mercredi, janvier 15, 2014

L'Iran, un marché qui monte en flèche

Alors que ses opérations quotidiennes ne représentent qu'environ 22 secondes de transactions boursières aux États-Unis, le marché boursier de l'Iran roule à plein régime. L'indice de référence est monté en flèche de 133% cette année (jusqu'au 24 décembre), atteignant une valeur record et présentant des rendements plus élevés que les 93 principaux indicateurs boursiers mondiaux suivis par Bloomberg.
La plus grande part d'augmentation a suivi l'élection, en juin, du président Hassan Rohani, 65 ans, qui a obtenu un accord initial avec les puissances mondiales à peine cinq mois après son élection.
Un matin, la semaine dernière, une diplômée de 23 ans prénommée Samira se tenait, avec des centaines d'autres, dans le bâtiment de la Bourse, au centre-ville de Téhéran, prête à aligner les 600$ de son premier investissement dans le marché boursier. Lorsque les prix des actions se sont affichés sur les nombreux écrans, à l'étage supérieur du parquet, Samira s'est dite excitée d'acheter ses premières actions. Un achat qu'elle n'aurait jamais considéré pendant le règne de Mahmoud Ahmadinejad, le prédécesseur du président Rohani.
«J'aime ça, c'est euphorisant», a affirmé Samira, refusant de donner son nom de famille, craignant les représailles pour avoir parlé à des journalistes étrangers. «Tout le monde à qui vous parlerez ces jours-ci vous dira que la Bourse est le meilleur endroit où investir en ce moment.»
Exit l'or
Les Iraniens se retirent des actifs qui étaient devenus les valeurs sûres de la République islamiste - l'or, les dollars et l'immobilier - pour retrouver des liquidités à investir dans le marché boursier, selon Turquoise Partners, une firme de placements de Téhéran. Même si les étrangers ont le droit d'investir dans cette Bourse comptant 314 actions, l'investisseur international ne peut acheter plus de 10% des actions d'une entreprise, et toute participation est limitée par les restrictions des institutions bancaires, selon Turquoise.
Le «Nuclear Enrichment Trading» de l'Iran est à la hausse, avec en moyenne 203 millions US d'actions changeant de mains chaque jour depuis le début de l'année, et jusqu'à la fin de novembre. Il y a deux ans, il n'était question que de 83 millions US d'actions, et d'à peine 20 millions US en 2006, selon les données de la Bourse. La moyenne des transactions quotidiennes sur le marché boursier américain a atteint 220 milliards cette année, selon les données compilées par Bloomberg.
Les institutions financières et les sociétés pétrolières figurent parmi les plus grandes gagnantes sur le marché des actions de l'Iran. Saderat Bank Iran, assujettie à des sanctions de l'Union européenne depuis 2010, a réalisé un gain de 142% cette année, à partir de la plus basse valeur des 52 dernières semaines, alors que Parsian Oil&Gas Co. a progressé de 87% à partir de ce creux.
Un énorme afflux
«Nous constatons un énorme afflux d'argent neuf dans le marché boursier provenant d'investisseurs individuels», a affirmé Ramin Rabii, directeur général de Turquoise, en entrevue à Téhéran au début du mois de décembre. «La perception a complètement changé à la suite de l'élection. En termes de risque politique, celui de guerre et de sanctions supplémentaires a également diminué.»
En échange de la promesse de réduire les activités nucléaires, le président Rohani a obtenu 7 milliards US d'assouplissement des sanctions, déclenchant des spéculations à l'effet que le sixième producteur de pétrole brut de l'OPEP renversera la chute de la production qui a plongé l'économie en récession. Bijan Namdar Zanganeh, ministre du Pétrole, a affirmé plus tôt ce mois-ci qu'il cherche à attirer des entreprises internationales telles Exxon Mobil Corp. et Royal Dutch Shell Plc, une fois les sanctions levées.
Porte-parole de Shell basée à Londres, Sarah Bradley a refusé de commenter, tout comme Kim Jordan, conseiller des relations en amont avec les médias chez Exxon, à Houston.

Source : La presse, Canada, 30 décembre 2013 

Aucun commentaire: