dimanche, février 14, 2016

zone interdite pour les grandes banques américaines

L'Iran reste une zone interdite pour les banques américaines en dépit de la levée de certaines sanctions, une interdiction frappant également leurs rivales étrangères souhaitant utiliser le dollar.


« De façon générale, le principal embargo américain reste en place », a déclaré récemment devant des parlementaires John Smith, le directeur de l'Office pour le contrôle des avoirs étrangers (Ofac), qui dépend du Trésor. Si l'administration Obama a accepté de lever depuis mi-janvier des sanctions nucléaires contre Téhéran, elle continue d'imposer un embargo lié aux violations des droits de l'homme et au terrorisme.


Baptisées « sanctions principales », elles interdisent aux Américains d'effectuer tout investissement lié à l'Iran. Les sanctions dites « secondaires » s'appliquant aux non-Américains ont été levées. 

« Rien n'a changé pour nous », confirme à l'AFP un banquier new-yorkais. « Nous ne pouvons pas accorder de crédit ou financer d'activité liée de près ou de loin à l'Iran », poursuit-il sous couvert d'anonymat. 

Les sociétés iraniennes, le gouvernement iranien ou des Iraniens ne peuvent ainsi toujours pas ouvrir de comptes auprès de banques américaines.

Pourtant, à Wall Street, on ne cache pas que l'Iran, dont tous les pans de l'économie sont à reconstruire, offre beaucoup d'occasions. La plupart des banques ont ainsi recruté des cabinets d'avocat spécialisés et des experts pour leur dire ce qui était possible de faire ou pas au cas où la situation se débloquerait. « Nous continuons de surveiller les développements en Iran », confie laconiquement Kamran Mumtaz, un porte-parole de Citigroup.

Menaces


La même prudence s'applique aux grandes banques étrangères présentes aux États-Unis puisqu'elles « doivent continuer à s'assurer qu'elles n'effectuent aucun paiement ni aucune transaction en dollars impliquant l'Iran via les institutions financières américaines », prévient l'Ofac.


Aucun paiement en dollars à une entité liée à l'Iran n'est autorisé, ajoute John Smith, menaçant de représailles toute infraction. « Ceci signifie qu'une personne non américaine qui fait des transactions importantes ou fournit un service matériel (lié à l'Iran) risque d'être coupée du système financier américain », argue le responsable. 

En 2014, les autorités américaines ont infligé une amende record de près de 9 milliards de dollars à la banque française BNP Paribas pour avoir notamment effectué des paiements en dollars liés à l'Iran.


Les banques doivent isoler tout argent iranien des actifs américains et renforcer leurs contrôles internes, renchérit le cabinet Clifford Chance, qui a réalisé un memo pour JPMorgan. Il explique que « beaucoup d'entreprises voulant faire des affaires ou investir en Iran (...) risquent de connaître des tensions en interne entre des personnes qui voudront tirer profit des opportunités offertes et celles dont les responsabilités sont de gérer les risques et la conformité aux lois ».


Les États-Unis ont aménagé quelques exceptions très encadrées : les banques peuvent financer ou prêter de l'argent aux entreprises ayant obtenu une licence spéciale du Trésor pour vendre des pièces détachées d'avions de ligne ou procéder à la révision de moteurs d'avions iraniens. Boeing et General Electric ont obtenu de telles autorisations. « Nous pouvons aussi octroyer un crédit ou financer des entreprises important des tapis iraniens ou des produits alimentaires » tels des pistaches et du caviar, indique un banquier new-yorkais.


Même dans ce cadre, « il subsiste un grand nombre de risques », met en garde Howard Mendelsohn, de Camstoll Group, faisant remarquer que les gardiens de la révolution contrôlent de nombreux secteurs de l'économie. Or, ils font partie de la liste américaine des organisations terroristes qui comprend 200 entités et individus.


« Il est difficile de dire à qui appartient quoi en Iran. Il y a un gros manque de transparence (...) » dit à l'AFP un expert, recruté par Wall Street sur la question.


Dans ce contexte, les établissements américains préfèrent rester sur la touche de peur d'entacher leur image.

Luc OLINGA/AFP

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