mardi, septembre 26, 2006

Iran offers citizenship to children of foreign men

Iran offers citizenship to children of foreign men
(Reuters)

24 September 2006



TEHERAN - Iran’s parliament passed a law on Sunday allowing children with an Iranian mother and a foreign father to acquire Iranian nationality, the official IRNA news agency reported.


Iran, like many other countries in the Middle East, has traditionally based nationality on paternity alone and has been reluctant to grant citizenship to people seen as outsiders.

“The children born in Iran from a foreigner father and an Iranian mother can apply for citizenship after they reach 18,” the new law says, according to IRNA.

People who meet certain conditions, such as giving up other nationalities they may have, can enjoy the law, IRNA said. Iran does not recognise dual nationality.

“If the marriage of their parents has been registered, those people who lack criminal records or a security violation background can apply for citizenship,” it said.

Some lawmakers said the policy change was a step forward but called for the conditions to be removed.

“What about those children who are under 18? The age condition should be removed,” said female lawmaker Rafat Bayat.

Other lawmakers were concerned about the status of the children of refugees living in Iran.

More than two million Afghans ended up living in Iran in the years following the Soviet invasion of their country in 1979. Ensuing conflicts deterred many from returning and about one million remain in Iran, where unemployment is a persistent problem. Teheran says they have created social, security and economic problems for the country.

Iran makes a distinction between legitimate refugees, who fled conflicts in Afghanistan over the last two decades, and those who crossed into Iran illegally in search of work.

“The children of those illegal refugees, married to Iranian women, face identity problems,” said lawmaker Hasan Kamran. ”Such children’s problems should also be resolved.”

More than an estimated 26,000 Iranian women have married illegal immigrants, mostly Afghans, and are therefore unable to register their marriages. The new law would not apply to their children.

dimanche, septembre 17, 2006

Anousheh Ansari, de l'Iran à l'espace

Anousheh Ansari, de l'Iran à l'espace
Presse Canadienne

Elle rêve de voir l'Iran depuis l'espace. Ce rêve a un prix: 20 millions de dollars. Qu'importe: à 40 ans, Anousheh Ansari, d'origine iranienne, est devenue une riche Américaine. Ce rêve, elle peut donc se l'offrir et devenir lundi la première femme touriste de l'espace.

Anousheh Ansari doit s'envoler lundi à 4h09 GMT de la base spatiale de BaJikonour, dans les steppes du Kazakhstan, à bord d'une fusée Soyouz russe, en compagnie de deux "professionnels" de l'espace: le cosmonaute russe MikhaJil Tiourine et l'astronaute américain Michael Lopez-Alegria.

Sauf contretemps de dernière minute, elle deviendra ainsi la quatrième touriste de l'histoire spatiale et la première femme à faire du tourisme dans l'espace. Même si elle n'aime pas ce terme de "touriste". Elle lui préfère celui de "participante à un vol spatial".

Il est vrai que, pour une touriste, elle aura de fort studieuses activités au cours de ce voyage de 10 jours (18-28 septembre) dont huit dans la Station spatiale internationale (ISS): elle doit effectuer des expériences sanguines et musculaires pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ESA) et tester de nouveaux matériels de technologie.

Quel étonnant parcours que celui de cette petite Iranienne née en 1966 dans la ville de Mashhad, dans le nord de l'Iran, jusqu'à Plano, au Texas, où elle vit aujourd'hui avec son mari Hamid, sans enfant. Elle quitte l'Iran à l'âge de 18 ans en 1984, quelques années après la Révolution islamique, parce qu'il devient difficile pour une jeune fille d'étudier les sciences au pays des ayatollahs.

L'adolescente ne parle pas un mot d'anglais quand elle arrive en Virginie. Pourtant, elle passe -et réussit- son "bac" puis obtient en quelques années un diplôme d'ingénieur. Elle s'installe au Texas, se lance dans les télécommunications, monte sa première entreprise, Telecom Technologies Inc., fait une très bonne affaire en la revendant, puis crée une deuxième firme de technologie, Prodea Systems Inc, basée à Plano, qu'elle dirige encore.

