dimanche, octobre 28, 2007

Les dessous des sanctions américaines contre l'Iran

Les dessous des sanctions américaines contre l'Iran

Les Etats-Unis sont engagés, avec l'Iran, dans une course folle dont la fin pourrait être des frappes aériennes contre les installations nucléaires iraniennes afin d'empêcher Téhéran d'acquérir la bombe atomique.

Le problème des sanctions est tout d'abord qu'elles ne fonctionnent pas. Par exemple, Cuba est soumis aux sanctions de Washington depuis la prise de pouvoir à La Havane par Fidel Castro. Aujourd'hui, ces sanctions semblent bien illégitimes, car la majorité de la population cubaine, qui les subit de plein fouet, n'était même pas née à cette époque.

Pourtant, si elles ont appauvri le pays, elles n'ont pas mis fin au régime politique existant sur l'île.

Par ailleurs, des sanctions unilatérales prises aujourd'hui auraient encore moins d'effet que du temps de la guerre froide. En effet, les Etats-Unis ne sont plus le centre du monde, d'autres pays sont capables de prendre la relève et d'aligner les dollars pour financer les pays dits "stratégiques", en premier lieu la Chine.

Or, celle-ci est obligée de s'assurer un approvisionnement stable en hydrocarbures. La présence américaine en Irak ne l'arange pas, car elle a dans un premier temps accru la domination de Washington sur la zone du "Grand Moyen-Orient". C'est pourquoi le gouvernement chinois collabore étroitement avec Téhéran.

Dès lors, quel est l'objectif de ces sanctions, si l'on sait d'avance qu'elles ne feront pas chuter ce régime? Ni qu'elles isoleront complètement ce pays?

Les Etats-Unis essaient de mettre d'autres pays dans l'engrenage. En effet, si d'autres pays soutiennent ces sanctions, il est possible que le public approuve cette action. Et soit moins réticent pour enchaîner sur une action militaire, sachant pertinnement que celles-ci seront insuffisantes.

Par ailleurs, elles permettent de mettre à mal les finances des hauts dignitaires du régime, qui ont placé leurs avoirs à travers le monde. Ce qui entraînera inmanquablement des divisions au sein de l'élite à Téhéran.

Toutefois, il faut bien être conscient que Mahmoud Ahmadinejad ne sera pas sensible à ces choses, et qu'il mènera son pays jusqu'au bout du processus, avec l'aval du chef religieux suprême. A moins qu'une action militaire "préventive" ne l'arrête.

Source : Courrier international, 28 octobre 2007

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