lundi, avril 21, 2014

Boeing autorisé à vendre des pièces détachées en Iran

Sources : AFP et Reuters | 


Les Etats-Unis ont autorisé l'avionneur Boeing à vendre des pièces détachées d'avions de ligne à l'Iran, a annoncé un porte-parole du groupe américain vendredi 4 avril.


Ce feu vert, qui se présente sous la forme d'une licence, porte sur « une courte durée » et concerne « les pièces détachées des avions de ligne qui ont besoin d'être changées pour des raisons de sûreté », a insisté le porte-parole.

Il marque le retour en Iran de l'avionneur, qui n'y avait pas fait d'affaires depuis l'embargo américain en 1979, a-t-il ajouté.

PAS DE NOUVEAUX AVIONS

La licence a été octroyée par le département du Trésor dans le cadre de l'accord intérimaire sur le nucléaire iranien signé en novembre entre Téhéran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, FranceRoyaume-UniRussieChine et Allemagne), a précisé le porte-parole.

Boeing n'a en revanche pas le droit de vendre de nouveaux avions à l'Iran, a ajouté le représentant de la compagnie.

GE AUTORISÉ À LA RÉVISION DE 18 MOTEURS D'AVION

Fin février, un autre groupe américain, le conglomérat General Electric (GE), avait indiqué avoir demandé aux autorités américaines la permission de vendre à l'Iran des pièces détachées d'avions de ligne. Le département du Trésor l'a lui aussi autorisé à procéder à la révision de 18 moteurs d'avion vendus à l'Iran dans les années 1970. Les moteurs seront révisés dans des locaux du constructeur ou de la firme allemande MTU Aero Engines, qui est habilitée à le faire, a précisé un porte-parole.

Les Etats-Unis et les pays européens ont imposé de sévères sanctions économiques contre l'Iran ces dernières années afin de contraindre Téhéran à suspendre son programme nucléaire, soupçonné de cacher un volet militaire. Ces sanctions ont été levées partiellement en janvier après que l'Iran a accepté dégeler une partie de son programme. Les deux parties négocient actuellement un accord définitif qui garantirait la nature pacifique de son programme, et permettrait la levée totale des sanctions internationales.

Saisie d'un gratte-ciel de Manhattan, détenu par l'Iran

Source : Le monde.fr du 19.04.2014, Par 


Il a fallu sept ans pour que le gouvernement américain parvienne à ses fins :obtenir la saisie d'un immeuble situé en plein cœur de Manhattan, dont les propriétaires sont accusés d'avoir violé les sanctions imposées contre l'Iran et la législation en matière de blanchiment d'argent.


Ce building de 36 étages, qui se dresse sur la 5e avenue, à l'angle de la 52e rue, à quelques mètres du Rockefeller Center, avait été construit à la fin des années 1970, sous le régime du shah d'Iran, par la fondation Pahlavi. Il appartient aujourd'hui à la 650 Fifth Avenue Company, une société foncière détenue à 40 % par le groupe Assa et à 60 % par la Fondation Alavi, une organisation à but non lucratif qui promeut la culture islamique et la langue persane, qui a succédé à la fondation Pahlavi.
La justice reproche à la 650 Fifth Avenue Company de disposer d'un compte à la banque nationale iranienne Melli, sur lequel plus de 17 millions de dollars ont été déposés entre 2000 et 2007. Depuis 2008, cet établissement financier fait partie de la liste des entreprises dont les avoirs sont gelés en raison de leurs liens avec le programme nucléaire iranien. Les loyers perçus par la société foncière se sont élevés, entre 1996 et 2008, à 228,2 millions de dollars. Parmi les locataires actuels : les hôtels Starwood, Juicy Couture ou bien encore la Fondation Doris Duke.

UN BIEN ESTIMÉ À PLUS DE 800 MILLIONS DE DOLLARS

Le 16 septembre, une première décision du tribunal de New York avait estimé que« sur la base de preuves incontestées, Assa est une couverture de la banque Melli et donc une couverture pour le gouvernement iranien ». Ce jugement a été confirmé, jeudi 18 avril, ouvrant la porte à la saisie de ce bien estimé à plus de 800 millions de dollars. « Avec cette décision, nous avons fait un pas important pourparvenir à ce qui sera la plus importante confiscation liée au terrorisme et pourfournir une compensation importante aux victimes du terrorisme », a souligné le procureur de New York, Preet Bharara, dans un communiqué. En septembre, les avocats du groupe Assa et de la fondation Alavi avaient laissé entendre qu'ils feraient appel de la décision.