Mais, son vrai rêve d'enfant, c'était les étoiles. Elle adorait les observer et rêvait de s'en approcher. Ce rêve va devenir réalité. "J'ai toujours été fascinée par l'espace et me suis toujours interrogée sur les mystères de l'espace. Je voulais être capable de l'expérimenter par moi-même", a expliqué Mme Ansari dans une interview téléphonique accordée à l'Associated Press depuis le cosmodrome de BaJikonour.

Elle espère que ce premier voyage "touristique" d'une Iranienne dans l'espace va inspirer d'autres jeunes filles dans son pays et les convaincre d'étudier les sciences. Elle dit avoir reçu de nombreux e-mails de jeunes Iraniennes, même si son vol spatial n'a rencontré que peu d'écho en Iran. Après tout, elle est désormais citoyenne des Etats-Unis, et les deux pays ne sont pas franchement dans les meilleurs termes.

En mars dernier, elle a commencé sa formation de cosmonaute à la fois au Kazakhstan avec l'Agence spatiale russe et au centre spatial de Houston (Texas) avec la NASA. Mais, c'est un heureux coup du sort qui va lui permettre de réaliser son rêve: car, jusqu'à la fin août, elle n'était que la doublure d'un homme d'affaires japonais, candidat à ce voyage dans l'espace comme "touriste" qui a dû se rétracter pour des raisons de santé.

Sur son blog "www.anoushehansari.com" -qu'elle compte poursuivre durant sa visite sur l'ISS-, elle se montre lyrique. "Comment chiffrer la valeur d'un rêve? Vaut-il un mois de salaire? Vaut-il qu'on en meure?", s'interroge-t-elle. "Moi, j'étais prête, et le suis encore, à donner ma vie pour mon rêve"...

L’Iran depuis 1979 : Panorama socio-économique

L’Iran depuis 1979 : Panorama socio-économique

29/08/2006

L’Iran, ce pays au cœur de l’axe du mal dessiné par Georges Bush inquiète et interroge. La grande Perse aspire à retrouver son lustre d’antan. Ce pays qui, fait rarissime dans la région, n’a jamais été colonisé ou sous gouvernance directe d’une puissance étrangère, aspire à retrouver une aura régionale et mondiale, et s’unit autour du dossier nucléaire, autour de la question : sous quel prétexte refuser à l’Iran le droit au nucléaire ? Pourquoi ce pays devrait-il faire confiance pour sa sécurité à une communauté internationale qui a laissé Saddam Hussein et l’Irak utiliser ses armes chimiques contre des villes iraniennes ? Pourquoi le Pakistan voisin, ses mollahs sunnites, ses madrassa[1] berceau d’Al Qaïda aurait-il le droit au nucléaire ?

Nous ne poursuivrons pas ici ce débat difficile, mais nous tâcherons de mieux comprendre l’Iran, et pour ce faire nous nous pencherons sur l’évolution socio-économique du pays depuis la révolution islamique de 1979. L’Iran est en effet un pays profondément complexe et méconnu. L’Iran est très souvent perçu comme une théocratie moyenâgeuse, anachronique, figée dans le passé…Peut-être est-il pertinent d’interroger ces présupposés.



L’Iran, une économie de rente à l’avenir incertain, souffrant d’un étatisme excessif et de la défiance internationale :

Sur le papier, l’économie iranienne semble bien se porter et sortir des difficultés consécutives à la révolution islamique et à la guerre Iran-Irak (1980-1988). Les indicateurs macroéconomiques indiquent un retour à l’équilibre du solde courant et de la balance commerciale, une hausse des réserves de change, une inflation toujours élevée mais contenue, des exportations dynamiques…alors que sur le plan structurel, plusieurs réformes issues du troisième plan quinquennal sont porteuses d’espoir dans l’optique d’une forme de dérégulation et de libéralisation du pays.
Pourtant, la réalité est moins flatteuse. L’Iran reste une économie de rente dépendante du pétrole et à la merci d’un retournement du cours. La stabilité macroéconomique n’est que le résultat de la flambée du cours du baril, et ne saurait être pérenne et viable sans de profondes réformes structurelles et sans un durcissement des politiques budgétaires et monétaires.
Sans investissements étrangers et sans un secteur privé fort, la croissance ne peut être durable. Pour que le gouvernement puisse continuer sur son rythme actuel de dépense, il faudrait que le prix du pétrole ne cesse d’augmenter[2].

