mardi, avril 20, 2010

L'Iran en faillite ?

Appauvri par les sanctions américaines, en février dernier, les autorités iraniennes avaient annoncé l’émission d’1 milliard d’euros d’obligations par l’une de ses grandes banques nationales. Après une première tranche de 250 millions d’euros émise le 6 mars dernier, une seconde tranche du même montant a été en vente.

Depuis la révolution islamique, l’économie iranienne a privilégié le commerce comme le voulaient les Bazaris, à l'origine de la révolution. L'Intelligencia iranien s'est également lancé dans l’import-export en profitant de leurs relations politiques pour s’octroyer des monopoles sur divers produits. Cette recherche de monopole commercial a été très nuisible à la production nationale qui est la source de revenus et de devises. Alors que l’Iran du Chah s’était bâti presque entièrement sans les pétrodollars du boom pétrolier, en mettant en place une politique d'industrialisation très forte, le nouveau régime s’est reposé presque entièrement sur les revenus pétroliers. Pour dégager des gains plus rapides, le nouveau régime a mis de côté l’extraction et la vente de baril au profit de la vente de droits d’exploitation aux compagnies étrangères. Le calcul était que le pétrole ne manquait pas, on pouvait indéfiniment vendre de nouvelles concessions aux étrangers pour assurer les dépenses de l’Etat.

Depuis qu’en 2006, Washington a renforcé ses restrictions à propos des investissements étrangers dans le domaine pétrolier iranien, cette stratégie a montré ses limites.

En l’absence des capitaux étrangers, Téhéran n’a pas pu prendre le relais car en confiant la production à des compagnies étrangères, il avait détruit le savoir faire iranien dans le domaine pétrolier. Sa première réaction pour prévenir la banqueroute a été d’adopter une loi autorisant la vente des industries-mères datant d’avant la révolution aux investisseurs étrangers. Mais en raison de l’instabilité de la situation politique, les étrangers n’ont pas sauté sur ces occasions en or.

Quand Washington a resserré l’étau en 2007 en adoptant des sanctions bancaires empêchant les transactions, le régime s’est éloigné des investisseurs étrangers et s’est mis à ponctionner les devises déposées sur les comptes bancaires des commerçants du Bazar.

La somme prélevée serait d’au moins 38 milliards de dollars, c’est-à-dire deux fois supérieure aux capitaux propres des banques semi-privatisées qui représentent moins de 20 milliards de dollars. La dette publique iranienne à l'égard des banques serait située entre 30 et 60 milliards de dollars (prélevé fin 2007).

Depuis janvier 2010, le gouvernement iranien a strictement interdit en Iran de retirer plus de 15 millions de tomans de liquidités (soit l'équivalernt de 14.000 euros) de son compte bancaire par jour ! Tout virement doit désormais transiter par un logiciel bancaire commun mis en place par la Banque Centrale. Le contrevenant sera accusé de blanchiment d’argent et en conséquence non seulement il se verra confisquer ses avoirs, mais il sera aussi contraint de payer une amende équivalente à 1/4 des revenus illicites (amende prélevée par la vente forcée de ses biens). Il sera également placé sous mandat d’arrêt international.

Le gouvernement a alors annoncé en février un grand emprunt d’un milliard d’euros sous forme d’obligations en euros destinées à des investisseurs étrangers. Le 6 mars, une première tranche de 250 millions d’euros d’obligations à trois ans a été émise avec un rendement de 8%. Ce taux est énorme car le rendement usuel des obligations à 3 ans est inférieur à 2%. Mais ce n’est pas seulement énorme, c’est aussi très grave.

On peut mesurer la gravité de la situation iranienne au travers du cas de la Grèce dont un des indices de sa faillite est le rendement très élevé de ses obligations à 10 ans : 7,5% au lieu de 3%. L’emprunt des mollahs à 8% au lieu de 2% indique une plus forte probabilité de défaillance de l’Etat iranien.

Source : Iran-resist.org

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