mardi, octobre 17, 2006

Critiques de la politique économique gouvernementale

Depuis plusieurs semaines des voix s’élèvent pour critiquer la politique économique du gouvernement iranien :

C’est d’abord la lettre ouverte de 50 économistes au président Ahmadinejad dont les signataires sont pour la plupart des universitaires mais aussi d’anciens députés réformateurs et d’anciens directeurs généraux de l’Organisation du Budget et du Plan. Ces économistes s’inquiètent que, dans le contexte diplomatique actuel, la politique économique du gouvernement ne conduise à un arrêt de la croissance et à un redémarrage de l’inflation. Ils regrettent également que l’opportunité que constitue la hausse des cours du pétrole ne soit pas mise à profit et que cette précieuse ressource soit gaspillée, rendant ainsi virtuellement impossible la réalisation des objectifs du gouvernement en matière de justice sociale.

Ils critiquent notamment la nomination de personnes non qualifiées à des postes de responsabilité, l’interventionnisme du gouvernement en matière économique et sociale qui ferait fuir les investisseurs, l’augmentation excessive des importations, une politique budgétaire expansionniste, les prélèvements systématiques sur le fonds de réserve pétrolier, une politique monétaire trop accommodante –augmentation de 34% des liquidités en un an, la désorganisation d’un système bancaire rongé par les taux d’intérêt administrés, la politique salariale ainsi que le saupoudrage budgétaire irréfléchi en faveur des régions, etc.

De son côté, M. Mohammad Khoshscher, député membre de la commisssion économique du parlement, pressenti il y a un an pour le poste de ministre des finances, a critiqué les tirages sur le fonds pétrolier ainsi que les promesses non budgétées du président Ahmadinejad à l’occasion de ses déplacements en province. Selon lui, « certaines mesures adoptées au nom de la justice sociale vont en fait répandre les injustices », citant en exemple le fonds nouvellement créé en faveur des jeunes mariés dont certains vont « être rejetés en dessous de la ligne de pauvreté en raison des charges de remboursement qui viendront bientôt grever leurs salaires »..

Par ailleurs, M. Mohammad Atrianfar, éditorialiste du quotidien réformateur Shargh et proche conseiller de l’ancien président Rafsanjani, accuse le gouvernement d’avoir « cassé » le thermomètre de l’inflation et de sous estimer l’augmentation des prix qui, selon les sources officielles, ne serait que de 10,3% sur les 12 derniers mois, soit 2,7 points de moins par rapport à l’année précédente. Il souligne la contradiction du chiffre officiel d’inflation avec celui de la progression des liquidités (M2) qui, selon la Banque Centrale, ont augmenté de 34% en un an. A l’appui de sa démonstration, il égrène les produits dont les prix ont augmenté lait (15,2%), fromages (+22%) viandes et volailles (+15%), riz (+16%), haricots et lentilles (+50%), les barres d’acier pour la construction(+100%), le ciment (+22%), les loyers (+40%). Par ailleurs l’augmentation des droits de douane sur certains articles comme l’électroménager ou les téléphones portables auraient également un effet inflationniste bien que l’Association des distributeurs d’électroménager craigne surtout à long terme une résurgence de la contrebande.

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