Après vingt et une tentatives infructueuses, l'Iran a obtenu jeudi 26 mai 2005 l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les Etats-Unis ayant levé leur opposition au lendemain d'une concession de Téhéran en matière nucléaire.
Les 148 pays membres, réunis en Conseil général au siège de l'OMC à Genève, ont approuvé à l'unanimité l'adhésion de Téhéran, a annoncé l'ambassadeur d'Iran auprès des Nations Unies, Mohamed Reza Alborzi.
La candidature iranienne, qui date de septembre 1996, avait été jusqu'ici repoussée à vingt et une reprises par le Conseil général depuis mai 2001, du fait de l'opposition des Etats-Unis qui ont classé l'Iran dans "l'axe du mal" avec la Corée du Nord.
"La République islamique d'Iran salue cette décision, nous avons toujours pensé que notre droit d'être admis à l'OMC était ignoré sans raison", a déclaré à Téhéran le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi.
L'ouverture de négociations, qui devraient durer plusieurs années, survient au lendemain d'une réunion ministérielle à Genève sur le dossier nucléaire entre Européens (France, Grande-Bretagne, Allemagne) et Iraniens.
Alors que l'Iran menaçait de relancer son programme d'enrichissement nucléaire, Téhéran a accepté lors de cette réunion de continuer à suspendre ses activités nucléaires au moins jusqu'à fin juillet.
Les Etats-Unis soupçonnent fortement l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert de programme nucléaire civil.
Ils avaient cependant indiqué en mars dernier qu'ils pourraient accepter l'entrée de l'Iran à l'OMC, en signe de bonne volonté vis-à-vis des négociations euro-iraniennes sur le nucléaire. Les Européens ont en effet offert à Téhéran de discuter de son accession à l'OMC en échange de négociations visant à l'abandon du programme nucléaire militaire iranien.
Les Etats-Unis "ont bloqué notre adhésion pour des raisons politiques", a observé M. Alborzi. "Ils la débloquent pour des raisons politiques".
L'obstruction américaine était fortement critiquée par de nombreux pays membres, alors que des négociations d'adhésion avec l'Irak et l'Afghanistan, devenus deux proches alliés de Washington, ont démarré en décembre dernier.
L'ouverture de négociations d'adhésion se traduit par la mise en place d'un groupe de travail auquel le pays candidat doit remettre un memorandum sur sa politique commerciale.
Des négociations multilatérales peuvent ensuite s'ouvrir avec, en parallèle, des négociations bilatérales entre le pays candidat et tous les Etats membres qui demandent à le faire. Dans le cas de la Chine, qui a adhéré fin 2001, la procédure a duré au total une quinzaine d'années.
Selon l'ambassadeur iranien, les négociations pourraient ne prendre que trois ou quatre ans, Téhéran ayant mis à profit ces dernières années pour préparer son système commercial à l'adhésion.
"Nous avons fait notre travail ces dernières années, nous n'avons pas attendu que cette décision soit prise", a-t-il souligné.
L'Iran n'est pas obligé de passer par un statut d'observateur, imposé habituellement aux pays candidats, a-t-on indiqué de source proche de l'organisation. Les candidats qui reçoivent ce statut doivent en principe entamer des négociations d'adhésion dans un délai maximum de cinq ans.
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