dimanche, janvier 31, 2016

France /Iran : nouveau départ dans les relations économiques

L'Iran et la France ont signé des accords économiques en milliards d'euros. Airbus, Total et Peugeot sont les grands gagnants de cette ouverture diplomatique. 

La visite en France du président iranien, Hassan Rohani, a permis la signature jeudi de plusieurs accords commerciaux pour un montant "potentiel" de 15 milliards d'euros selon l'Elysée, des contrats très attendus par les entreprises françaises qui, depuis la levée des sanctions liées au nucléaire, lorgnent sur le prometteur marché iranien.

Au-delà des contrats commerciaux, la France et l'Iran ont signé de nombreux accords institutionnels dans les domaines notamment des télécommunications, de la santé, du développement durable, du tourisme, de l'industrie et de l'enseignement supérieur. Metronews liste les entreprises gagnantes de cette ouverture diplomatique et économique.

Airbus, Total et Peugeot signent de juteux contrats

►Téhéran s'est engagé à acquérir 118 Airbus pour un montant évalué à 25 milliards de dollars, à répartir entre les actionnaires du consortium aéronautique européen, parmi lesquels figurent les Etats français, allemand et espagnol.

►Le géant pétrolier Total a signé un contrat pour acheter à Téhéran "entre 150.000 et 200.000 barils par jour" de pétrole brut. L'Iran dispose des quatrièmes réserves mondiales d'or noir et exporte un peu plus d'un million de barils sur les 2,8 millions produits chaque jour.

►Le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a officialisé son retour dans le pays, via une coentreprise avec la société Iran Khodro qui pourra investir jusqu'à 400 millions d'euros sur cinq ans. PSA espère produire à terme 200.000 véhicules par an.

L'Iran développe ses infrastructures avec la France

►Les géants de la construction Bouygues et Vinci, ainsi que le gestionnaire des aéroports de Paris ADP, ont aussi signé des protocoles d'accord pour développer trois aéroports en Iran.

►La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et les chemins de fer iraniens (RAI) ont signé un protocole de coopération dans quatre domaines dont l'exploitation de gares et le développement de lignes à grande vitesse.

►Suez, le géant de la gestion de l'eau et des déchets, a paraphé un accord-cadre avec la Compagnie nationale de l'Eau (NWWC) définissant les principaux domaines de coopération dans l'eau et son traitement, a indiqué l'Elysée.

Écologie : La grande catastrophe iranienne, c’est maintenant !

L’Iran court à la catastrophe écologique. Un haut responsable iranien, ancien ministre de l’agriculture, a récemment tiré la sonnette d’alarme: lacs et cours d’eau sont asséchés, et les deux tiers de la population pourraient être contraints d’émigrer si rien ne change. Les raisons de ce désastre? Elles sont avant tout politiques et idéologiques.


La signature, le 14 juillet 2015, après deux ans d’intenses négociations entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne, d’un accord sur le nucléaire qui prévoit une levée progressive des sanctions économiques, a été très bien accueillie par l’opinion publique iranienne. La majorité des Iraniens espère désormais vivre un avenir meilleur. Mais ils savent cependant que le pays est aussi confronté à un autre problème encore plus grave que la question du nucléaire, un problème dont la responsabilité incombe presque exclusivement au pouvoir et qui malheureusement ne pourra pas être réglé par une négociation internationale.

L’Iran va vers une «grande catastrophe». Cette constatation n’est pas le fait d’opposants au régime de Téhéran, ni même celle d’analystes critiques de la politique iranienne tentés par l’utilisation de formules alarmistes. L’expression «grande catastrophe» (fajeh-e bozorg) a été utilisée par Issa Kalantari dans une interview accordée au quotidien iranien Shahrvand publié le lundi 27 avril 2015 à Téhéran. Issa Kalantari, ancien ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Rafsandjani (1989-1997) ainsi que sous le premier mandat de Khatami (1997-2001), est aujourd’hui conseiller pour les questions relatives à l’eau, à l’agriculture et à l’environnement auprès du vice-président de la République islamique, tout en exerçant la fonction de secrétaire du comité chargé de la régénération du lac d’Orumiye.

