqu'au sommet du pouvoir, c'est pour défendre un seul et même objectif : contrer toute avancée démocratique qui mettrait en danger la République islamique. À deux reprises durant les années Khatami, les pasdarans sont sortis du bois pour lancer de sévères mises en garde. Durant les manifestations étudiantes de 1999, lorsque 24 commandants affirmèrent qu'ils «ne pouvaient tolérer davantage» de troubles. Et quelques années plus tard, le 8 mai 2004, quelques heures seulement après l'ouverture officielle de l'aéroport Imam Khomeyni à Téhéran, lorsqu'une unité pasdaran ordonna sa fermeture, invoquant «la menace sur la sécurité» du pays que représentait une société turque qui avait reçu la gestion de l'établissement en partenariat avec une entreprise iranienne. En réalité, les gardiens redoutaient de perdre la maîtrise du trafic de marchandises. Et dans un cas comme dans l'autre, personne ne broncha.

«Mauvais calcul»

Mais en les faisant sortir de l'ombre, Ahmadi­nejad a exposé l'institution pasdarans aux sanctions internationales. Qu'il s'agisse du métro de Téhéran ou du secteur pétrolier, les gardiens ne peuvent plus avancer, sans les crédits extérieurs, dont ils sont désormais privés. Ainsi, la Société générale a-t-elle été contrainte de renoncer l'an dernier au financement du gigantesque projet de développement du champ gazier de South Pars, offert aux pasdarans. «Faire du business avec eux c'est faire des affaires avec des terroristes» , soutiennent les États-Unis, qui ont inscrit les pasdarans sur la liste des organisations terroristes. «Mauvais calcul», répond l'analyste iranien, Amir Tahéri, qui préconise une approche plus sélective. Grâce à certains d'entre eux, des fléaux comme la corruption ont reculé. Loin de les voir comme les auteurs potentiels d'un «coup d'État» , d'aucuns les considèrent comme les seuls à pouvoir ouvrir le système politique. «Grâce à leur passé militaire, des gens comme le maire de Téhéran, Mohamed Ghalibaf, sont capables de mener à bien une normalisation avec l'Occident. Contrairement à Khatami, ils ont les moyens de mettre en œuvre leur politique pragmatique» , soutient le chercheur Bernard Hourcade. Gardiens de la révolution certes, mais d'une révolution qui change.
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samedi, avril 19, 2008

L'inflation galopante, préoccupation des Iraniens

L'inflation galopante, préoccupation des Iraniens

Reuters, Fredrik Dahl - 12 mars 2008

Le problème le plus pressant des classes moyennes iraniennes avant les élections législatives de vendredi est l'inflation galopante, pas la confrontation entre l'Iran et les pays occidentaux sur son programme nucléaire.

Hashem Hosseini est boucher à Islamshahr, localité à 50 km au sud-ouest de Téhéran dont le nom signifie "ville de l'islam". Dans sa boucherie quasi déserte, il le confirme: le prix de l'agneau a augmenté de 20% au cours du mois passé.
"Ceux qui n'ont pas beaucoup de moyens sont dans une situation bien plus critique", explique-t-il. Voilà qui devrait inquiéter le président Mahmoud Ahmadinejad, arrivé au pouvoir il y a près de trois ans en promettant de répartir les revenus du pétrole iranien plus équitablement.

"C'est quoi cette histoire de nucléaire ?", ricane un jeune homme mécontent, dans un autre commerce. "Il y a des gens ici qui se réveillent la nuit la faim au ventre. Les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres." Comme d'autres Iraniens critiquant le gouvernement, cet homme de 28 ans ne veut pas être donner son nom.
Selon des analystes, les problèmes économiques vont sans doute éclipser la question nucléaire dans l'esprit de nombreux électeurs, même si le scrutin a lieu moins de deux semaines après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une troisième série de sanctions - assez modérées - contre l'Iran.

DÉPENSES SOCIALES

Des hommes politiques mécontents de la façon dont Ahmadinejad gère une économie pesant 280 milliards de dollars cherchent à prendre le contrôle du Parlement, aux mains de ses alliés conservateurs, afin de se renforcer avant l'élection présidentielle de l'an prochain. Si l'inflation galopante peut fragiliser le camp du président avant les élections, la hausse des dépenses sociales à destination des pauvres opérée depuis son arrivée au pouvoir pourrait limiter l'érosion de sa popularité.

Fazrullah Nemati, 63 ans, se plaint lui aussi de l'inflation mais y voit un problème mondial sur lequel le gouvernement a peu de prise. "Ahmadinejad n'est pas responsable", estime cet ingénieur à la retraite, qui sait gré au président d'avoir porté sa retraite mensuelle à deux millions de rials (environ 216 dollars), même s'il a du mal à joindre les deux bouts. Selon le gouvernement, le pays, quatrième producteur mondial de brut, a encaissé environ 70 milliards de dollars de revenus du pétrole au cours de l'année passée. L'économie croît à un rythme annuel qui dépasse 6% et des centaines de milliers d'emplois ont été créés.
Seulement, il ne semble pas que cette prospérité concerne tout un chacun à Islamshahr, où de violentes manifestations contre la hausse des prix avaient eu lieu au milieu des années 1980. Des voitures et des bus décrépits encombrent ses rues polluées. Dans les magasins et sur les marchés, les gens disent avoir du mal à faire face à toutes leurs dépenses, entre les loyers en hausse et les prix alimentaires qui augmentent eux aussi, avec des salaires qui stagnent.

