Anousheh Ansari, de l'Iran à l'espace
Presse Canadienne
Elle rêve de voir l'Iran depuis l'espace. Ce rêve a un prix: 20 millions de dollars. Qu'importe: à 40 ans, Anousheh Ansari, d'origine iranienne, est devenue une riche Américaine. Ce rêve, elle peut donc se l'offrir et devenir lundi la première femme touriste de l'espace.
Anousheh Ansari doit s'envoler lundi à 4h09 GMT de la base spatiale de BaJikonour, dans les steppes du Kazakhstan, à bord d'une fusée Soyouz russe, en compagnie de deux "professionnels" de l'espace: le cosmonaute russe MikhaJil Tiourine et l'astronaute américain Michael Lopez-Alegria.
Sauf contretemps de dernière minute, elle deviendra ainsi la quatrième touriste de l'histoire spatiale et la première femme à faire du tourisme dans l'espace. Même si elle n'aime pas ce terme de "touriste". Elle lui préfère celui de "participante à un vol spatial".
Il est vrai que, pour une touriste, elle aura de fort studieuses activités au cours de ce voyage de 10 jours (18-28 septembre) dont huit dans la Station spatiale internationale (ISS): elle doit effectuer des expériences sanguines et musculaires pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ESA) et tester de nouveaux matériels de technologie.
Quel étonnant parcours que celui de cette petite Iranienne née en 1966 dans la ville de Mashhad, dans le nord de l'Iran, jusqu'à Plano, au Texas, où elle vit aujourd'hui avec son mari Hamid, sans enfant. Elle quitte l'Iran à l'âge de 18 ans en 1984, quelques années après la Révolution islamique, parce qu'il devient difficile pour une jeune fille d'étudier les sciences au pays des ayatollahs.
L'adolescente ne parle pas un mot d'anglais quand elle arrive en Virginie. Pourtant, elle passe -et réussit- son "bac" puis obtient en quelques années un diplôme d'ingénieur. Elle s'installe au Texas, se lance dans les télécommunications, monte sa première entreprise, Telecom Technologies Inc., fait une très bonne affaire en la revendant, puis crée une deuxième firme de technologie, Prodea Systems Inc, basée à Plano, qu'elle dirige encore.
Mais, son vrai rêve d'enfant, c'était les étoiles. Elle adorait les observer et rêvait de s'en approcher. Ce rêve va devenir réalité. "J'ai toujours été fascinée par l'espace et me suis toujours interrogée sur les mystères de l'espace. Je voulais être capable de l'expérimenter par moi-même", a expliqué Mme Ansari dans une interview téléphonique accordée à l'Associated Press depuis le cosmodrome de BaJikonour.
Elle espère que ce premier voyage "touristique" d'une Iranienne dans l'espace va inspirer d'autres jeunes filles dans son pays et les convaincre d'étudier les sciences. Elle dit avoir reçu de nombreux e-mails de jeunes Iraniennes, même si son vol spatial n'a rencontré que peu d'écho en Iran. Après tout, elle est désormais citoyenne des Etats-Unis, et les deux pays ne sont pas franchement dans les meilleurs termes.
En mars dernier, elle a commencé sa formation de cosmonaute à la fois au Kazakhstan avec l'Agence spatiale russe et au centre spatial de Houston (Texas) avec la NASA. Mais, c'est un heureux coup du sort qui va lui permettre de réaliser son rêve: car, jusqu'à la fin août, elle n'était que la doublure d'un homme d'affaires japonais, candidat à ce voyage dans l'espace comme "touriste" qui a dû se rétracter pour des raisons de santé.
Sur son blog "www.anoushehansari.com" -qu'elle compte poursuivre durant sa visite sur l'ISS-, elle se montre lyrique. "Comment chiffrer la valeur d'un rêve? Vaut-il un mois de salaire? Vaut-il qu'on en meure?", s'interroge-t-elle. "Moi, j'étais prête, et le suis encore, à donner ma vie pour mon rêve"...
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