Pour Kalantari, l’Iran s’achemine vers une catastrophe écologique sans précédent dans son histoire dont la principale raison est la raréfaction des ressources en eau du pays. Il n’hésite pas à dire que si les choses continuent à ce train, dans un avenir proche, 70% de la population totale de l’Iran, soit environ 50 millions d’habitants, sera contrainte de quitter le pays à cause de la pénurie d’eau. Parmi les formules chocs que Kalantari emploie, on notera: «Ce que nous faisons avec les nappes phréatiques de notre pays prépare à un génocide», ou «Nous n’avons pas su préserver l’héritage de 7000 ans de civilisation qui nous a été confié». Il avance aussi des chiffres effrayants. Ainsi, la plupart des rivières et cours d’eau du pays sont pratiquement asséchés. Selon Kalantari, deux pays au monde détiennent le record de l’utilisation excessive de leurs réserves d’eau de surface: l’Egypte et l’Iran. Cependant, l’Egypte n’utilise que 46% de ses eaux alors que l’Iran atteint 97%. De plus, le lac Orumiye, le plus vaste du pays et le deuxième lac salé du monde, est à sec, comme la quasi-totalité des autres lacs iraniens situés au sud et à l’est du pays.

A l’origine de cette situation, le réchauffement climatique et le doublement du nombre des habitants du pays depuis la Révolution islamique. Mais ces deux raisons n’auraient jamais conduit le pays au bord de la situation catastrophique où il se trouve aujourd’hui si l’Etat avait appliqué une politique raisonnable fondée sur des critères scientifiques et des techniques de l’usage parcimonieux de l’eau, méthodes connues des Iraniens depuis des millénaires. La mauvaise gestion de l’économie du pays en général et plus particulièrement du secteur agricole, ainsi que l’interférence des considérations idéologiques dans les prises de décision en matière de développement, sont les facteurs qui ont fortement contribué à l’état actuel dans lequel se trouve l’Iran. En d’autres termes, la crise de l’eau en Iran a des dimensions politiques évidentes.

Les dix premières années de l’histoire de la République islamique, les années Khomeyni, ont été marquées par l’agitation révolutionnaire, la prise en otage des diplomates américains ainsi que la guerre Iran-Irak (1980-1988). Durant cette décennie, l’Iran a surtout connu une économie de guerre, destinée à soutenir l’effort militaire et à répondre aux besoins vitaux de la population, ainsi que la nationalisation des secteurs industriels et bancaires.

La fin de la guerre et la présidence Rafsandjani (1989-1997) correspondent au lancement d’un programme de reconstruction nationale. Cette politique ambitieuse menée tambour battant, sans concertation avec les responsables concernés, donne un peu d’air à l’économie du pays tout en contribuant à la montée de l’inflation qui désormais s’installe durablement. Par ailleurs, Rafsandjani lance aussi un programme de construction de barrages et de digues à grande vitesse, sans études préalables et sans en mesurer les conséquences sur l’environnement. De même, il ne prend pas du tout en compte la question de l’évaporation de l’eau retenue dans un pays à climat continental.

Les responsables politiques de la République islamique semblent d’ailleurs totalement imperméables aux critiques formulées, déjà à l’époque, à propos des risques de la construction de trop nombreux barrages dans les pays du Sud. Parallèlement à la construction de barrages et de digues, on assiste aussi, dans un désordre total, avec ou sans autorisation, au forage de très nombreux puits à travers tout le pays, ce qui va contribuer à l’assèchement progressif des nappes phréatiques. Cette politique de surexploitation des ressources en eau, inaugurée par Rafsandjani, va se poursuivre sous la présidence Khatami (1997-2005) et atteindre son paroxysme avec Ahmadinejad (2005-2013).

Comment expliquer le déclenchement et l’évolution de cette politique qui, par à-coups successifs, va conduire le pays à la crise de l’eau et au désastre écologique que connaît l’Iran d’aujourd’hui?

Au départ, ce qui intéresse surtout les responsables politiques de la République islamique, c’est de montrer la capacité du régime à réaliser des projets de développement aussi bien et même mieux qu’à l’époque du régime précédent. En d’autres termes, il s’agit de minimiser l’importance de la politique développementaliste du Shah, qui fut, dans les années 1960-1970, un facteur de légitimation de son pouvoir.