INFLATION OFFICIELLE: 20%

Ahmadinejad, qui aime se présenter comme un défenseur des pauvres, est visé par des critiques de plus en plus vives au Parlement et dans la presse pour son incapacité à juguler l'inflation, officiellement évaluée à 20%. Selon des économistes, elle est sans doute plus élevée. En revanche, la population le soutient en majorité pour son intransigeance dans le dossier nucléaire, même si des responsables politiques plus pragmatiques estiment qu'elle risque d'isoler encore l'Iran.

Les économistes imputent la hausse de l'inflation à des dépenses excessives de pétrodollars, notamment sous la forme de subventions pour l'essence et la nourriture, dans cette économie étroitement contrôlée par l'Etat. Le président, qui devrait sans doute briguer sa réélection en 2009, a accusé ses opposants d'exagérer le problème, tout en promettant d'agir pour maîtriser la hausse des prix à la consommation. Selon Knut Ostby, qui dirige le Programme des Nations unies pour le développement en Iran, l'inflation risque d'accentuer le fossé entre riches et pauvres. "Nous craignons une hausse des inégalités car les salaires ne suivent pas l'inflation et ceux qui ont peu ont de moins en moins", a-t-il dit à Téhéran.

Il salue néanmoins le fait que les autorités tentent d'accroître la protection sociale et de lancer des projets de développement. "Il y a un recul de la pauvreté absolue." A Islamshahr, Hosseini le boucher affirme que les affaires sont bien moins bonnes que d'habitude à cette période de l'année, avant le début des vacances du Nouvel An, le 21 mars. "L'an dernier nous n'aurions pas eu le temps de s'asseoir pour vous parler", dit-il. "Il n'y a plus de files d'attente." Selon lui, un kilo de boeuf, dans son magasin, coûte 75.000 rials, soit une hausse de près de 60% en un an.
C'est trop pour une femme à qui le médecin a conseillé d'acheter de la viande pour son fils de sept ans, malade. "C'était trop cher", déplore cette femme au foyer de 30 ans, qui repart les mains vides. "Cela s'aggrave chaque jour."

jeudi, mars 27, 2008


Dans une récente étude publiée par la Fondation pour l’innovation politique et disponible en ligne, Franck Debié, Directeur général, et Jérôme Monod, Président d’Honneur de la Fondation, font le récit d’un voyage effectué en janvier 2008, à la rencontre de ce pays à la fois ignoré et redouté, ce "condensé de contradictions mal résolues" qu’est l’Iran.

Les auteurs justifient cette entreprise par leur intention de dépasser les préjugés, car, écrivent-ils, "aucune réticence idéologique ou politique, aucune crainte de l’imprévisible ne devaient nous arrêter".

Franck Debié et Jérôme Monod ont donc rencontré des dirigeants religieux ou politiques, des médecins, des entrepreneurs, des intellectuels, pour tenter de donner une cohérence au tableau souvent déroutant présenté par le pays.

Voici quelques-unes de leurs impressions les plus notables.

- Les auteurs relèvent que, contrairement aux attentes, Téhéran, en dépit de sa croissance anarchique, est une ville relativement propre, et que les services publics y fonctionnent. Les grands hôpitaux sont équipés d’un matériel moderne et certains d’entre eux participent à des programmes de recherche sur le cancer en collaboration avec des équipes européennes.

- Les auteurs remarquent également avec surprise l’absence de véritable hostilité à l’égard d’Israël, en dépit du discours officiel.

- Le tableau économique est tout aussi nuancé : malgré les difficultés liées aux sanctions économiques internationales et à la corruption interne, l’Iran est ouvert aux entrepreneurs, en raison de besoins d’investissement très importants. Pour autant, les aides à l’industrie demeurent très limitées pour des raisons historiques, l’économie iranienne étant orientée vers le commerce et la spéculation. Les auteurs relèvent également la soif de nouveauté et l’irrésistible attrait de l’Amérique, que les positions contraires du régime contribuent peut-être à renforcer.

- Profondément nationalistes, les Iraniens ne demandent qu’à rejoindre la marche du monde tout en trouvant leur propre voie, entre islam et démocratie.

Cette publication bien que modeste au niveau de ses ambitions – très court, il prend la forme d’un journal de voyage – s’attache à mettre en évidence les complexités de l’Iran moderne.

A cet égard, la description d’un hôpital ou de l’organisation du bazar s’avèrent plus instructives que la traditionnelle dichotomie voiles noirs/jupes courtes, devenu un passage obligé des reportages consacrés à l’Iran.

En revanche, les aperçus politiques se révèlent quelque peu décevants.

L’entretien avec le grand ayatollah Makârem-Chirâzi ne livre que peu d’enseignements, au-delà des généralités sur les malentendus entre l’Iran et l’Occident.

A cet égard, les notes sur la puissance économique et politique des ayatollahs présentent davantage d’intérêt.