L’Iran est à l’image de l’Arabie Saoudite un pays qui tire sa richesse des ressources en hydrocarbures, les exportations de pétrole et gaz représentant 62% des ressources du gouvernement en 2004-2005[3]. La croissance est donc fortement corrélée à l’évolution des cours du brut, et connaît actuellement une poussée de fièvre. Mais cette manne pétrolière n’est pas sans compter son lot d’effets pervers, particulièrement sensibles en Iran.

A la différence de la Norvège et de sa politique de développement durable (la Norvège reverse une large part des pétrodollars amassés dans un fonds pour les générations futures auquel le gouvernement ne peut constitutionnellement pas toucher), ou de Dubaï (qui investit massivement dans le tourisme, la finance, le commerce…pour réduire sa pétro-dépendance), l’Iran pratique une politique économique de court terme, pro cyclique et clientéliste. [4]
Le pays dépense ainsi près de 17% de son produit intérieur brut en subventions[5], notamment pour l’énergie, entraînant gaspillage, manque à gagner budgétaire, et alimentant l’inflation. Par ailleurs, le gouvernement ne se prive pas de piocher dans le fonds de stabilisation pétrolier (Oil Stabilisation Fund) destiné à faire face à un retournement des cours. Avec l’augmentation du prix du pétrole, le Conseil des gardiens[6] a ainsi autorisé un prélèvement de 2,6 milliards de dollars pour faire face à l’augmentation du coût des subventions.

En outre, le pays ne parvient pas à développer les investissements étrangers. Le contexte géopolitique, le manque de sécurité contractuelle (les Iraniens ne cessent de revenir sur les contrats signés), les rigidités administratives, ou encore la préférence nationale affichée par le gouvernement, n’encouragent guère à investir et les exemples récents des difficultés de Renault dans le pays refroidissent les plus audacieux. Cette quasi-absence d’IDE[7] handicape profondément le développement du pays, induisant des retards considérables pour les projets en cours. Ces projets (notamment un gigantesque plan de développement du secteur pétrochimique) sont retardés ou reportés sine die, accentuant de fait le retard du pays dans le cadre d’une émancipation vis-à-vis du pétrole.

Si l’on ajoute à cela 1) une inflation rampante (13%[8] en 2005-2006, mais le chiffre est sans doute minimisé) risquant à tout instant de déboucher sur une crise d’hyperinflation (alors que les autorités rechignent à réorienter leur politique budgétaire et monétaire vers plus de rigueur, arguant d’un retour à l’équilibre des indices macroéconomiques, alors qu’il s’agit d’un voile de fumée consécutif à l’explosion du cours du pétrole), 2) un taux de chômage structurel de près de 12% qui devrait augmenter du fait de l’arrivée sur le marché d’un nombre important de jeunes travailleurs, des taux d’intérêt réels négatifs, 3) un secteur public pléthorique, 4) la fuite des capitaux consécutive à l’arrivée de M. Ahmadinejad 5) et les distorsions entraînées par le système de bonyads[9], on comprend l’inquiétude des économistes iraniens.

Des réformes ont bien été menées (notamment en matière bancaire et financière avec la création des premières banques privées dans les années 2000), mais celles-ci semblent profondément insuffisantes et l’espoir n’est pas de mise. Les changements de politiques macro-économiques iraient en effet contre les intérêts des soutiens traditionnels du régime : les bazaris[10] et les bonyads. Malgré les propos rassurant du guide de la Révolution, l’Ayatollah Ali Khamenei, sur le respect de l’agenda de réforme tels que présenté dans le 4ème plan quinquennal, il semble que l’Iran ne soit pas sur la voie la plus sûre dans l’optique d’une croissance soutenable et forte[11].



Des évolutions sociales contrastées :

L’Iran de 2006 ne ressemble guère à l’Iran de 1979, et contrairement aux idées reçues, le pays a connu une profonde évolution depuis la chute du Shah. Nous analyserons cette évolution à la lumière des indicateurs démographiques[12].

La démographie iranienne a été marquée par deux faits politiques majeurs : la révolution islamique et la guerre Iran-Irak qui a suivi Pourtant, si l’on devait résumer les vingt dernières années, contrairement à l’intuition, ce serait par une expression : transition démographique.