A cet objectif s’ajoute une considération plus idéologique. Alors que durant le règne de Mohammad-Reza Shah, en sollicitant une expertise internationale et en collaboration avec des compagnies étrangères spécialisées dans la construction de barrages, le gouvernement avait construit quatorze barrages en trente-huit ans, la République islamique va construire plus de cinq cents barrages et digues en un quart de siècle. La grande majorité de ces projets sont exécutés par une société de travaux publics et d’ingénierie, le Khatam al-Anbia, contrôlée par le Corps des gardiens de la révolution. Ainsi le développement économique et la construction des barrages sont passés aux mains de l’organe chargé de la sécurité du régime. Plus question d’expertise externe, plus question d’offre d’adjudication publique et surtout plus question d’analyse scientifique et d’évaluation des conséquences écologiques des grands travaux.

Dans le sillage de cette manière de faire se développe une rhétorique nationaliste et populiste. Les déclarations des dirigeants iraniens sont de plus en plus émaillées de phrases comme: «Nous n’avons pas besoin de l’apport des étrangers» ou «Nous sommes parfaitement capables de réaliser les projets de grande envergure par nos propres moyens». Quand certains économistes essaient d’attirer l’attention des responsables sur l’importance du respect des principes de base du développement durable dans la réalisation de leurs objectifs, ils sont accusés d’être influencés par des idées d’origine occidentale qui n’ont plus de raison d’être dans un Etat révolutionnaire. L’utilisation de ce discours nationaliste a aussi pour objectif de rassurer la population dans le contexte de l’isolement international dans lequel se trouve le pays depuis bien longtemps. Il s’agit même de valoriser les contraintes imposées par les Etats étrangers, qui en fin de compte renforcent l’indépendance nationale.

La question de l’indépendance nationale va tout naturellement être à l’origine du thème de l’autosuffisance alimentaire. Afin de mettre en place un tel projet, il fallait évidemment augmenter la superficie des terres cultivables et subvenir à leurs besoins en eau. Barrages et digues vont servir à détourner l’eau vers les nouvelles zones agricoles. De nombreux puits vont être forés sans autorisation, ce qui va épuiser les nappes phréatiques. Cette politique sera un échec. Non seulement l’autosuffisance alimentaire s’avère impossible à réaliser pour une population de 80 millions de personnes, mais de plus elle est à l’origine de nouvelles tensions sociales qui prennent rapidement des dimensions de contestations régionalistes mettant en cause la sécurité interne de l’Etat. Les cultivateurs de la province d’Ispahan, les habitants du Khouzistan ou du pourtour du lac Orumiye et bien d’autres régions ont l’impression que l’on «vole» leurs rivières et leurs réserves souterraines pour les diriger vers des régions où les notables du régime et les «institutions révolutionnaires» comme les pasdarans ont des intérêts particuliers. Diminuer la dépendance alimentaire de l’Iran ne peut se faire que par une diminution drastique de l’eau utilisée par l’agriculture, actuellement de l’ordre de 92% des ressources du pays, dont 70% est gaspillée, et par la limitation de la production agricole essentiellement à des denrées à faible consommation d’eau.

Cerise sur le gâteau, conséquence de plusieurs tranches superposées de décisions politiques malencontreuses au cours de l’été 2012, au moment où la crise de l’eau devient de plus en plus alarmante, le guide suprême Ali Khamenei décide l’abandon de la politique de contrôle des naissances en vigueur depuis 1989, et opte pour une politique nataliste dont l’objectif devrait être une population de 150 millions d’habitants! Certes, pour des raisons sociales et économiques, le doute plane sur la réussite d’un tel projet, mais il est révélateur de l’inconscience de la situation réelle du pays au sein des sphères dirigeantes du régime.

«Nous n’avons pas su préserver l’héritage de 7000 ans de civilisation qui nous a été confié», dit Issa Kalantari

Plus de 500 barrages et digues ont été construits en 25 ans, sans expertise externe, sans considération environnementale.

Source : Le Temps, 30 août 2015

La reprise des circuits de financement est nécessaire pour favoriser l'investissement des entreprises françaises en Iran

Après l'amende record infligée à BNP Paribas, les banques françaises ne sont pas pressées de revenir en Iran. La reprise des circuits de financement est pourtant fondamentale pour les entreprises françaises. 


Depuis la levée officielle des sanctions européennes contre l’Iran le 16 janvier 2016, c’est le dernier obstacle de taille pour les entreprises françaises avides de reprendre leurs affaires avec Téhéran. La question du financement freine le retour des industriels tricolores en Iran. Avec la levée de l’embargo, les banques iraniennes vont accéder à nouveau dans les prochains jours au circuit bancaire international, grâce à la reprise des accords swift.