De même, les auteurs s’avouent "impressionnés" par leur rencontre avec l’ancien président réformateur, Mohammad Khâtami, qui prône un dialogue serein avec l’Europe, fondé sur le partage de valeurs communes dans le respect des différences. Or c’est précisément cette tendance à discourir que ceux qui l’ont élu en 1997 lui ont amèrement reprochée par la suite. Après une période d’enthousiasme, Khâtami avait en effet fait étalage de son impuissance devant les manœuvres des conservateurs, mais aussi de son refus de remettre profondément en cause le système politique.

Dans les deux cas, on éprouve l’impression que les auteurs se sont laissés séduire par la traditionnelle affabilité iranienne, qui se double en général d’une certaine réticence à livrer le fond de sa pensée. En dépit de ces réserves, on peut espérer que ce court récit de voyage contribuera à lever les préjugés les plus répandus sur ce pays.

Source : http://www.nonfiction.fr/article-848-les_promesses_de_liran.htm

Projet de construction d’une ligne ferroviaire de l’Iran vers la Chine et la Russie

Source : Al-Manar, Liban

L’Iran envisage de construire des chemins de fer pour une liaison avec l’Asie centrale, en Chine et en Russie, et cela après une réunion à Douchanbé entre les ministres des affaires étrangères du Tadjikistan, d’Afghanistan et d’Iran.

Les ministres des affaires étrangères iranien, afghan et tadjik ont souligné, dans une déclaration commune, leur volonté de construire des lignes de chemin de fer et de coopérer étroitement dans le domaine économique.

L’Iran a déclaré qu’elle appelle à la coopération régionale avec les pays d’Asie centrale pour le transfert de marchandises à travers son territoire et les ports du Golfe Persique, vers la Russie et la Chine. Elle n’a pas divulgué le calendrier de construction de la voie ferrée ni son coût.

vendredi, mars 21, 2008

Signature d'un contrat gazier avec la Suisse

La Suisse met de la diplomatie dans son gaz naturel

Légende photo: En matière d'approvisionnement en gaz, ce qui est bon pour l'Union européenne l'est pour la Suisse. (Keystone)

La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey est en Iran où elle a assisté à la signature d'un contrat de livraison de gaz à la société helvétique Electricité de Laufenbourg (EGL). Un accord critiqué par les Etats-Unis.
La Suisse officielle s'est récemment lancée dans une diplomatie du gaz visant à aider le secteur privé dans ses efforts d'approvisionnement du pays à long terme.


A Téhéran, Micheline Calmy-Rey a évoqué lundi avec les responsables iraniens le dossier du nucléaire et la question des droits de l'homme. Elle a surtout assisté à la signature d'un contrat qui prévoit la livraison dès 2011 de 5,5 milliards de mètres cubes de gaz annuels par la société nationale iranienne à l'entreprise suisse EGL.



L'accord est compatible avec les sanctions de l'ONU contre la république islamique, assure le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Ce que contestent les Etats-Unis. Dans un communiqué de son ambassade à Berne, Washington dénonce cet accord, le qualifiant de «message négatif» en raison de la crise sur le programme nucléaire iranien.


Des précédents

Reste que l'implication de la Suisse officielle dans la politique du gaz a des précédents.



L'an dernier, Suisse et Azerbaïdjan avaient signé un accord pour faciliter la coopération des investisseurs et entreprises privés des deux pays dans le domaine du gaz (et du pétrole).



Puis en février, Berne a envoyé son chef de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) rencontrer le ministre turc de l'énergie. Au menu des discussions, le projet de gazoduc transadriatique (TAP, Trans Adriatic Pipeline).



Le démarche s'explique, car en tant que pays de transit, la Turquie est un chaînon essentiel pour tout projet visant le gaz de la Caspienne et du Moyen-Orient.



Issu d'un partenariat dont fait partie la Société d'électricité de Laufenburg (EGL), le TAP devrait voir sa construction commencer l'an prochain. Sa vocation est d'acheminer vers l'Europe le gaz d'Iran et d'Azerbaïdjan, dotés de très vastes réserves.



«En tant que gouvernement, nous avons été approchés par EGL pour lui offrir un soutien diplomatique dans tous les pays le long de la route de leur pipeline – l'Italie, où elle construit des centrales (électriques) à gaz, l'Albanie, la Grèce, la Turquie, l'Iran, l'Azerbaïdjan», explique Jean-Christophe Füeg, chef de la section Affaires internationale de l'OFEN.



«Il est dans notre intérêt national de soutenir une compagnie dotée d'un projet industriel qui contribuerait à une diversification de l'approvisionnement gazier de l'Europe, et donc, indirectement, de la Suisse.»


Une politique énergétique extérieure

Jusqu'ici, la question gazière était presque exclusivement laissée aux mains des gaziers privés. Dorénavant, la Suisse officielle s'implique. Le gouvernement vient de se doter d'une politique énergétique extérieure – quatrième volet de sa politique énergétique globale.



Dans le gaz, cette implication s'explique par la croissance constante de la demande, l'aspect limité des réserves et surtout de la production, et par la dépendance de la Suisse à l'égard des importations.