Si dans un premier temps la révolution islamique a mis fin à la politique de limitation des naissances initiée par le shah, et a encouragé dans le cadre du conflit avec son voisin irakien les femmes à avoir des enfants (contribuant à une accélération du taux de natalité), le régime va très vite abandonner cette politique, face aux coûts et aux investissements rendus nécessaires par cet accroissement alors très rapide (accentué par la baisse de la mortalité). La natalité va très vite se réduire, conséquence d’une conjonction de facteurs[13] :
Le pays sort ruiné de la guerre et la population voit son pouvoir d’achat se réduire. La situation économique est encore aggravée par le contre-choc pétrolier, l’embargo américain et par l’inflation. L’enfant est alors un coût.
L’émancipation des femmes : le régime n’a jamais condamné la contraception et renouvelle son autorisation dès 1980. Les femmes profitent de la révolution et des politiques sociales et d’éducation qui sont menées pour accéder en masse au système scolaire et universitaire. Contrairement aux préjugés, le statut de la femme s’est donc plutôt amélioré depuis 1979 (si l’on excepte le port du voile). Il n’est en tout cas en rien comparable avec leur situation en Arabie Saoudite ou dans les Émirats Arabes Unis. Cette émancipation se fait parallèlement à des progrès sociaux globaux de la société (système de santé, système éducatif, réseau d’assainissement et d’eau) qui entraînent un mariage plus tardif, une attente plus longue entre les enfants, la baisse de l’âge du dernier enfant. Il faut souligner que ce vaste programme de développement a débuté à l’initiative du shah dans les années soixante dix, mais son accélération correspond à la fin de la guerre Iran-Irak.
Les politiques du régime ont le soutien des religieux et bénéficient d’une communication importante. Elles sont complétées par la promotion de politiques éducatives, sociales et de réductions des disparités régionales.
Le statut de l’enfant change. Il devient un investissement, coûteux, et les iraniens nourrissent des aspirations grandissantes pour leurs enfants. Il n’est plus possible financièrement d’en avoir autant que ses parents.

Il faut noter parallèlement plusieurs points importants :
L’urbanisation progresse, sans « bidonvilisation », mais non sans poser un problème de congestion des grands centres urbains
L’Iran est le pays au monde qui accueille le plus de réfugiés en valeur absolue. Le retour amorcé est actuellement bloqué par les développements politiques d’Irak et d’Afghanistan. Ces réfugiés exercent souvent de petits métiers, sont soutenus et aidés par le gouvernement, mais en butte à l’hostilité de la population.
La guerre Iran-Irak n’a pas fait autant de morts que certaines prévisions le laissent croire (le nombre de décès devrait se situer entre 335 000 et 500 000). Compte tenu de la force démographique du pays, la mobilisation en valeur relative à la population n’a été que faible, la guerre non linéaire, et le taux de natalité n’a donc pas baissé, évitant le phénomène de classes creuses que l’on a connu en France. Le principal effet fut la hausse de l’émigration et la fuite des cerveaux (ou leurs morts).
Le solde migratoire iranien est structurellement négatif du fait d’une émigration politique, économique, socioculturelle et militaire. Seul des afflux conjoncturels de populations réfugiées fait varier cette tendance.

En conséquence, la population iranienne a vécu une véritable révolution. Son indicateur de développement humain est proche des pays faible : 0.732 (101ème rang mondial en 2002[14]), mais les indicateurs tels que l’indice synthétique de fécondité (ISF), le taux de mortalité infantile, le taux d’alphabétisation ou l’espérance de vie sont proches ou égaux aux taux de certains pays de l’Union Européenne[15]. La population continue d’augmenter suite à un effet de génération mais devrait réduire profondément sa hausse.


Il est fondamental de nuancer certains des points avancés ci-dessus. Les femmes sont contraintes de porter le voile et plusieurs centaines d’entre elles sont condamnées chaque année à des excuses pour « mauvais port du voile ». La musique occidentale est interdite, Internet surveillé, les opposants emprisonnés, la presse muselée, l’alcool prohibé, les minorités discriminées à l’image notamment des homosexuels qui encourent la peine de mort (deux jeunes hommes ont ainsi été exécutés le 19 juillet 2005. Il n’est donc pas question de présenter un pays moderne et juste, mais de tâcher de proposer une vision moins manichéenne de l’Iran que celle véhiculée habituellement. L’Iran n’est pas resté en marge de la modernité et de l’histoire, et la société iranienne est sans conteste une société plus libre, plus juste et plus égalitaire que d’autres pétro-monarchies moyen-orientales.
Si économiquement le pays avance à un rythme relativement faible et si techniquement le pays a incontestablement régressé (rappelons notamment que l’Iran avait profondément avancé dans la recherche nucléaire au temps du shah, mais que les ingénieurs partis, le pays a du revenir en arrière…), les évolutions sociales furent fortes, parfois bonnes : la transition démographique, le développement du système social et scolaire, la solidarité entre les malades et les bien-portants, le soutien aux provinces les plus pauvres, l’accueil des réfugiés étrangers....autant de faits incontestables et peu médiatisés.



Des évolutions porteuses d’espoir, ou pourquoi est-il souhaitable que le cours du pétrole baisse ? :

Les iraniens ne soutiennent sans doute pas majoritairement les velléités guerrières de M. Ahmadinejad, mais les jeunes semblent résignés. Déçus par des réformateurs frileux, sans illusions sur une révolution intérieure qui serait sanglante, bien éduqués, ils semblent accepter la situation. Le gouvernement sait lâcher du leste, fermer les yeux quelques mois sur les rues animées où la jeunesse aisée de Téhéran aime à se retrouver pour boire du whisky sur un air de Madonna, les pasdarans[16] opérant malgré tout des descentes brutales à intervalles de plus en plus réguliers depuis quelques mois.

Pourtant, le pire n’est jamais sûr et l’un des espoirs a trait aux dysfonctionnements économiques du pays. Alors que le cours du brut flambe, le régime peut procéder à une forte redistribution, s’assurer du soutien des plus pauvres, alimenter les bazaris tout en développant un coûteux programme militaire et nucléaire. Mais imaginons que le cours du pétrole baisse….alors l’afflux de pétrodollars se réduira, le cours du rial se dépréciera faute de réserves suffisantes pour intervenir sur le marché noir, les dépenses budgétaires ne pourront continuer et des arbitrages seront donc nécessaires. Il faudra que le gouvernement réoriente sa politique budgétaire et monétaire sous peine de voir le pays plonger dans une dramatique crise d’hyperinflation. N’est-ce pas là une porte de sortie ?
Le gouvernement pourrait alors perdre le soutien des bazaris soucieux de stabilité et d’ordre. Sans fantasmer sur une possible révolution de la rose en Iran sur le modèle de la révolution orange ukrainienne, on peut imaginer que les réformateurs reviendraient au pouvoir avec une marge de manœuvre plus grande laissée par des autorités religieuses désireuses de conserver leur place et leurs avantages. Le pays ne pourrait peut-être plus se permettre d’être au banc des nations et devrait renoncer au volet militaire de son projet nucléaire.

Arrêtons là les spéculations. P Douste-Blazy a été maladroit, mais sur le fond, ses propos sont justes : l’Iran peut et doit avoir un rôle stabilisateur dans la région. C’est incontestable. L’Iran est au carrefour de l’Europe, du monde Arabe, de la Russie, du sous-continent indien, et de l’Asie centrale. L’Iran chiite est un contrepoids à la péninsule arabique sunnite. Il semble donc fondamental de comprendre ce pays, avant de répondre au défi qu’il lance par son comportement sur le dossier du nucléaire.


