jeudi, mars 16, 2006

Bourse de Téhéran-Investissements directs étrangers

Les premières licences autorisant des investissements directs étrangers à la Bourse de Téhéran ont été délivrées. Elles concernent la société Asian Capital Partners (à concurrence de 100 MEur), un groupe d’investisseurs libanais (50 MEur) et la Future Bank of Bahreïn (100 MEur). Selon les autorités, d’autres licences sont à l’étude notamment à la demande de pays du Golfe Persique comme le Koweït ou l’Arabie Saoudite. Selon les règlements en vigueur, les investisseurs étrangers ne peuvent détenir plus 10% de la capitalisation boursière et doivent attendre trois ans pour rapatrier leurs capitaux.

Pour rappel, les IDE en Iran se heurtent à plusieurs obstacles, tant d’ordre interne (règles très restrictives, prépondérance de l’Etat dans l’économie, qu’il contrôle à hauteur de 85%) qu’externe (loi d’Amato interdisant, y compris pour les sociétés non-américaines, les investissements dans le secteur pétrolier ou parapétrolier au-delà de 20 M USD).

Dans ces conditions, les flux d’IDE se trouvent fortement contraints. Même si l’évaluation de leur montant reste extrêmement aléatoire, le chiffre avancé par le FMI (international financial statistics) de 200 M USD pour 2002 (après 94 M USD en 2001 selon la même source) témoigne de cette faiblesse. Il est vrai cependant que les IDE stricto sensu ne reflètent pas la réalité des financements opérés en Iran par des sociétés étrangères, qui peuvent prendre par exemple la forme de contrats de buy-back, dont l’importance est considérable (ainsi les phases 2 et 3 de South Pars, financées pour 2 Mds USD par Total).

L’Iran était, depuis la Révolution, resté largement en marge des flux d’investissement étranger. Les implantations françaises sont peu nombreuses et datent souvent de l’Iran impérial mais l’émergence de nouveaux projets, notamment dans les secteurs pétroliers et automobile, commence à changer la donne.

Selon la Banque Centrale d’Iran, le montant des flux d’IDE a été de 643 M USD en 2003/2004 (contre 250 M USD l’année précédente). Il est vrai cependant que les IDE stricto sensu ne reflètent pas la réalité des flux opérés en Iran par des sociétés étrangères, notamment dans le secteur pétrolier sous forme de buy-back (qui sont en fait des contrats de services) pour un montant estimé par le FMI à plus d’1 Md USD entre mars 2003 et mars 2004.

Enfin, précisons que la Banque Centrale iranienne a publiée les comptes de la nation pour l’année écoulée (21 mars 2004 au 20 mars 2005) : la croissance du PIB a atteint
4,8% (5,1% hors pétrole), ce qui est inférieur aux prévisions du 3ème plan
(+6,8%) et aux résultats de l’année précédente (+6,7%). Ce résultat en demi-teinte est imputable à un net ralentissement du secteur de la
construction (-5,9%) et à une stagnation du secteur agricole (+2,2%).
Curieusement, le secteur pétrolier, qui représente à lui seul 25% du PIB,
n’a progressé que de 2,6% contre 12,9% l’année précédente.
Il convient toutefois de noter que le secteur manufacturier et celui des
services, qui constituent à eux deux plus de 60% du PIB, ont enregistré
respectivement des progressions de 11,9 et 4,8%. La consommation privée
a augmenté de 8,6% tandis que les investissements (formation brute de
capital fixe) ont progressé de 6,4%.
Les autorités ne sont toujours pas parvenues à juguler l’inflation qui a
atteint 15,2%, ce qui est supérieur à l’objectif que s’était fixé la Banque
Centrale (+13%) mais légèrement inférieur à l’année précédente (15,6%) et
à la moyenne des cinq années précédentes (+15,9%). L’une des causes
endémiques de l’inflation iranienne réside dans la création monétaire qui a
progressé de 30,2% (M2). Le chômage aurait baissé pour sa part de 14 à
10,3% de la population active.
Sur le plan des paiements extérieurs, la situation s’est très nettement
améliorée : les exportations d’hydrocarbures sont passées de 27,3 à 36,8
Mds USD, soit une progression de près de 35%. Dans le même temps, les
exportations non pétrolières ont enregistré une hausse de 14% pour
atteindre près de 7,6 Mds USD. En dépit d’une augmentation de 24% des
importations à 36,6 Mds USD, l’Iran a enregistré un excédent commercial
record de 7,8 Mds USD ; le solde traditionnellement déficitaire des services
ne s’étant creusé que de 6% (4,8 Mds USD contre 4,5 l’année précédente),
la balance des paiements courants a enregistré un excédent de 4 Mds USD
équivalent à 2,5% du PIB. Les réserves nettes en devises de la Banque
Centrale atteignaient 20,7 Mds USD au 20 mars 2005, en progression
d’environ 50% par rapport à mars 2004, et représentaient près de 7 mois
d’importations. La dette extérieure atteignait à la même date 15,7 Mds
USD (dont 6,6 Mds USD de dette à moyen et long terme), soit 9,8% du
PIB.

L’Iran devrait également enregistrer d’importants surplus dans le domaine
des finances publiques puisque les prévisions budgétaires 2005/2006 ont
été établies en fonction d’un prix du baril exporté de 28 dollars alors qu’au
cours des neuf dernier mois, selon le Gouverneur adjoint de la Banque
Centrale, le prix du baril exporté par l’Iran a été en moyenne de 46,7 USD.
Pour la première fois de son histoire, le prix du baril de brut iranien a passé
en juin la barrière des 50 USD et a même atteint 53 USD fin juillet. Au
cours des 6 premiers mois de l’année en cours (21 mars-20 août 2005), les
recettes pétrolières auraient atteint 16,3 Mds USD, soit la totalité de la
contribution prévue du secteur pétrolier au budget de l’état pour l’année
entière. Les recettes attendues sur l’année sont estimées par la NIOC a plus
de 44 Mds USD. Avant prélèvement sur le Fonds de réserve pétrolier
(OSF), le déficit public pour 2004/2005 avait approché les 3%
(probablement ramené à l’équilibre au gré de tirages sur le fonds de
stabilisation pétrolier (OSF)) mais, sauf dérapage incontrôlé le solde public
pourrait être nettement excédentaire alors même que les sommes déposées
sur l’OSF doubleraient pour dépasser les 20 Mds USD.

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