En revanche, les banques françaises sont encore réticentes à prêter à nouveau et à s’investir sur le marché iranien. Traumatisés par l’amende record infligée à BNP Paris en 2014 par les autorités américaines, les établissements bancaires préfèrent attendre. D’autant que contrairement à certaines banques régionales allemandes qui ne sont pas exposées au dollar, la plupart des grandes banques françaises ont des filiales aux Etats-Unis. "Aucun des cas de pénalités qui ont fait les gros titres n’ont impliqué l’arsenal de sanctions en train d’être levées", confirme un avocat américain, qui appelle à la prudence alors qu’une partie des sanctions américaines est encore maintenue.


"CE N'EST QU'UNE QUESTION DE MOIS"

Les Iraniens, qui manquent d’investissements, en font une priorité. Lors de sa visite officielle en France, le président iranien Hassan Rohani a rappelé l’importance de "la mise en place de garanties financières pour débloquer ces relations commerciales, alors que la concurrence est importante. Cette clef est entre vos mains""Les banques doivent reprendre leurs opérations pour faciliter le commerce courant", renchérit Majid Zamani, le Pdg de Kardan investment Bank présent dans la délégation iranienne, venu pour rencontrer des établissements français. Mais ses rencontres avec plusieurs banques d’investissement de la place lui laissent un goût amer. "Ils veulent bien faire des prestations de conseil mais rien de plus. Les groupes et les banques françaises ne veulent faire que de l’export, nous nous avons besoin qu’elles investissent", regrette le banquier.

Malgré leur empressement à conclure des contrats, les entreprises françaises doivent composer avec. Le groupe Fives a signé un accord cadre pour la fourniture d’équipements à une usine  d’aluminium primaire du groupe Imidro, pour 100 millions d’euros. Quasi achevé, le contrat est pour l’instant conditionné à la mise en place de moyens de financement. D’autres pourraient suivre pour un total de 400 millions d’euros. "Il faut être progressif et se conformer au rythme de levée des sanctions. Les banques vont prendre toutes les précautions mais ce n’est qu’une question de quelques mois", estime Frédéric Sanchez, le Pdg de Fives, dont le groupe réalisait, avant l’embargo, entre 150 et 200 millions d’euros de chiffre d'affaires annuel dans le pays.

La situation devrait s’améliorer rapidement. L’assureur-crédit Coface doit annoncer aujourd’hui la réouverture de ses prises en garanties publiques pour les crédits acheteurs en Iran. De quoi permettre de reprendre le commerce courant et assurer le financement d’une partie des grands contrats annoncés, d’autant que l’enveloppe devrait être significative.


DES BANQUES CHINOISES À L'AFFÛT

D’autres entreprises ont préféré contourner la difficulté, en passant par Dubaï, devenu le hub financier pour l’Iran depuis l’embargo. L’ETI de forge et estampage Manoir industrie a déjà signé une lettre d’intention avec un partenaire iranien pour fabriquer des pièces destinées à la pétrochimie, sans se soucier du financement. "Nous nous appuierons sur les banques chinoises, bien moins frileuses. Pour nous, l’Iran est un marché majeur", assure Eric Le Gouvello, le directeur général de Manoir industries, racheté par le groupe chinois Taihai il y a quelques années. Pour se faire payer de sa première commande décrochée il y a quelques semaines, une autre PME a facturé celle-ci au bureau de représentation en Alleagne de son client iranien. 

Mais à moyen terme, la frilosité des banques françaises pourrait pénaliser les entreprises dans leur conquête. En Italie, où le président Hassan Rohani s’est arrêté avant d’arriver en France, "deux banques italiennes ont décidé de reprendre leurs lignes de crédit avec l’Iran", souligne Majid Zamani.  L’assureur-crédit italien Sace a aussi repris ses garanties publiques vers Téhéran. "Comparé à l’Italie, les Français sont en train de prendre du retard", estime le banquier iranien.

Source : L'Usine nouvelle, 28 janvier 2016

jeudi, janvier 28, 2016

Relations économiques France-Iran : les chiffres

1,3 milliard d’euros

D’après une étude intitulée « Iran : Back in the game ? », les économistes de la société d’assurance-crédit Euler Hermes ont mesuré les effets de l’ouverture de ce marché de près de 80 millions d’habitants. Selon ces experts, les entreprises françaises feraient partie des grands bénéficiaires de ce nouveau marché, avec un surcroît d’exportations de plus de 1,3 milliard d’euros sur la période 2015-2017.