Benoit Decourt



[1] Madrassa = école coranique
[2] Monica MALIK,Iran : High oil price masks structural imbalances, AME Info
[3] Perspective de l’économie mondiale 2006, FMI
[4] Thomas COVILLE, Perspective Iran, édition Nord-Sud Export
[5] Islamic Republic of Iran: Statistical Appendix, FMI
[6] Le Conseil des gardiens est composé de douze membres. Cette institution a pour fonction principale de veiller à la compatibilité des lois avec l’islam ainsi qu’à leur constitutionnalité. Dominé par les conservateurs, ce conseil utilise ce droit de contrôle du législatif comme un instrument pour bloquer toutes les réformes jugées libérales.
[7] IDE = Investissement Direct à l’Étranger.
[8] Statistiques Iran, DGPTE
[9] Les bonyads (dont la plus connue est la Fondation des Déhérités (Boniad-e Mostazafän va Janbâzan) sont des fondations religieuses publiques -relativement indépendantes - créées à la révolution, engagées dans des activités socioculturelles. Elles contrôlent aussi des véritables empires industriels, fort profitables, à l’abri de toute intervention étatique. Elles nuisent à l’efficacité de la politique économique de l’État, amené à monétiser leurs déficits, sont source de corruption et de lutte de pouvoir
[10] Les bazaris sont les noms des commerçants du bazar de Téhéran, et par extension le nom donné aux commerçant. Ce groupe est très conservateur et protège jalousement ses privilèges.
[11] Iran – Situation économique et financière, Mission Economique de Téhéran
[12] Population Pyramid Summary for Iran, US Census Bureau
[13] Population et sociétés n°414, INED
[14] Source : Programme des Nations Unis pour le développement. Rapport sur le développement humain paru en 2004.
[15] Marie LADIER-FOULADI, Population et sociétés n°328, INED
[16] Le Corps des Gardiens de la révolution islamique ou pasdarans, est une organisation militaire séparée de l’armée régulière, mais dotée d’une sa propre marine et de forces terrestres. Très active pendant la guerre Iran-Irak, cette force dévouée aux conservateurs et populaire dans les milieux jeunes et défavorisés, est redoutée en Iran. Il est à noter qu’elle dispose d’un quartier général opérationnel au Liban.

Iran - Irak : L'Iran et l'Irak vont exploiter en commun des champs de pétrole

L'Irak a concrétisé de manière spectaculaire son rapprochement avec l'Iran en annonçant que les deux pays allaient exploiter ensemble des champs pétrolifères situés de part et d'autre de leur frontière commune

par Mariam Karouny

VIENNE (Reuters) - L'Irak a concrétisé de manière spectaculaire son rapprochement avec l'Iran en annonçant que les deux pays allaient exploiter ensemble des champs pétrolifères situés de part et d'autre de leur frontière commune.

Dans une interview à Reuters, le ministre irakien du Pétrole Hussein al Chahristani a ajouté que Téhéran et Bagdad allaient construire de concert un oléoduc pour faire raffiner en Iran une partie du brut irakien.

Cette annonce intervient en pleine visite à Téhéran du Premier ministre irakien Nouri al Maliki, la première en Iran du chef du gouvernement, d'obédience chiite.

Les deux pays avaient étudié la possibilité d'une coopération pétrolière au début des années 1970, avant qu'un long et sanglant conflit militaire n'oppose l'Iran, dirigé par les chiites depuis la Révolution de 1979, à l'Irak, gouverné à l'époque par une minorité sunnite menée par Saddam Hussein.

L'accord devrait être signé dans quelques mois, après une délimitation des champs de pétrole par des techniciens. Il oblige les deux parties à préciser, dans le territoire défini, la nature de leurs richesses pétrolières et à effectuer en commun le pompage.

ACCORD PREVUS AVEC LA SYRIE ET LE KOWEÏT

"Les Iraniens disent qu'ils sont même prêts à prendre chez nous tout le pétrole dont ils ont besoin pour la raffinerie d'Abadan, ce qui correspond à environ un demi-million (de barils par jour)", a précisé Chahristani.

Il a ajouté que des entreprises iraniennes se faisaient fort de construire l'oléoduc en neuf mois.

L'Irak envisage de signer des accords similaires avec la Syrie et le Koweït, deux autres voisins avec lesquels il partage des champs pétrolifères, a-t-il dit.

Le ministre irakien du Pétrole a indiqué que le gouvernement préparait une loi sur les hydrocarbures, qui devrait être adoptée avant la fin de l'année et qui fixerait les conditions d'investissement et d'exploitation pour les compagnies pétrolières internationales.

Après adoption du texte, une Compagnie nationale pétrolière sera créée. "Elle aura un rôle de régulation et de supervision, elle définira la politique pétrolière que les compagnies opérant dans le pays appliqueront", a dit le ministre.

Le pétrole constitue la principale ressource financière de l'Irak, qui éprouve de grosses difficultés à rétablir une fonctionnement complet de ce secteur, en raison d'une mauvaise gestion et des attentats.