Elle intervient alors que le pays hésite à construire des centrales à gaz pour assurer son approvisionnement électrique à moyen terme. Une éventualité qui pousse les grandes entreprises électriques à attaquer le marché du gaz. D'où recomposition possible de la branche (hausse de la concurrence, rachats, fusions, etc)



«Comme tout Etat de nos jours, la Confédération a réalisé que la sécurité énergétique (...) mérite un soutien de l'Etat, explique Jean-Christophe Füeg. Et cela, notamment en matière de sécurisation des investissements au travers de traités bilatéraux entre Etats.»


Un nain à l'échelle européenne

Dans cette grande course au gaz, la Suisse est un nain. Elle pèse moins de 1% des besoins du marché européen, et travaille dans l'ombre de l'Union européenne.



Mais Jean-Christophe Füeg discerne «certaines petites niches où le fait d'être non-membre peut être un avantage. Comme face à la Turquie, par exemple, qui joue la carte énergétique dans le cadre de ses négociations d'adhésion.»



TAP et gazoducs en projet à travers la Turquie et les Balkans pour acheminer le gaz d'Iran, d'Azerbaïdjan ou d'Irak: cette idée paneuropéenne est qualifiée par les spécialistes suisses de quatrième couloir.



Ce quatrième couloir est toutefois encore embryonnaire. Il est lesté de nombreuses inconnues géostratégiques et politiques, dont la moindre n'est pas le mécontentement des Russes (concurrents) et des Américains (l'Iran et son nucléaire).


Trois canaux d'approvisionnement

«Si un jour ce canal voit le jour, il pourra bénéficier à la Suisse. (...) Il a donc le soutien de la Confédération», indique Jean-Christophe Füeg. Il pourra en effet permettre à la Suisse de diversifier et sécuriser son approvisionnement.



A travers son industrie gazière traditionnelle, qui recourt à l'intermédiaire des grands groupes européens, la Suisse se fournit actuellement à travers trois canaux: Europe du Nord (Norvège, Pays-Bas, Allemagne), Algérie par la France (où elle stocke également), et Russie (assez marginal).



La grande chance de la Suisse en terme de diversification des sources est de se situer à cheval entre les trois principaux marchés gaziers européens. L'Italie par exemple parie sur de nouveaux terminaux méthaniers alors que l'Allemagne se fournit surtout grâce aux gazoducs.



Si elle voit d'un bon œil la stratégie de long terme des électriciens, la filière gazière traditionnelle ne ressent pas le besoin d'investir lourdement pour le 4e couloir, indique Eric Défago, Président de Gaznat, société qui pourvoit la Suisse romande en gaz.


L'avenir est aussi au gaz liquéfié

Trop petits, les gaziers suisses privilégient plutôt les prises de participations, en Norvège par exemple, et parient sur le gaz liquéfié. Et comme la Confédération, qui se veut «vigilante», ils se montrent plutôt confiants sur l'avenir de l'approvisionnement.



«En termes de ressources, nous n'aurons pas de problème avant trois ou quatre générations, estime Eric Défago. Il faudra graduellement aller chercher notre gaz toujours plus loin – les gisements du Nord sont plutôt en déclin. Mais nous ne sommes pas inquiets.»



Plus loin, cela impliquera toujours plus de gaz liquéfié, estime-t-il. De 11% en Europe, sa part devrait passer à 26% en 2010. En ligne de mire: la constitution d'un véritable marché mondial fondé sur les bateaux méthaniers.



swissinfo, Pierre-François Besson

Les données sont chargées


DROITS DE L'HOMME

Dans le cadre de sa visite à Téhéran, la cheffe de la diplomatie suisse a aussi rencontré son homologue iranien Manoucher Mottaki pour évoquer la situation des droits de l'homme.



Tous deux ont convenu que le dialogue mené par la Suisse et l'Iran depuis cinq ans sur ce sujet doit aborder des questions concrètes. Dans cette perspective, une commission sera chargée de préparer la prochaine rencontre.



Avec son homologue, Micheline Calmy-Rey a évoqué la peine de mort, notamment à l'égard des mineurs, ainsi que les châtiments corporels comme les lapidations ou les amputations.



Des divergences d'opinions sont apparues sur la rhétorique utilisées par Téhéran à l'égard d'Israël, a reconnu la cheffe de la diplomatie suisse en présence de Manoucher Mottaki. Elle a souligné qu'il était inacceptable pour la Suisse qu'un membre de l'ONU nie le droit à l'existence d'un autre Etat.



La conseillère fédérale a par ailleurs rappelé que la Suisse continuait à s'engager en faveur d'une solution diplomatique dans la crise liée au programme nucléaire iranien.


CONTEXTE

L'industrie suisse du gaz naturel (méthane) emploie 1700 collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 1,7 milliards de francs. Son réseau de distribution s'étend sur 16'000 km. Contrairement à celui de l'Union européenne, le marché intérieur n'est pas libéralisé.



Une centaine d'entreprises, essentiellement publiques, approvisionnent la population. Elles se fournissent à l'étranger à travers quatre sociétés régionales regroupées au sein d'une centrale d'achat (Swissgaz).



