samedi, octobre 10, 2009

L'économie iranienne va mal

Selon le site Iran-Resist.org, un rapport de l’inspection générale du régime, publié hier en octobre 2009, aurait révélé que l’Etat iranien n’arrivait pas à rembourser l’argent emprunté aux banques iraniennes semi privatisées.

La somme prélevée serait d’au moins 38 milliards de dollars, c’est-à-dire deux fois supérieure aux capitaux propres des banques qui sont moins de 20 milliards de dollars.

Le rapport parle également d’une dette publique aux banques sans préciser son montant(sans doute 30 à 60 milliards de dollars en 2007).

En effet, pour forcer Téhéran à cesser ses activités nucléaires, les Américains ont mis en place en septembre 2006 des sanctions interdisant à leurs partenaires financiers ou commerciaux d’investir en Iran. Ces sanctions ont lourdement pénalisé l’économie iranienne.

L'Iran ne vend pas ses barils d'hydrocarbures sur le marché, mais longtemps à l’avance à prix sacrifiés via des contrats buy-back. Les revenus pétroliers iraniens sont donc moins élevés que ce qui aurait du être espéré compte tenu des prix du marché.

Faute de liquidités, l'Iran a supprimé les allocations en nature, les subventions sur le prix du carburant pour les particuliers ou encore les budgets de maintenance des équipements du transport. La situation est également à l'origine des licenciements en masse dans les grandes entreprises industrielles essentiellement publiques.

En octobre 2009, les Pasdaran qui avaient acquis en 2002 les phases 15 et 16 du gisement Pars sud ont du procéder au licenciement de 6000 personnes.

Les aciéries d’Ispahan sont aussi en panne d’employés (et aussi en panne de production). Les raffineries de Bandar Abbas ne produisent plus de goudron et ni d’essence.

La consommation quotidienne de carburant en Iran est d’au moins 80 millions de litres. Téhéran affirme qu’il peut produire 55% de ses besoins, soit 44 millions de litres, par ses propres moyens. Or, ce chiffre qui reste statique depuis 4 ans est loin d’être réaliste car il omet de prendre en compte le vieillissement des infrastructures que le régime a oublié d’entretenir depuis 30 ans.

Les chiffres des échanges commerciaux irano-européens en 2008 et 2009, publiés par EuroStat et repris par le principal quotidien économique iranien Sarmayeh (capital), font état de baisses alarmantes sur les 10 principaux partenaires européens de l’Iran.

Les exportations des produits iraniens (pétrole ou gaz compris) vers l’Europe ont enregistré une baisse de 45% en moyenne. L’Italie qui était le premier acheteur de produits iraniens a diminué ses achats de 1901 millions d’euros à 811 millions d’euros soit une baisse de 58% qui la rétrograde à la seconde place des meilleurs acheteurs de produits iraniens. Avec 884 millions d’euros, l’Espagne devient 1ère du classement malgré une baisse de 38% de ses échanges avec l’Iran.

Les suivants du classement sont : les Pays-Bas avec 690 M€ (soit -53%) à la 3e place, la France avec 395 M€ (soit -59%) à la 4e place, l’Allemagne avec 126 M€ (soit -32%) à la 5e place, la Grèce avec 79 M€ (soit -55%) à la 6e place, le Portugal avec 73 M€ (soit -85%) à 7e place, la Belgique avec 71 M€ (soit -24%) à la 8e place, la Grande-Bretagne avec 60 M€ (soit +13% [1]) à la 8e place et l’Autriche avec 31 M€ (soit -66%) à la 10e place.

Les échanges ont également enregistré des baisses dans le sens inverse. Au premier semestre de 2009, l’Iran a importé pour 1627 M€ de produits d’Allemagne, soit 25% de moins qu’en 2008 (baisse due à la réduction des garanties à l’exportation).

On dénote également une disparité de baisses dans les exportations et les importations, mais aussi dans les dépenses et revenus qui font état d’un déficit. L’Iran a non seulement perdu des clients en 2009, mais il s’est aussi endetté.

La tendance est visible dans les échanges avec d’autres partenaires européens (sauf pour les Pays-Bas). L’Italie occupe la seconde place avec 894 M€ (soit une baisse de 15% par rapport à 2008) et la France est 3e avec 775 M€ (soit -10%).
Suivent de la 4e à la 10e place : les Pays-Bas avec 266 M€ (soit -16%), la Grande-Bretagne avec 219 M€ (soit -14%) la Belgique avec 199 M€ (soit +11%), l’Espagne 179 avec M€ (soit -21%), la Pologne avec 50 M€, le Danemark avec 49 M€ et la Roumanie avec 45 M€.

Au cours du 1er semestre de cette année, Téhéran a au total dépensé 4303 M€ (au lieu de 4800 M€ en 2008) pour gagner seulement 3220 M€ (au lieu de 6500 M€ en 2008). On comprend pourquoi les Européens continuent à vouloir sauver ce régime en parlant de ses « modérés ».

Évidemment, ce ne sont pas les seuls revenus ou pertes de l’Iran car ce pays a aussi d’importants échanges avec la Chine, mais d’après les estimations en 2008 avec environ 8 milliards de dollars d’export et autant d’importation chinoise, la balance ne penchait pas en sa faveur. Téhéran a aussi un autre partenaire économique : les Emirats Arabes Unis qui sont exclusivement une plateforme pour acheter des produits prohibés par les sanctions. Les échanges entre l’Iran et l’extérieur qui étaient à peine rentables, sont devenus franchement déficitaires depuis cette année par la faute des sanctions bancaires américaines.

Résultats : en manque de devises, Téhéran ne paye plus ses petites factures (de quelques millions d’euros).

Sur le plan intérieur, ce déficit prend la forme de pénuries. Résultats : les prix montent et parallèlement l’envie de protester. L’inflation dépasserait les 60%.

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