lundi, mai 01, 2006

Nucléaire : la communauté internationale placée devant le fait accompli

Iran : la communauté internationale placée devant le fait accompli
20 Minutes | édition du 28.04.06

Cela fait quatre ans que l'opposition iranienne a alerté le monde sur le programme nucléaire militaire de l'Iran. Sans grandes conséquences. Explications.

1. Le sujet fait-il l'unanimité en Iran ?

Les ambitions nucléaires de l'Iran datent de l'époque du shah, qui avait commencé un programme civil, abandonné ensuite par les mollahs car considéré « occidental ». Le programme a été relancé après que l'Irak eut lancé des armes chimiques sur l'Iran, au milieu des années 1980. Aujourd'hui, si des réformateurs critiquent l'intransigeance d'Ahmadinejad, « il y a plutôt unanimité au sein du pouvoir iranien » sur la question nucléaire, explique un ancien diplomate en poste en Iran : pour tous, il est hors de question de renoncer à l'enrichissement d'uranium.

2. Pourquoi a-t-on tardé à prendre des sanctions ?

Dans son livre*, Thérèse Delpech, chercheur associé au Centre d'études de recherches internationales, explique qu'avec le dossier nucléaire iranien, les Européens « voulaient montrer que les moyens diplomatiques pouvaient aboutir à des résultats dans le domaine de la non-prolifération ». Pétrole, Irak, terrorisme international : l'Iran a en plus une véritable capacité de nuisance. Enfin, nous a-t-elle précisé, « il y a deux ans que l'on attend une attitude plus coopérative de la Russie et de la Chine ».

3. Quelles sont les sanctions possibles ?

« Le problème est d'abord d'obtenir de la Russie l'arrêt de ses ventes d'armes à l'Iran, et de la Chine une position plus claire », ajoute Thérèse Delpech. Des mesures peuvent ensuite être prises par le Conseil de sécurité : restriction des déplacements pour les officiels et les spécialistes du nucléaire, arrêt de la coopération scientifique, technologique et culturelle, gel des avoirs financiers. « L'Iran est très vulnérable car c'est une économie de rente pétrolière, qui ne produit même pas la majorité des produits raffinés du pétrole [l'essence est produite en grande partie en Inde] », explique- t-elle. « En réalité, avoue un diplomate, la marge de manoeuvre est très étroite. »

4. Une guerre est-elle envisageable ?

Des journaux américains assurent que l'option militaire est envisagée à Washington, de la frappe sélective à la frappe nucléaire ciblée. « Que les militaires proposent des options au Président en période de crise, c'est leur travail », relativise François Géré, président de l'Institut français d'analyse stratégique, pour qui l'action militaire n'est pas à l'ordre du jour. « On peut casser des installations, mais on n'arrête pas un programme nucléaire dès que le pays dispose du savoir-faire. » Des attaques ne serviraient donc à rien.

5. Une sortie de crise est-elle possible ?

La seule solution passe par un compromis, en acceptant que l'Iran ait « une petite unité de recherche très encadrée », estime François Géré. Cela lui permettrait d'obtenir le savoir-faire. Mais, justifie-t-il, ainsi « on continue à contrôler son programme. C'est s'ils coupent les ponts que cela devient dangereux. »

C. L.

*L'Iran, la bombe et la démission des nations. Ed. Autrement.

©2006 20 minutes




Charge L'Iran n'a pas la quantité nécessaire d'uranium militaire pour fabriquer une bombe. Mais si l'assemblage des centrifugeuses à Natanz fonctionne, le pays pourrait avoir la quantité d'uranium hautement enrichi nécessaire à une arme dans deux à cinq ans. Vecteur Le pays a fait des progrès importants dans la fabrication de missiles. Mais « des essais doivent encore être faits pour tester la résistance des ogives » à une charge nucléaire, selon François Géré. Car seuls des missiles sol-sol pourraient être utilisés par l'Iran, l'envoi d'un bombardier étant trop visible.

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