La Suisse comme le reste du monde consomment toujours plus de gaz naturel (doublement entre 1980 et 2006 à l'échelle mondiale). Le gaz représente 12% des besoins énergétiques helvétiques. Les ménages utilisent 40% du total, l'industrie 33%, les services et les transports 27%.



La Suisse se fournit exclusivement à l'étranger. Elle est reliée par douze points d'entrée au réseau de gazoducs européen, qui s'étend sur 190'000 km de la Baltique à la Méditerranée et de l'Atlantique à la Sibérie. Alternative: le gaz est de plus en plus souvent transporté sous forme liquide par des navires appelés méthaniers.



Des contrats à long terme de 20 à 25 ans couvrent les trois quarts des besoins de la Suisse. L'Office fédéral de l'énergie estime que 95% du gaz consommé à l'interne vient des Pays-Bas, de la Russie, de la Norvège, de l'Allemagne et de l'Algérie.

mercredi, mars 19, 2008

Le Maroc et l'Iran décident d'organiser des semaines commerciales dans les deux pays

Courrier International - 25 février 2008

Le président de la fédération des chambres du commerce du Maroc, M. Driss Houat, a annoncé lundi à Téhéran que le Maroc et l'Iran ont décidé d'organiser, en avril prochain, des semaines commerciales iranienne au Maroc et marocaine en Iran.

Dans une déclaration à la MAP, à l'issue d'une rencontre entre hommes d'affaires iraniens et marocains au siège de la chambre du commerce, de l'industrie et des mines de Téhéran, M. Houat, qui a qualifié cette rencontre de " fructueuse ", a relevé " la volonté réaffirmée " des hommes d'affaires des deux pays de redoubler d'efforts pour approfondir et promouvoir la coopération économique et commerciale maroco-iranienne.
Le responsable marocain a également souligné que les deux parties ont décidé de mettre en place un conseil d'affaires maroco-iranien, qui constituera " le cadre idoine pour approfondir la connaissance des opportunités et possibilités offertes des deux côtés, mais également pour ancrer le climat de confiance entre les opérateurs des deux pays ".

Après avoir rappelé que la partie marocaine a invité les opérateurs économiques et hommes d'affaires iraniens à assister aux deuxièmes assises des chambres de commerce du Maroc, prévues en mai prochain, M. Driss Houat a expliqué que cette initiative s'inscrit dans le cadre des contacts et échanges de visites des deux côtés, soulignant l'importance d'organiser des flux touristiques et de la création d'une ligne aérienne entre les deux pays.

D'autre part, le président de la chambre du commerce, de l'industrie et des mines de Téhéran, qui a salué la décision d'organiser des semaines commerciales iranienne au Maroc et marocaine en Iran, a affirmé que les hommes d'affaires iraniens sont disposés à " contribuer efficacement à toute actions visant la promotion de la coopération économique et commerciale bilatérale".

Il a également évoqué les opportunités de coopération entre les opérateurs des deux pays, comme l'exploitation des potentialités touristiques de part et d'autre, la création de partenariats dans les secteurs de l'automobile, du textile, de l'électroménager et autres, ainsi que la possibilité de création d'une banque privée iranienne au Maroc.

Dans son intervention à cette rencontre, l'ambassadeur du Maroc en Iran, M.Mohamed Louafa, s'est félicité de la décision d'organiser des semaines économiques et commerciales, manifestations qui, a-t-il ajouté, " permettront certainement d'approfondir davantage les liens d'amitié et de coopération séculaires entre les deux pays frères et amis".

Il a rappelé que la panoplie d'accords et conventions signés entre les deux pays et ceux soumis à la signature, lors de la présente session de la commission mixte maroco-iranienne, constitue " le cadre adéquat permettant de développer une coopération économique, commerciale et culturelle que les deux parties appellent de leurs voeux ".

Auparavant, le ministre du commerce extérieur, M. Abdellatif Maâzouz, qui a assisté à cette rencontre, a souligné que le Maroc offre les conditions idéales pour la commercialisation et l'acheminement des marchandises iraniennes vers d'autres pays, rappelant la position stratégique qu'occupe le Maroc et sa proximité avec l'Europe, l'Afrique et les Amériques et les nombreux accords et conventions signés avec ces pays, qui représentent un marché de près d'un milliard de consommateurs dont 300 millions disposant d'un pouvoir d'achat très élevé. En marge des travaux de la commission mixte maroco-iranienne, les membres de la délégation marocaine effectuent lundi, des visites d'information dans plusieurs unités industrielles, dont l'usine de fabrication automobile " Iran-Khodro ", dans la banlieue de Téhéran, et l'unité de traitement et de conditionnement du lait " Pegah Milk ".

dimanche, mars 16, 2008

Une Bourse internationale de pétrole à Téhéran

Petit à petit les Pétroeuros pourraient remplacer les Pétrodollars
Par Pepe Escobar
Asia Time Online, le 21 février 2008
article original : "Slouching towards Petroeurostan"

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C'était une affaire discrète, très confidentielle, mais après presque trois années de délais bloquants et interminables, c'est finalement arrivé. Maintenant, plus que jamais, cela pourrait aussi annoncer un tremblement de terre géo-économique, un coup potentiellement rude pour l'hégémonie du dollar américain.

