mardi, mars 27, 2007

Des dirigeants de Total supçonés de corruption

Le nouveau patron du groupe pétrolier, Christophe de Margerie, devra répondre aux questions sur le versement de 40 millions de dollars à une société de consultants

A peine désigné successeur de Thierry Desmarest, en février, à la tête du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie est déjà au centre d'investigations judiciaires. M. de Margerie a confirmé au Monde, mardi 20 mars, qu'il était convoqué mercredi 21 mars par la police financière dans une affaire visant les activités du groupe en Iran.

La brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) est chargée de l'enquête.

Saisie depuis le 18 décembre 2006, la justice cherche à éclaircir les conditions dans lesquelles Total a versé 40 millions de dollars à une société de consultants sans que celle-ci puisse, à ce jour, justifier de prestations correspondant à cette rémunération. Ces fonds pourraient avoir servi à payer des intermédiaires iraniens et corrompre des fonctionnaires locaux afin d'obtenir un contrat gazier.

Conclu en 1997 avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC, le contrat signé par Total associait aussi le russe Gazprom et le malaisien Petronas pour exploiter une partie du champ gazier offshore de South Pars. Le groupe français aurait investi plus de 2 milliards de dollars dans ce projet opérationnel depuis 2002. Des transferts de fonds suspects liés à ce contrat auraient perduré après 2000, date d'entrée en vigueur de la convention de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) interdisant les pratiques corruptives dans le cadre du commerce international.

Interrogé par Le Monde sur les investissements réalisés en Iran, M. de Margerie a indiqué que son " groupe estimait que les accords passés, en 1997, sur le contrat gazier en Iran l'ont été dans le respect le plus total des lois applicables ". Questionné sur le recours, avant 2000, comme l'ensemble des groupes pétroliers mondiaux, aux commissions dans le cadre de ses activités, le groupe se refuse à tout commentaire.

M. de Margerie est déjà sous le coup, depuis octobre 2006, d'une mise en examen pour " complicité d'abus de biens sociaux et de corruption d'agents publics étrangers " dans l'affaire " Pétrole contre nourriture ".

Cette nouvelle information judiciaire a été ouverte après la découverte par les autorités suisses du transfert suspect de 60 millions d'euros de commissions par Total à diverses sociétés. La justice helvétique a, dans un premier temps, mené ses propres investigations et sollicité la coopération des juges français avant de leur transmettre le dossier.

Le circuit d'une partie des flux financiers douteux aurait été identifié par les enquêteurs suisses. Une fraction des 40 millions de dollars versés par Total aurait été déposée sur les comptes de sociétés dont l'ayant droit final serait l'un des fils de l'ancien président iranien Hachémi Rafsandjani. La justice dispose, aussi, du témoignage d'un dirigeant de la compagnie pétrolière Statoil évoquant l'existence d'un système de corruption en Iran organisé autour d'une fondation présidée par le fils Rafsandjani et des structures installées à Dubaï.

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