Source : Zaman (www.zamanfrance.fr), 01/07/2014
La politique internationale s'apparente parfois à un feuilleton. Par exemple, si on compare la position et le prestige de la Turquie pendant les Printemps arabes avec aujourd'hui, on constate que ce prestige a été si grand que le Premier ministre turc pouvait sermonner les Arabes du Caire – centre du monde arabe – sur les vertus de la sécularisation et de la bonne gouvernance alors qu'aujourd'hui, la Turquie n'a même pas d'ambassadeur au Caire.
Dans un contraste fort avec le déclin de la Turquie, l'Iran, après s'être battu avec succès pour Damas, est maintenant prêt à défendre Bagdad. Téhéran a pu changer le cours des événements et monter en tant qu'équilibre régional. Comment cela a-t-il été possible ?
La situation chaotique des sunnites
Premièrement, la montée de l'Iran est le produit direct de la géographie transnationale chiite. Les Printemps arabes ont en quelque sorte activé l'identité régionale chiite. Du Liban à l'Iran, des pays du Golfe à l'Afghanistan, les chiites se sont organisés avec succès. Ainsi, une leçon majeure des Printemps arabes peut être tirée du rôle essentiel des réseaux religieux transnationaux. Même les critiques les plus ardents des mollahs en Iran peuvent, je pense, voir aujourd'hui l'importance vitale des réseaux.
La situation chaotique des sunnites
Premièrement, la montée de l'Iran est le produit direct de la géographie transnationale chiite. Les Printemps arabes ont en quelque sorte activé l'identité régionale chiite. Du Liban à l'Iran, des pays du Golfe à l'Afghanistan, les chiites se sont organisés avec succès. Ainsi, une leçon majeure des Printemps arabes peut être tirée du rôle essentiel des réseaux religieux transnationaux. Même les critiques les plus ardents des mollahs en Iran peuvent, je pense, voir aujourd'hui l'importance vitale des réseaux.
Les hommes politiques iraniens porteront désormais une plus grande attention à ces réseaux transnationaux dans toute la région. Les événements prouvent que pour l'Iran, protéger ces réseaux est essentiel. Dans un sens, le réseau mondial chiite a passé un test pendant les Printemps arabes, en particulier en Syrie, et est en train d'en passer un aujourd'hui, en Irak.
Deuxièmement, la montée de l'Iran est le résultat indirect de la situation chaotique des musulmans sunnites. Beaucoup aujourd'hui mettent en avant l'idée d'une crise de l'islam. Cette idée a du mérite, mais la crise est plus celle de l'islam sunnite. L'islam sunnite est prêt à donner naissance à son pire enfant, c'est-à-dire à une interprétation radicale qui ne s'abstient pas de décapiter ses ennemis.
Certaines parties de l'islam sunnite ont été happées par cette interprétation radicale. Par conséquent, l'islam sunnite n'a pas réussi à se réorganiser dans la région. Le chaos n'a rien à voir avec les masses. Une division similaire peut aussi être constatée chez les Etats sunnites.
Une tradition étatique forte
Troisièmement, la montée de l'Iran est liée d'une certaine manière à sa forte tradition étatique. L'Iran a beaucoup de problèmes en termes de démocratie et de développement économique, mais sa tradition étatique est d'une force considérable. Pendant que nous assistions aux chutes des Etats en Libye et en Irak, la performance de l'Iran était remarquable.
Même la Turquie fait face à différentes crises avec le problème du PKK. Des rapports officiels ont confirmé que le PKK était capable de maintenir des postes de contrôle sur des routes de l'Est de la Turquie.
Pourtant, en cette époque de chutes d'Etat et de crises étatiques, l'Iran va bien par rapport aux autres pays. Ce que j'entends par «tradition étatique», ce n'est pas seulement la capacité matérielle de l'Etat mais aussi la capacité stratégique des élites au pouvoir.
Un Iran hybride pour la survie de sa stratégie
La grande stratégie de l'Iran peut-elle durer sur le long terme ? J'ai déjà mentionné le rôle des réseaux transnationaux informels dans le succès de l'Iran. Mais j'ajouterais maintenant que le succès à long terme de l'Iran requiert une combinaison de ses réseaux informels et de sa capacité formelle.
Un Iran hybride pour la survie de sa stratégie
La grande stratégie de l'Iran peut-elle durer sur le long terme ? J'ai déjà mentionné le rôle des réseaux transnationaux informels dans le succès de l'Iran. Mais j'ajouterais maintenant que le succès à long terme de l'Iran requiert une combinaison de ses réseaux informels et de sa capacité formelle.
L'Iran peut utiliser deux instruments : l'Etat moderne et les réseaux chiites de l'islam. Pour l'Iran, c'est un «must» que d'atteindre un équilibre entre les deux. Un Iran hybride (qui utilise des instruments à la fois formels et informels) pourrait se révéler être la meilleure voie pour la survie à long terme de la stratégie de l'Iran. Je pense que c'est exactement cela que veut réaliser le nouveau président iranien, Hassan Rohani.
Cet étudiant fidèle intelligent de l'islam chiite iranien sait très bien en quoi les réseaux transnationaux sont fondamentaux pour l'Iran. Mais il sait bien aussi que l'Iran a besoin de liens légitimes avec les marchés au niveau international et avec le monde. S'il réussit à construire ce modèle hybride, le « rohanisme » sera peut-être la deuxième idéologie la plus importante pour la formation de l'Iran, après le « khomeinisme ».
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