La bourse iranienne du pétrole — la première bourse du pétrole, du gaz et des produits pétrochimiques de la République Islamique, et la première au sein de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) — a été inaugurée dimanche dernier par le Ministre du Pétrole iranien Gholam-Hossein Nozari, flanqué du Ministre de l'Economie et des Finances Davoud Danesh Ja'fari, l'homme qui dirigera cette bourse.

Officiellement, Bourse Internationale Iranienne du Pétrole (IIPE — Iranian International Petroleum Exchange), beaucoup, en Iran et dans le Golfe Persique, la connaissent sous le nom de Bourse de Kish, d'après l'île de Kish, une zone franche (déclarée par le Shah) dans un cadre idéal de laissez-faire : de nombreux immeubles d'appartements et de galeries marchandes hors taxes, aucun méga-portrait de Khomeyni et des hordes de jeunes mariés en lune de miel qui viennent acheter des appareils électroménagers fabriqués en Europe.

Selon Nozari, les transactions, à ce stade précoce, se feront dans la devise iranienne, le rial, mettant fin à la spéculation qui a couru dans le monde entier que cette bourse commencerait ses échanges en euro. L'ambassadeur iranien auprès de la Russie, Gholam-Reza Ansari, a déclaré que "dans le futur, nous pourrons utiliser la devise russe, le rouble, pour nos échanges". Il a ajouté que "la Russie et l'Iran, deux producteurs principaux de l'énergie mondiale, devraient encourager les transactions de pétrole et de gaz dans diverses devises autres que le dollar, libérant le monde de son esclavage vis-à-vis du dollar".

Le premier vice-Premier ministre de la Russie, Dimitri Medvedev, a déclaré la semaine dernière que "le rouble deviendra de facto l'une des devises de réserve régionales".

L'ouverture de cette bourse est ce que les Iraniens appellent juste la première phase. Au bout du compte, elle est destinée à faire directement concurrence à la Bourse Internationale du Pétrole de Londres (IPE — International Petroleum Exchange) et à la Bourse Marchande de New York (NYMEX — New York Mercantile Exchange), toutes deux possédées par des grosses entreprises américaines (depuis 2001, le NYMEX appartient à un consortium qui inclut BP, Goldman Sachs et Morgan Stanley). Ce que l'Iran projette de faire à long terme est assez osé : affronter directement la domination anglo-américaine par l'intermédiaire de grosses entreprises d'énergie et des grandes banques sur le commerce international du pétrole.

Beaucoup de choses sont déjà nécessaires pour assurer le succès de cette bourse dans sa première phase. D'autres membres de l'OPEP, et en particulier les voisins de l'Iran, les pétro-monarchies du Golfe Persique, doivent la soutenir ou du moins en "comprendre le sens général".

Il est sensé que les membres de l'OPEP soutiennent une alternative à la fois au NYMEX et à l'IPE, qui exercent un monopole de fait sur le marché du pétrole et du gaz. Les intérêts de ces dernières ne s'alignent pas toujours sur ceux des pays producteurs. De nombreux contrats liés au pétrole iranien ou saoudien, par exemple, sont toujours indexés sur le prix du brent britannique de la Mer du Nord, dont la production en déclin est dans sa phase terminale.

Mohammed Javed Asemipour, alors directeur exécutif en charge d'établir la bourse de Kish, en 2005, a indiqué la direction envisagée de cette bourse. Les contours qu'Asemipour a soulignés restent inchangés : la bourse commencera à échanger des contrats de produits pétrochimiques et, ensuite, ce que tout le monde attend vraiment avec impatience : le brut peu soufré de la Mer Caspienne. Cette bourse ne sera pas de style iranien, mais "une bourse internationale, complètement intégrée dans l'économie mondiale". Le but ultime est très ambitieux : la création d'un prix de référence pétrolier du Golfe Persique.

Aujourd'hui, le Ministre Nozari concède que la part de l'Iran dans le commerce mondial du pétrole est encore très faible. C'est là que la Bourse entre en jeu, en étant la solution pour éliminer les intermédiaires. Tout le monde dans le business du pétrole sait que les prix élevés du pétrole ne sont pas vraiment dus à l'OPEP — qui fournit 40% du brut mondial — ou aux "menaces d'al-Qaïda". Les principaux profiteurs sont les intermédiaires — les "traders" pour le dire poliment, les "spéculateurs" pour le dire de façon plus crue.

Les priorités immédiates du Ministre du Pétrole sont d'attirer les investissements étrangers vers le secteur l'énergie, dont l'Iran a grand besoin, et d'étendre son carnet d'adresse d'acheteurs de pétrole. L'Iran — comme tant de pays en développement — ne veut pas dépendre des firmes occidentales qui font le commerce du pétrole, telles que Philip Brothers (possédée par Citicorp), Cargill or Taurus. Enron — jusqu'à sa débâcle — en était l'une des plus profitables. Certaines compagnies pétrolières — telles que Total et Exxon — commercent le pétrole directement sous leurs propres noms.

L'empire contre-attaquera
L'ouverture de la bourse pétrolière iranienne arrive à un moment où l'avenir du dollar américain, en tant que devise mondiale dominante, est mis en doute comme rarement auparavant.

