jeudi, novembre 10, 2005

L'Iran procède à un vaste remaniement diplomatique

Alors que s'approche l'échéance de la réunion, le 24 novembre, du conseil des directeurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui pourrait décider d'un transfert du dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU, les échanges entre Téhéran et les capitales occidentales se sont faits, mercredi 2 novembre, encore un peu plus acrimonieux.

Après avoir créé le scandale, il y a une semaine, en appelant à « rayer Israël de la carte », le président iranien ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, a commencé à procéder à un remaniement des représentations diplomatiques de l'Iran dans de nombreux pays, dont la France et la Grande-Bretagne. Ces deux pays, aux côtés de l'Allemagne, tentent, en vain, depuis des mois, de convaincre Téhéran de renoncer à un programme d'enrichissement d'uranium, en échange de propositions économiques. Une quarantaine d'ambassadeurs et de chefs de mission diplomatique iraniens seront rappelés à Téhéran d'ici mars 2006, a annoncé le ministère iranien des affaires étrangères. Si l'information n'a pas surpris les chancelleries occidentales, qui s'attendaient à des changements de personnel après la prise de fonctions, en août, du nouveau dirigeant iranien, elle confirme la crispation du régime des mollahs dans ses rapports avec le monde extérieur.

INJONCTIONS EUROPÉENNES

Dans le dossier du nucléaire, Téhéran a manifesté un nouveau refus de céder aux injonctions des Européens, en faisant savoir, par une déclaration auprès de l'AIEA, que les équipes iraniennes commenceraient prochainement de nouvelles activités de conversion d'uranium sur leur site d'Ispahan. L'Iran a parallèlement voulu envoyer un signal plus coopératif, en autorisant, depuis quelques jours, des visites d'inspecteurs de l'AIEA sur un site militaire à Parchine. Toutefois, on estimait, de source française, que ce geste iranien ne changeait pas fondamentalement la donne, les modalités de ces visites étant encore peu claires, et d'autres sites sensibles demeurant interdits d'accès.

La France a réitéré, mercredi, que, faute de coopération satisfaisante de la part de l'Iran, une saisine du Conseil de sécurité pourrait intervenir. Cette mesure peut en principe - à condition d'avoir l'assentiment de la Russie, fortement impliquée dans le programme nucléaire iranien - ouvrir la voie à des sanctions contre Téhéran. Mais, du point de vue français, le recours au Conseil de sécurité, s'il a lieu, doit en priorité consister à donner plus de poids aux démarches de l'AIEA, et non à déclencher un mécanisme de sanctions. Le ministre français des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a déclaré mercredi, devant l'Assemblée nationale, que, le 24 novembre, « il y aura de la part de la France à la fois une fermeté, mais également une recherche de l'unité de la communauté internationale ».

Le premier ministre britannique, Tony Blair, a affirmé, le même jour devant la Chambre des Communes, que « personne ne parlait de menace militaire ni d'invasion » de l'Iran. Téhéran, a dit M. Blair, « doit réaliser que la communauté internationale ne peut tolérer un comportement qui soutient le terrorisme », ou des programmes visant à doter le pays de l'arme atomique.

A Téhéran, un engin explosif de faible puissance a explosé, mercredi, devant des locaux de compagnies britanniques. C'est le deuxième incident de ce type depuis août.

Natalie Nougayrède, LE Monde, 5 novembre 2005

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