vendredi, novembre 25, 2005

L'Iran pétrolier en pleine tension

L'Iran a annoncé un grand "chambardement" diplomatique avec le rappel prochain d'une quarantaine d'ambassadeurs ou assimilés, dont certains interlocuteurs privilégiés des Occidentaux sur des questions aussi sensibles que le nucléaire.

L'Iran compte à l'étranger 98 représentations diplomatiques et 15 consulats, selon les Affaires étrangères. Ce seraient donc près du tiers au moins des chefs de missions iraniennes qui changeraient dans les prochains mois.Cette annonce ne va pas manquer d'être interprétée comme un coup de balai qu'opèrerait l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad après son accession à la présidence en août, et un nouveau signe de la détérioration des relations avec les Occidentaux.

Sur le plan économique, la nomination de personnalités expérimentées a dans un premier temps rassuré les investisseurs. Mais les discours économiques d'Ahmadinejad, qui a notamment suggéré que les taux d'intérêt soient fixés par décret présidentiel sans prise en compte de l'inflation, ont provoqué la consternation.

I - Impact économique

Depuis juin, la Bourse de Téhéran a perdu 25% et les fuites de capitaux se sont multipliées. Les accrochages diplomatiques ont conduit à des embargos officieux sur les importations de produits britanniques et sud-coréens. Les relations avec l'Italie, solide partenaire de Téhéran, se sont dégradées.

La crispation des relations avec les Occidentaux n'en demeure pas moins. Rien ne permet de prévoir une reprise du dialogue avec les Européens. L'Agence internationale de l'énergie atomique, qui se réunit le 24 novembre, pourrait avoir à décider de saisir le Conseil de sécurité de l'Onu.

Mercredi matin, un engin explosif de faible puissance à explosé, pour la deuxième fois depuis août, devant les locaux de grandes compagnies britanniques à Téhéran, sans faire de blessé.

II - Invasion passée de l'Iran et risque actuel

L'Iran est en 1941 un pays neutre mais il est envahi par la Grande-Bretagne et l'URSS en août 1941, qui veulent empêcher les Allemands de s'emparer des gisements pétroliers, le pays possédant déjà à l'époque d'énormes réserves de pétrole, mais aussi parce que l’Iran était devenu un important corridor que les Américains empruntaient pour approvisionner en armes l’Union soviétique.

"L'Iran doit réaliser que la communauté internationale ne peut pas tolérer une conduite qui soutient le terrorisme dans le monde, qui ne respecte pas ses obligations à l'égard de (l'AIEA) concernant les armes nucléaires", a déclaré très récemment le Premier ministre britannique Tony Blair, tout en précisant que "personne ne parle de menaces militaires ou d'invasion de l'Iran".

Le président américain George W. Bush avait refusé d'exclure le recours à la force contre l'Iran à la suite de la décision de ce pays de reprendre ses activités de conversion d'uranium, lors d'une interview à la télévision publique israélienne diffusée le 12 août 2005.

III - Synthèse du secteur pétrolier iranien

A l'heure actuelle, l’Iran compte 32 champs pétroliers en exploitation dont 25 ONshore et 7 offshore. La capacité de production théorique est estimée à 4,037 M b/j et la production moyenne maximale soutenable à moyen terme à 3,941M b/j. En 2004 la production peut être estimée à 4,1 M b/j. L’Iran a exporté en 2004 environ 2,5 Mb/j de pétrole à destination principalement du Japon, de la Chine, de la Corée du Sud, de Taiwan et de l’Europe.

Les réserves prouvées de l’Iran ont été réévaluées fin 2003 par le Ministère du Pétrole à 125,8 Mds de barils (contre 90 Mds précédemment), soit plus de 10% du total des réserves prouvées mondiales, les deuxièmes au monde après l’Arabie Saoudite. Elles assurent à l’Iran, au taux d’extraction actuel, 93 années de production.

IV - Principaux opérateurs présents en Iran

En mai 2005, un contrat a été signé sur les 16 blocs mis en concurrence onshore avec le Thaïlandais PTT et les négociations sont en cours de finalisation avec des intérêts chinois. Offshore, des blocs ont été attribués notamment à Repsol et l'opérateur brésilien Petrobras.

En termes de développement, des projets importants sont en cours, objets de mémoires d’ententes (MOU) ou à l’étude avec principalement
. les champs de Azadegan par Inpex (150.000 b/j en phase 1 puis 260.000 b/j en phase 2),
. Azadegan nord (90 à 100.000 b/j), Yadavaran (300 à 400.000 b/j – MOU signé avec le chinois Sinopec),
. Jofeyr par PetroIran en association avec Schlumberger (30.000 b/j) ou South Pars Oil layer (5.000 b/j).

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