514 millions d’euros

Après les sanctions imposées à l’Iran, les relations économiques avec la France ont dégringolé ces dix dernières années. Les échanges commerciaux, en 2014, ne représentaient que 514 millions d’euros, alors qu’ils étaient de 4 milliards d’euros en 2004. La part de marché de la France en Iran est ainsi passée de 7 % à 1 %.

Aujourd’hui, le premier poste des exportations françaises concerne les produits pharmaceutiques, tandis que les importations en provenance d’Iran sont essentiellement constituées de produits agroalimentaires et de textiles.

+ 500 millions d’euros

En trois ans, la balance commerciale de la France avec l’Iran est passée du rouge au vert. Alors que la France connaissait un déficit de 110 millions d’euros en 2010, trois ans plus tard, elle devient excédentaire avec un solde positif de plus de 500 millions d’euros.

Plus précisément, les importations en provenance d’Iran ont atteint le niveau de 40 millions d’euros en 2013, contre 2 milliards en 2004. Quant aux exportations, elles s’élèvent à 490 millions d’euros en 2013 contre 2 milliards en 2004.

90 %

Avant 2012, 90 % des importations françaises étaient constituées d’hydrocarbures. Mais depuis trois ans, l’embargo pétrolier a tout bouleversé. Les achats de pétrole iranien sont ainsi passés de 1,7 milliard d’euros en 2011 à 80 millions en 2012 et à seulement 1,7 million en 2013.

28 %

La reprise des échanges bilatéraux entre les deux pays était nette sur les 9 premiers mois, en 2015. Ainsi, les exportations françaises vers l’Iran ont augmenté de 28 % et les importations de 11 %.


Levée partielle des sanctions financières

Le Règlement (UE) portant levée de l'essentiel des sanctions à l'encontre de l'Iran est entré en vigueur le 16 janvier 2016. 

Ne demeurent que des restrictions liées aux biens militaires, technologies nucléaires et balistiques, biens à double usage, logiciels, métaux bruts et semi finis.  

Les dispositions des articles 30 et 30bis relatives aux autorisations systématiques des flux financiers sont abrogées. Seuls demeurent soumis à autorisation préalable les flux financiers relatifs à des sous jacents commerciaux eux mêmes restreints. 

Les banques iraniennes Tejarat, Melli et Sepah, présentes en France, ne font plus l'objet d'une mesure de gel. Elles restent néanmoins sous administration des administrateurs, jusqu'à nouvel ordre. 

Le gel de la banque centrale d'Iran est levé. En revanche, le gel de la banque Saderat est maintenu.

Il s'agit d'une levée des sanctions mise en oeuvre par la communauté internationale, et notamment par les Etats-Unis dont le dispositif d'allègement des sanctions peut être consulté.

Source : Direction du Trésor du Ministère de l'économie et des finances : http://www.tresor.economie.gouv.fr/3745_Iran


Ruée vers l'Or en Iran : l'Italie mieux placé que l'Iran ?

"Celui qui attend la fortune est moins sûr de la rencontrer que celui qui va au devant d'elle." Nul doute que le président iranien Hassan Rohani fera honneur à ce sage proverbe persan en bouclant sa mini-tournée européenne qui l'aura mené en une semaine de Rome à Paris. Une première depuis 1998 s'agissant de la capitale française où la délégation iranienne est attendue les bras ouverts, en dépit des alertes des ONG sur la situation des droits de l'Homme dans la République islamique.

Si ces visites officielles consacrent le retour de Téhéran dans le concert des nations après la signature de l'accord mettant fin aux sanctions sur le nucléaire iranien, leur principale raison d'être est bien économique. Une cohorte composée d'une centaines d'acteurs économiques iraniens ainsi que des ministres des Affaires étrangères, du Pétrole, des Transports, de l'Industrie et de la Santé, accompagne le chef de l'Etat chiite dans son périple.

Point d'orgue de cette tournée: la signature d'ores et déjà annoncée d'un accord pour l'achat de 114 Airbus lors de la rencontre du président Rohani et de son homologue français, François Hollande.

