dimanche, août 23, 2015

Les gagnants de la réouverture du marché iranien.

Lesehos.fr, par Pierrick Fay

La Turquie et Dubaï devraient profiter en premier lieu de l'accord iranien. L'Europe se place à moyen terme.

Le prochain retour de l'Iran dans le concert des nations ne va pas bouleverser que le marché pétrolier. Il ouvre aussi de nombreuses opportunités aux entreprises. L'Iran est, en effet, perçu comme une puissance économique en devenir, un mixte, selon Bank of America - Merrill Lynch (BofAML), entre l'Arabie saoudite, pour sa richesse pétrolière et l'Egypte pour la taille de sa population (78 millions d'habitants). « L'Iran est la 18e économie du monde en termes de parité de pouvoir d'achat. Le retrait graduel et partiel des sanctions pourrait favoriser le rebond rapide de la demande domestique, surtout si les exportations de pétrole se normalisent au niveau d'avant 2012 », date de l'embargo pétrolier de l'Union européenne, expliquent les analystes de BofAML. Selon l'Economist Intelligence Unit, la croissance iranienne pourrait accélérer, passant de 2 % prévu cette année à 5,2 % par an entre 2016 et 2019. « Nous anticipons une reprise économique, soutenue par la croissance des revenus pétroliers, l'accès aux actifs gelés à l'étranger [100 milliards de dollars] et le retour des investissements directs de l'étranger », estime pour sa part Deutsche Asset & Wealth Management (DAWM).

Dans les starting-blocks

Les entreprises asiatiques, européennes et américaines sont donc dans les starting-blocks, alors que le retrait des sanctions « pourrait faire passer les importations de l'Iran de 80 milliards de dollars aujourd'hui à 200 milliards à terme », selon BofAML. Mais les premiers gagnants de l'accord ne seront pas forcément ceux-là. « Nous pensons que les Emirats arabes unis et la Turquie sont les mieux placés pour profiter de la hausse potentielle du commerce avec l'Iran », selon la banque américaine. Les Emirats arabes unis d'abord, en tant que hub de services dans la région, en particulier Dubaï, qui « pourrait être largement utilisé comme place de départ pour les entreprises internationales désireuses d'accéder au marché iranien. Déjà, il y a 17 vols quotidiens entre Dubaï et l'Iran », note DAWM. La Bourse de Dubaï a d'ailleurs pris 3,2 % depuis l'annonce de l'accord. De nombreuses compagnies turques seraient aussi bien placées à l'instar d'Icecek (embouteilleur de Coca-Cola), du pétrolier Genel ou des constructeurs auto Tofas et Dogus Otomotiv.

Selon BofAML, quelques entreprises occidentales apparaissent, tout de même, bien placées pour tirer leur épingle du jeu à moyen terme comme Saipem, ENI, Total dans l'énergie, mais aussi Airbus ou Peugeot et Renault dans l'automobile. « L'Allemagne, et notamment les constructeurs automobiles, pourrait bénéficier de ses traditionnelles bonnes relations avec l'Iran », ajoute de son côté Deutsche Asset & Wealth Management.

Baisse du prix du pétrole

Mais, prévient le gestionnaire allemand, les « effets commerciaux directs seront probablement très limités, spécifiques à certaines valeurs, et pourraient prendre du temps à se matérialiser ». Même si la fin de l'embargo sera tout de même « positive pour les entreprises ayant des filiales significatives en Iran et pour les groupes présents dans la construction et les services parapétroliers qui pourront aider à la reconstruction du pays ». Mais le principal effet positif pour les entreprises européennes pourrait surtout venir de la baisse du prix du pétrole. Selon BofAML, « l'offre iranienne pourrait pousser les prix du pétrole à la baisse de l'ordre de 5 à 10 dollars par baril», la banque américaine tablant sur un point d'équilibre long terme du baril de brent entre 60 et 80 dollars.

Aucun commentaire: