mardi, juin 07, 2005

Total voit l'Iran comme débouché pour le brut kazakh

LONDRES, 6 juin (Reuters) - Total < TOTAL > estime que l'Iran reste une route d'exportation prometteuse pour au moins une partie du brut extrait du gisement de Kashagan, au Kazakhstan, en dépit de l'opposition américaine à Téhéran, estime le vice-président de Total pour la Caspienne.

Total, actionnaire de Kashagan, s'est engagé sur cette route iranienne il y a cinq ans mais le projet a semblé voué à l'échec devant la progression de l'oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan en Turquie), soutenu par les Etats-Unis, et dans lequel le groupe pétrolier français a également acheté une participation.

Jean-Michel Salvadori a toutefois jugé, dans une interview à Reuters, que même si le Kazakhstan a promis pour BTC 30 millions de tonnes du brut de Kashagan, une route iranienne reste réalisable et sans doute même nécessaire.

"Nous croyons beaucoup à la route iranienne, nous pensons qu'elle a le potentiel pour devenir un débouché économique solide pour le brut de Kashagan", a-t-il dit. "Nous pensons qu'il faudra plusieurs options pour des questions variées, de concurrence comme de sécurité."

"On ne veut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier", a-t-il ajouté lors d'une conférence à Paris sur le pétrole la semaine dernière.

Kashagan était, à l'époque de sa découverte en 1999, le plus vaste gisement offshore au monde depuis 30 ans.

Sa mise au jour a intensifié la concurrence entre l'Iran, la Russie et les Etats-Unis qui se disputaient déjà le contrôle des routes d'exportation du bassin de la Caspienne vers les marchés mondiaux.


DEVELOPPER L'INVESTISSEMENT

Washington, dans sa volonté de contourner la Russie et l'Iran, a soutenu la création de l'oléoduc BTC, inauguré le mois dernier. Initialement destiné au transport du pétrole d'Azerbaïdjan, cette route fonde aussi de solides espoirs sur le brut du Kazakhstan.

Le Kazakhstan espère que Kashagan lui permettra de tripler ses exportations pétrolières d'ici 2015 à plus de trois millions de barils par jour.

Selon Salvadori, les volumes de Kashagan s'annoncent tellement élevés qu'il faudra trouver encore de nouvelles routes d'exportation. En dépit de l'hostilité de Washington, de nombreux dirigeants du secteur pétrolier privilégient l'Iran dans cette optique, puisqu'elle exporte vers le Golfe. L'option russe entraînerait une hausse du transit vers le détroit du Bosphore, qui est déjà saturé.

"Nous ne voulons pas placer toute notre part (de production) dans une seule direction," a déclaré Salvadori.

Outre sa part de 18,5% dans Kashagan, Total espère aussi participer à d'autres projets sur la Caspienne comme le gisement de Kurmangazy, dont les réserves sont évaluées à un milliard de tonnes de pétrole, et qui sera développé conjointement par la Russie et le Kazakhstan.

Salvadori a déclaré que les discussions se déroulaient à propos de l'entrée de Total sur ce gisement, qui a déjà été retardée à plusieurs reprises. Total va continuer à développer des projets d'investissement sur la Caspienne, identifiée par le groupe comme l'une de ses grandes zones de croissance future.

Salvadori a toutefois souligné que la question de la diversité des routes d'acheminement devait être réglée car le problème des transports dans cette région enclavée est tout aussi important que le développement de la production.

"Il y a un pays dont la production va tripler dans les dix prochaines années. Cette région sera donc très importante pour Total en termes de base d'actifs", a-t-il dit.

"Nous avons déjà investi et nous souhaitons investir davantage dans cette partie du monde. Mais dans la Caspienne, on ne peut pas dissocier l'investissement dans l'exploration et la production de l'investissement dans la logistique et le transport."


par Sujata Rao

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