vendredi, mai 05, 2017

L'Iran, nouvel eldorado pour la Suisse? En un an l'euphorie s'est bien évaporée

Des voix témoignent du gel des projets dans le pays. En cause, la menace de sanctions américaines.

Plus d'une soixantaine de participants étaient présents jeudi matin au forum «Doing business in Iran», organisé par l'université Webster sous l'égide du professeur Dominique Jolly. Face à eux de plusieurs intermédiaires accompagnant les sociétés étrangères en République islamique, à l'instar de Charbanou Jochum-Maghsoudnia, patronne du cabinet Persian Bridge Exchange spécialisé dans la santé et les cosmétiques.

Plus d'une soixantaine de participants étaient présents jeudi matin au forum «Doing business in Iran», organisé par l'université Webster sous l'égide du professeur Dominique Jolly. Face à eux de plusieurs intermédiaires accompagnant les sociétés étrangères en République islamique, à l'instar de Charbanou Jochum-Maghsoudnia, patronne du cabinet Persian Bridge Exchange spécialisé dans la santé et les cosmétiques.

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A Genève, Farhad Tavakoli, s'occupe, lui, de RTA-Iran et vante les promesses offertes aux acteurs des énergies renouvelables. Il met en avant les conditions auxquelles le gouvernement iranien rachète tout courant «vert», dans un effort pour rompre avec trois décennies durant lesquelles le public ne paie pratiquement rien pour une électricité subventionnée produite en brûlant du pétrole ou du gaz.

Il y a un ans, l'euphorie des délégations officielles

Ces opportunités semblent faire écho à l'enthousiasme suscité par le voyage à Téhéran, fin avril 2016, d'une délégation de chefs d'entreprises genevois emmenée par Pierre Maudet, quelques semaines après la visite officielle d'un président de la Confédération également très entouré. Ré-admise dans le concert de l'économie mondialisée, après l'entrée en vigueur, en janvier 2016, d'un accord diplomatique historique avec les grandes puissances, la République islamique était présentée comme le nouvel Eldorado.

C'était il y a un an, un siècle, une éternité. En marge de la manifestation de jeudi, les conversations laissent poindre le doute. Un exemple, symbolique, la réouverture par Iran Air de sa ligne directe vers Genève; toujours en suspens. «C'est à bout touchant, elle nous a été promise dès qu'un avion sera disponible», assure un cadre de l'administration genevoise. D'autres participants iraniens restent plus dubitatifs quant à la validation définitive de l'ouverture d'une telle liaison.

Les sept dixièmes des projets sont suspendus

«L'euphorie a disparu, tout le monde est dans une posture de wait and see», résume Sharif Nezam-Mafi, arrivé sous une pluie battante dans l'arrière-salle de l'événement. «Les sept dixièmes des projets sont suspendus, et le resteront tant que la lumière ne sera pas complète sur ce que veulent faire les autorités américaines», poursuit le président de la Chambre de commerce Iran-Suisse, un des hommes clefs derrière les visites officielles helvétiques de l'an dernier.

«Les sociétés étrangères déjà installées dans le pays ne partent pas, elles attendent»

Les sociétés étrangères qui s'étaient déjà installées dans le pays avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche «ne partent pas, elles attendent», tente de rassurer celui qui dirige en parallèle les activités du fabricant de machines-outils Bühler dans la région. Attendre, les multinationales le font de toute façon depuis plus d'un quart de siècle en Iran. Alors si cela doit les mener jusqu'au terme de l'administration Trump…

L'administration Trump souffle le chaud et le froid

Aux yeux de Sharif Nezam-Mafi, l'administration américaine n'ira pas jusqu'à remettre en cause le traité historique sur le nucléaire iranien, même si Donald Trump l'a qualifié de «pire accord jamais négocié» durant les premiers jours de sa présidence. Obtenue à Genève et Lausanne entre 2014 et 2015, cette normalisation des relations entre Washington et Téhéran reste l'un des legs majeurs des majeurs des huit ans de l'ère Obama. Et permet à l'Iran de ne plus être un paria dans les circuits économiques et financiers mondiaux.

Le président de la Chambre de commerce Iran-Suisse craint en revanche que les Etats-Unis ne s'évertuent à compliquer les activités des sociétés occidentales. Bien que limité, le tour de vis sur les sanctions à l'encontre de certaines entités iraniennes décidées par Washington en janvier en aura donné un avant-goût. A Genève, au sein de la diaspora iranienne comme parmi les entreprises intéressées par une implantation en Iran, un autre obstacle est pointé à demi-voix: la corruption et le népotisme régnant dans une économie dont des pans entiers restent aux mains de factions qui comptent bien défendre leur pré carré.

Source : Tribune de Genève, 

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