vendredi, décembre 23, 2016

Les investissements en Iran peinent à décoller

De plus en plus d'entreprises font des affaires avec l'Iran, depuis l'assouplissement des sanctions occidentales à l'encontre de ce pays. Les sociétés suisses restent toutefois à la traîne.

Il ne se passe presque pas un jour sans une annonce de signature d'accords commerciaux avec la République islamique. Le groupe anglo-néerlandais Shell vient, par exemple, de signer un contrat de plusieurs milliards de dollars pour l'exploitation de gisements de pétrole et de gaz dans ce pays.

Dans le cadre d'un projet de production de gaz naturel iranien estimé à environ 5 milliards de dollars (5,1 milliards de francs), l'entreprise française Total a également obtenu une participation majoritaire dans un consortium.

Les fabricants d'avions s'y mettent aussi. Airbus va livrer une centaine d'appareils à la compagnie aérienne publique du pays Iran Air. De même, la société américaine Boeing a signé un contrat de plusieurs milliards de dollars pour fournir 80 avions à la même entreprise.

Banques réticentes

En dépit de cette ruée vers l'or, il n'est pas si facile pour les entreprises de réaliser des affaires en Iran.

Parmi les principaux obstacles, figurent le financement et le traitement des paiements. De nombreuses banques hésitent, en effet, à investir dans ce pays, du fait des sanctions américaines toujours existantes. Ces dernières interdisent notamment les établissements financiers américains à réaliser des transactions dans la République islamique.

Des relations entre Téhéran et Washington existent cependant. Le dollar reste le seul moyen de paiement qui figure dans les contrats commerciaux avec l'Iran. Et les transferts d'argent impliquent les banques américaines, comme exécutrices, car tout transfert d'argent en dollars s'effectue toujours à travers les Etats-Unis. Cette pratique n'est d'ailleurs pas interdite par le blocus américain.

D'autres monnaies pourraient, certes, être utilisées pour réaliser des opérations en Iran, mais les transactions seraient alors rendues plus difficiles et cela même pour le gouvernement des Etats-Unis.

Pour illustrer cette problématique, le meilleur exemple reste le transfert de 400 millions de dollars de vieilles dettes américaines à la République islamique. Le gouvernement américain avait alors dû acheminer ce montant en avion, via la Suisse, en argent liquide. L'opération avait été rendue possible uniquement grâce à l'échange des dollars en francs par la Banque nationale suisse (BNS).

Peur pour sa réputation

En Suisse aussi, l'investissement en Iran est difficile. Interrogés par l'ats sur leurs affaires dans ce pays, les plus grands établissements bancaires helvétiques minimisent leur contribution au marché iranien. Credit Suisse et UBS ont indiqué qu'ils n'avaient pas réalisé d'affaires avec la République islamique ou avec la participation de ce pays.

La Banque cantonale de Zurich (BCZ) considère comme prématurée une reprise des activités commerciales avec cette région du monde, selon un porte-parole de l'institut bancaire. PostFinance n'effectue pas non plus de transactions en relation avec l'Iran. L'entité de La Poste justifie son choix en raison des risques juridiques et de réputation.

Du côté des autres entreprises, ABB étudie les opportunités d'affaires dans le pays du Moyen-Orient. Plus largement, la place industrielle helvétique ne peut guère se vanter de ses investissements en Iran.

Paiements pas assez sûrs

L'Assurance suisse contre les risques à l'exportation (SERV) n'a couvert que treize affaires commerciales avec la République islamique pour un volume se chiffrant en millions de francs. Selon une porte-parole de ce service, les affaires avec ce pays représentent une part mineure.

Pour expliquer ce faible volume, le SERV met en avant le fait que souvent le mode de paiement n'est pas suffisamment sécurisé au niveau des transactions avec l'Iran. Il existe toutefois des banques européennes, comme la belge KBC et l'allemande DZ Bank, qui effectuent des transactions en Iran.

D'autres instituts bancaires allemands disent accueillir avec réserve les affaires en Iran, mais n'excluent pas catégoriquement l'idée de commercer avec ce pays. L'établissement financier autrichien Erste Group Bank est, lui, en train de préparer des services financiers destinés à ce pays.

Selon l'agence de presse Reuters, qui a interrogé la Banque nationale iranienne, près de 200 établissements bancaires internationaux coopèrent déjà avec la République islamique.


Source : La Teibune de Genève, 21/12/2016

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