Pour la justice américaine, il s'agit notamment d'indemniser les familles des victimes des attentats à la bombe de Beyrouth en 1983 contre des baraquements de marines. L'opération menée par le djihad islamique, une organisation ancêtre du Hezbollah, pro-iranienne, avait fait 241 victimes. Les ayants droit des 19 militaires tués lors d'une attaque contre les tours Khobar en Arabie saoudite en 1996 seraient également concernés par cette indemnisation. Les familles des victimes du terrorisme soutenu par l'Iran réclament toujours la somme totale de 6 milliards de dollars de dommages.
Le bien de la 5e avenue n'est pas le seul visé par une saisie. Plusieurs mosquées et écoles islamiques situées à New York dans le quartier de Queens, au Maryland, en Californie et à Houston, ainsi qu'une propriété d'une quarantaine d'hectares en Virginie sont dans le collimateur de la justice.

dimanche, avril 20, 2014

Le réveil de l'Iran ?



Un Iran démocratique ou quasi-démocratique serait en mesure, du fait de sa position géographique idéale, de dynamiser le monde musulman tout entier, à la fois dans le monde arabe et en Asie centrale. C'est ce qu'explique entre autres Robert Kaplan dans son livre "La revanche de la géographie".
Source : atlantico.fr

L’Iran, comme l’atteste son programme nucléaire, fait partie des pays les plus avancés du Moyen-Orient sur le plan technologique. Il construit des centrales hydroélectriques, des routes et des voies ferrées dans les pays de l’Asie centrale et compte leur être bientôt relié par des voies de commerce fiables. Un gazoduc achemine le gaz naturel turkmène en Iran depuis le sud-est du Turkménistan jusqu'aux abords de la mer Caspienne, ce qui permet à la production propre de l'Iran d'être exportée via le golfe Persique. Le Turkménistan possède la quatrième réserve de gaz naturel au monde, et exporte tout son gaz vers l’Iran, la Chine et la Russie. D’où la possibilité de voir émerger un axe énergétique eurasien, réunissant ces trois grandes puissances continentales, jusqu’ici solidaires dans leur opposition aux démocraties occidentales.

L’Iran et le Kazakhstan ont construit un oléoduc reliant leurs deux pays, qui transporte le pétrole kazakh vers le nord de l’Iran, permettant là aussi à l'Iran d'exporter sa production propre via le golfe Persique. Le Kazakhstan et l’Iran seront bientôt reliés par le rail, ce qui fournira un accès direct vers le golfe Persique au Kazakstan. Une voie ferrée est également en projet entre le Tadjikistan et l’Iran, en passant par l’Afghanistan. L'Iran est d'une part situé au point de passage obligé pour les pipelines de l'Asie centrale, et d'autre part, à la tête d'un empire semi- terroriste clandestin au Moyen-Orient. C'est pourquoi on peut affirmer qu'il sera au XXIe siècle l'équivalent du pivot de Mackinder. Mais il lui reste un problème de taille à régler.

Malgré le prestige dont jouit l’Iran chiite à l’heure actuelle dans certaines parties du monde arabe — sans parler du Liban du Sud chiite et de l’Irak chiite —, à cause de son implacable soutien de la cause palestinienne et de son antisémitisme à peine voilé, son rayonnement n'est pas le même en Asie centrale. L'une des raisons est que les anciennes républiques soviétiques maintiennent des relations diplomatiques avec Israël, et n’ont pas envers l’État hébreu la même haine viscérale que le monde arabe, qui s'atténuera cependant peut-être à la suite du Printemps arabe. De plus, si l'Iran est si peu attractif en Asie centrale, mais aussi dans le monde arabe, c'est à cause de son pouvoir clérical étouffant, qui n'a pas hésité à recourir à la violence pour écraser les velléités démocratiques de son peuple.

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de me rendre dans la capitale du Turkménistan, Ashgabat, entourée d'un désert sillonné par quelques rares nomades. Depuis cette ville, la culture iranienne semble être le centre du monde, situé sur les grandes voies de commerce et de pèlerinage. Les Turkmènes, qui sont obligés de commercer avec leurs voisins iraniens, sont pour la plupart laïques et n'éprouvent aucune fascination pour le régime des mollahs. Quelque que soit l'influence iranienne, si tenace soit son opposition aux États-Unis et à Israël, je pense que le pays s'essoufflera avant de pouvoir prendre l'ascendant idéologique et religieux sur l'Asie centrale. Mais un Iran démocratique ou quasi-démocratique serait en mesure, du fait de sa position géographique idéale, de dynamiser le monde musulman tout entier, à la fois dans le monde arabe et en Asie centrale.

Extraits de "La revanche de la géographie. Ce que les cartes nous disent des conflits à venir" de Robert D.Kaplan aux Editions du Toucan.