Lors du Forum Economique Mondial à Davos, le mois dernier, le méga-spéculateur George Soros a souligné que le monde était à la fin de l'ère du dollar et qu'une "faillite du système" pourrait nous tomber dessus. Le 8 février à Dubaï, le Secrétaire-Général Abdulhah al-Badri a déclaré au Middle East Economic Digest dont le siège se trouve à Londres, que l'OPEP pourrait passer à l'euro d'ici une dizaine d'année. L'Iran et le Venezuela — soutenus par l'Equateur — font campagne au sein de l'OPEP pour que le prix du pétrole soit au moins déterminé dans un panier de devises et, selon le président actuel de l'OPEP, Chakib Khelil, les ministres des finances de l'organisation se rencontreront bientôt pour discuter en profondeur de cette possibilité. Selon le Ministre du Pétrole irakien, Hussein al-Shahristani, une commission "soumettra à l'OPEP sa recommandation sur un panier de devises dans lesquelles les membres de l'OPEP échangent".

Certes, il n'y a aucune indication pour l'instant que l'allié ultra-prudent des Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, accepterait d'encourir la colère de Washington en soutenant une telle manœuvre. Mais en ce qui concerne l'Iran, le deuxième plus gros exportateur de l'OPEP, il n'échange plus le moindre baril de pétrole en dollar. Donc, ce n'est pas une petite quantité qu'ils échangent dans d'autres devises. Selon Nozari, le revenu pétrolier de ce pays atteindra 43 milliards d'euros entre le 20 mars prochain et la fin de l'année.

En décembre 2007, l'Iran a converti tous les paiements de ses exportations de pétrole dans d'autres devises. Il vend désormais du pétrole au Japon en yen — ce pays d'Extrême-Orient, la deuxième économie du monde, est le premier importateur de pétrole iranien et l'Iran est le troisième plus gros fournisseur du Japon. Ce qui est inquiétant pour le dollar, c'est que d'autres producteurs de pétrole se préparent à suivre l'exemple de l'Iran. Le Premier ministre du Qatar, Cheikh Hamad bin Jassim al-Thani a déjà annoncé que le minuscule émirat riche en pétrole abandonnerait le dollar pour le riyal qatari avant l'été. Il y a aussi une forte possibilité que les Emirats Arabes Unis passent à leur propre devise.

Alors que la bourse de Kish prend de la vitesse, des quantités croissantes d'échanges de pétrole et de gaz auront lieu dans un panier de devises — et, de plus en plus, le dollar américain perdra son statut suprême. Quelques analystes du Proche-Orient s'attendent à ce que les pétro-monarchies du Golfe mettent fin à l'indexation de leur devise sur le dollar plus tôt que l'on pense — certains disent dès cet été, alors que leur or noir s'échangera de moins en moins en dollar. L'économiste iranien Hamid Varzi souligne que "l'effet psychologique" de l'éloignement de l'Iran par rapport au dollar "encourage les autres à faire pareil".

Les officiels iraniens ont toujours maintenu que Washington a menacé d'interrompre les échanges pétroliers de ce pays — au moyen d'un virus en-ligne, d'une tentative de changement de régime ou même d'une frappe nucléaire préventive unilatérale. Il est certain que des analystes défendent l'idée selon laquelle la force du dollar, de la même manière que la livre britannique auparavant, est le reflet de la force militaire de ces pays et c'est elle qui la maintienne.

D'un autre côté, le possible succès de cette bourse pourrait être crucial pour annoncer la puissance évanescente des Etats-Unis, dans un monde qui évolue vers la multipolarité. Les Saoudiens et les pétro-monarchies du Golfe Persique ont déjà décidé de réduire leurs détentions de dollars. Washington, tôt ou tard, devra peut-être payer en euro ses importations de pétrole et de gaz.

Il ne faut pas s'étonner que le Président vénézuélien Hugo Chavez soit diabolisé à ce point par Washington, alors qu'il répète que l'empire du dollar est en train de tomber. Le Ministre des Affaires Etrangères saoudien, le Prince Saoud al-Faiçal, a concédé, lors du dernier sommet de l'OPEP à Riyad, que le dollar s'effondrerait si l'OPEP décidait de passer à l'euro ou à un panier de devises. Lors de l'interruption d'une réunion — avec le microphone ouvert par erreur — le Prince Saoud a dit : "Mon sentiment est que la moindre mention que les pays de l'OPEP étudient la question du dollar aura à elle seule un impact mettant en danger les intérêts de ces pays. Il se trouvera des journalistes qui sauteront sur ce point et nous ne voulons pas que le dollar s'effondre au lieu de faire quelque chose de bon pour l'OPEP".

La question à mille milliards de dollars est si, et quand, la plupart des importateurs européens et asiatiques de pétrole pourraient se précipiter vers la bourse pétrolière iranienne. Les membres de l'OPEP, de même que les producteurs de pétrole de la Caspienne pourraient être inévitablement séduits par les avantages de vendre [leur production] à Kish — dépourvue des intermédiaires tant redoutés. Les Européens, les Chinois et les Japonais y verront aussi des bénéfices s'ils peuvent acheter le pétrole en euro, en yen ou même en yuan — ils n'auront pas besoin de dollars américains — et les mêmes choses s'appliquent à leurs banques centrales.

Il suffirait de quelques exportateurs majeurs de pétrole qui passent du dollar à l'euro — ou au yen — pour détruire la tutelle du pétrodollar. Le Venezuela, la Norvège et la Russie sont tous prêts à dire au-revoir au pétrodollar. La France soutient officiellement un rôle plus fort pour l'euro sur le commerce international du pétrole.

Il se pourrait que la route soit encore longue, mais, à la fin, l'émergence, à Kish, d'un nouveau marqueur pétrolier en euros conduira au pétroeuro sur le marché mondial du pétrole. L'Union Européenne importe beaucoup plus de l'OPEP que les Etats-Unis et 45% des importations du Proche-Orient proviennent de l'UE.

Le symbolisme de la bourse pétrolière iranienne est saisissant : il montre que l'éloignement du dollar est irréversible — et que, plutôt tôt que plus tard, la capacité de Washington à lancer des guerres à crédit sera en diminution. Mais à ce stade précoce dans ce jeu, une seule chose est certaine : l'empire contre-attaquera.

(Copyright 2008 Asia Times Online Ltd, traduction JFG-QuestionsCritiques. All rights reserved.)

Elections législatives du 15 mars : les conservateurs obtiennent les deux-tiers du nouveau Parlement

Par Par Siavosh GHAZI AFP - Samedi 15 mars, 22h47TEHERAN (AFP) - Les conservateurs ont confirmé leur emprise sur le Parlement iranien, où ils tiendront plus de deux tiers des sièges selon des résultats partiels samedi, mais les réformateurs se maintiennent malgré la disqualification d'un grand nombre de leurs candidats.

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"Plus de 71% des sièges du Parlement ont été gagnés par les défenseurs des principes", les conservateurs, a déclaré le ministre de l'Intérieur Mostafa Pour Mohammadi dans une conférence de presse à Téhéran.

Les conservateurs détenaient la majorité dans le Parlement sortant, élu en 2004 et qui compte 290 sièges. Ils ont bénéficié à nouveau de la disqualification de nombreux candidats réformateurs par les organes du pouvoir.

M. Pour Mohammadi a évoqué une "participation massive du public" au scrutin, avec un taux d'"environ 60%".

Dans le camp de la Coalition des réformateurs, formée par une trentaine de partis et initiée par l'ancien président Mohammad Khatami, le porte-parole Abdollah Nasseri s'est félicité d'avoir, "malgré toutes les restrictions, réussi à perturber le jeu de nos adversaires".

Cette Coalition, dont de nombreuses personnalités avaient été empêchées de concourir, espère approcher une part de 20% des sièges du Parlement.

Selon M. Nasseri, elle compte en province 34 élus dès le premier tour et espère en obtenir 15 au deuxième tour, prévu entre les 13 et 27 avril. Elle est aussi "en bonne position à Téhéran", où 30 sièges sont à prendre.

Confirmant la tendance nationale cependant, les conservateurs sont arrivés en tête dans la capitale, selon des résultats partiels portant sur près d'un tiers des urnes communiqués par le ministère de l'Intérieur, cité par l'agence Isna.

La capitale est l'enjeu d'un double duel, entre réformateurs et conservateurs, mais surtout entre deux listes concurrentes chez ces derniers.

La principale, le Front uni des défenseurs des principes, comprend le parti soutenant le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, le "Doux parfum de servir".

La deuxième, la Coalition élargie des défenseurs des principes, est parrainée par des conservateurs critiques du président, dont l'ex-négociateur du dossier nucléaire Ali Larijani et le maire de Téhéran Mohammad Baqer Qalibaf.

La liste de la Coalition élargie comporte pour la capitale 20 candidats qui lui sont propres, alors qu'elle en partage environ 200 dans le reste du pays avec le Front uni.

Parmi les personnalités conservatrices, M. Larijani a été élu avec 76% des suffrages dans la ville sainte de Qom (centre), selon l'agence Fars.

Le secrétaire exécutif du Front uni, Shahabeddine Sadr, a dit à l'AFP que sa liste avait "été bien accueillie par les masses et c'est le signe de la confiance qu'a le peuple dans les défenseurs des principes dans le pays".

Selon lui, les candidats du Front uni devraient obtenir au final environ 65% des sièges.

Aucun résultat n'était disponible par ailleurs pour le parti réformateur de l'ex-président du parlement, Mehdi Karroubi, la Coalition nationale. Ce dernier avait été pourtant mieux traité que la Coalition des réformateurs par le Conseil des gardiens de la constitution, chargé du filtrage des candidats.

Les résultats de M. Karroubi ont peut-être pâti des remerciements publics qu'il avait adressés au Conseil.

Pour les autorités, le scrutin a été avant tout un succès grâce au taux de participation annoncé.

M. Pour Mohammadi a salué une "participation irrésistible" des électeurs, censée adresser un message d'unité nationale aux "ennemis" de l'Iran, en allusion à l'Occident en tête duquel les Etats-Unis.

"Le vote de la nation a brisé les reins de l'ennemi", titrait dès le matin le quotidien ultraconservateur Kayhan.