Chahristani a toutefois annoncé une forte hausse à la fois de la production et des exportations, qui ont atteint en août 1,65 million de bpj. Le mois dernier, le ministre du Pétrole avait estimé que la production atteindrait les trois millions de bpj à la fin de l'année, retrouvant ainsi son niveau d'avant l'invasion américaine.

samedi, septembre 16, 2006

Iran-Sénégal : Les accords de coopération revisités

ENERGIE : Les accords de coopération revisités

La visite hier, à Dakar, du président Mahmoud Ahmadinejad, a permis au Sénégal et à l’Iran, de revisiter l’état de leur coopération. Le domaine de l’énergie y a occupé une importante place ainsi que l’a confirmé, le président iranien face à la presse, peu avant son départ, très tard dans la soirée.

Ahmadinejad a en effet expliqué que les accords conclus entre son pays et le Sénégal lors de la visite du président Wade et de son ministre de l’Énergie à Téhéran ont été revisités.

L’Iran réaffirme ainsi sa volonté d’offrir des solutions en matière de résorption du déficit énergétique, de la prospection pétrolière et industrielle. La construction annoncée depuis la visite du président Wade à Téhéran d’une raffinerie de pétrole pour un coût de 250 milliards de francs CFA, avec au départ une capacité de production de 5 millions de tonnes entre dans ce cadre. L’usine de montage de véhicules et la construction de composants électriques pour la Senelec sont aussi d’autres éléments de ces accords dans le domaine de la coopération entre ces deux pays.

Tout cela montre la volonté de l’Iran, de développer davantage sa coopération avec le Sénégal, « un pays frère et ami », selon les termes du président Ahmadinejad.

Le président Ahmadinejad s’est par ailleurs réjoui de l’accueil et de l’hospitalité du Sénégal, un pays dont il aimerait baigner encore davantage dans l’ambiance des populations notamment les jeunes. « Nous avons plusieurs fois exprimé notre position sur le nucléaire. Il n’y a pas de changement à ce propos. Nous sommes toutefois partisan du dialogue dans la résolution des problèmes », a-t-il dit répondant à une question sur le nucléaire iranien, ajoutant qu’il est possible de gérer le monde sur la base du droit et de la justice.

Accompagné de son épouse, le président Mahmoud Ahmadinejad est en route vers la Havane où il doit participer au sommet des non alignés. Né dans la ville de Garmsar, à l’Est de Téhéran, en 1956, Ahmadinejad, après avoir terminé ses études secondaires, est entré à l’université Elm-o-Sanaat en 1975. Il a été maire de Téhéran avant de devenir président de l’Iran.

Sadibou MARONE

Exclusion de la banque iranienne Saderat du système financier américain

La Banque centrale d'Iran menace de liquider ses réserves en dollars
AFP 16.09.06 | 04h02

Le gouverneur de la Banque centrale d'Iran, Ebrahim Sheibany, a menacé dans une interview publiée samedi de liquider ses réserves en dollar et de prendre des "mesures légales" contre Washington, après l'exclusion de la banque iranienne Saderat du système financier américain. Le Trésor américain a coupé le 9 septembre toute relation entre le système financier du pays et la banque Saderat, une des plus grosses institutions financières d'Iran, l'accusant de soutenir des activités terroristes. "Cette mesure pourrait nous amener à prendre nos distances" avec le dollar, a affirmé M. Sheibany dans un entretien à l'hebdomadaire britannique Emerging Markets. "Dès maintenant, nous utilisons d'autres devises, et cela nous encourage à nous éloigner du dollar", a-t-il ajouté. Il a précisé que ces devises sont "non seulement l'euro", mais aussi d'autres monnaies régionales et asiatiques. "Un pays comme les Etats-Unis, qui a une devise internationale comme le dollar, devrait en prendre soin", a encore averti le banquier central iranien, selon qui Téhéran peut placer les revenus issus de ses exportations pétrolières "dans les banques de nos voisins, et nous avons également de très bonnes relations avec des banques européennes". M. Sheibany a par ailleurs menacé Washington de représailles juridiques, auprès du Fonds monétaire international (FMI) et d'autres instances, jugeant que la décision du Trésor américain était "unilatérale, inappropriée et illégale". Le sous-secrétaire américain au Trésor, Tim Adams, a affirmé plus tôt cette semaine que le financement du terrorisme serait une des questions abordées lors de la réunion des ministres des Finances du G7, samedi à Singapour. "Il est vital de débarrasser le système financier international des activités illégales, de ceux qui cherchent à l'utiliser pour faire proliférer les armes de destruction massive et pour d'autres activités", a-t-il déclaré.