La ruée vers l'or iranien est lancée

Etranglé depuis une dizaine d'années par des sanctions coordonnées par les Etats-Unis pour le contraindre à renoncer à un programme nucléaire perçu comme une menace, l'Iran entend désormais rattraper son retard. Son objectif: appeler les investisseurs étrangers à venir combler ses importants besoins en infrastructures pétrolières, industrielles et financières. "L'Iran est le pays le plus sûr, le plus stable de toute la région", a d'ores et déjà plaidé Hassan Rohani lors de son passage en Italie. "Nous vous invitons à investir et nous vous fournirons la stabilité et la garantie que vous aurez un juste retour sur votre investissement", a-t-il rajouté, présentant l'Iran comme un "hub régional", "un pays au centre d'un vaste marché". Il fera de même en France où il devait rencontrer une vingtaine de grandes entreprises avant de retrouver François Hollande.

Les entreprises françaises n'ont toutefois pas attendu son invitation pour se positionner. Car la réouverture de l'Iran et l'accès à son marché intérieur de quelques 80 millions d'habitants constitue une aubaine pour les sociétés exportatrices. Total, Peugeot, Renault, mais aussi l'industrie agroalimentaire et le BTP... Tous sont déjà sur les rangs pour participer à la ruée vers l'or iranien.

"L'Iran veut devenir une destination touristique ouverte aux Occidentaux. Pour cela, il lui faut des avions neufs, des aéroports en état de marche, des infrastructures hôtelières", résume Amélie Chelly, spécialiste de l'Iran et chercheuse à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Des secteurs où la France a quelques arguments à faire valoir. En septembre dernier, le groupe hôtelier Accor a déjà pris pied à Téhéran en y reprenant deux hôtels, devenant la première entreprise occidentale à pénétrer le marché iranien depuis la révolution de 1979.

Si la France peut espérer se tailler un part conséquente dans le nouveau gâteau iranien, c'est aussi parce que ses liens économiques avec l'ancienne Perse ne datent pas d'hier. Alors que les deux puissances se côtoient depuis le Moyen-Âge, toutes deux ont sans cesse maintenu leurs échanges, en dépit des changements de régime et des vicissitudes diplomatiques. A la fin de la présidence de Jacques Chirac, plus conciliant à l'égard de Téhéran, les échanges entre Paris et Téhéran culmineront à 4,5 milliards d'euros. Ils sont aujourd'hui inférieurs à 400 millions d'euros.

Concurrence libre et imparfaite

Les sociétés du CAC40 savent néanmoins que l'eldorado iranien peut aussi se transformer en mirage. Certaines redoutent encore un nouveau refroidissement des relations entre Téhéran et la communauté internationale, alors que les tensions entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite ont tourné à l'affrontement larvé. 

En outre, les entreprises françaises, dont certaines étaient très bien implantées en Iran avant les sanctions, doivent désormais faire face à une redoutable concurrence. Profitant de la désaffection des démocraties occidentales, la Russie et la Chine ont placé leurs pions. Et si les Etats-Unis restent le Grand Satan dénoncé par la rhétorique islamique iranienne, d'autres puissances jouent des coudes pour s'imposer. D'autant que certaines ont su, en attendant la levée des sanctions, entretenir leurs réseaux diplomatiques avec la République islamique. Un détail qui compte dans un régime guidé par la volonté de "ne pas perdre la face" et qui saura se souvenir de ceux qui ont quitté le navire les premiers.

Jadis premier partenaire économique de l'Iran avec près de 7 milliards d'euros d'échange, l'Italie a toujours maintenu le contact et se place logiquement en pôle position dans la reconstruction du pays. Il y a en Iran un "énorme besoin d'investissements et de compétences", a assuré le président de l'agence italienne du commerce extérieure, Riccardo Monti. Les bonnes relations diplomatiques donnent "un léger avantage" à l'Italie, mais "on fait la queue" pour investir en Iran, a-t-il toutefois mis en garde. A raison.

Les besoins de Téhéran étant pour beaucoup industriels et financiers, la redoutable diplomatie économique allemande, bien aidée par sa solide diaspora iranienne, devrait prendre la tête de la course. Berlin peut espérer une hausse de ses exportations vers l’Iran de 1,9 milliards de dollars sur la période 2015-2017 selon une estimation de l'assureur Euler Hermes (lien en anglais). Selon la même étude, la Chine bénéficierait d'une hausse de 1,8 milliard, l'Italie pourrait viser 0,9 milliard d'exportations et le Royaume-Uni 0,6 millard.

Pragmatisme et devanture théocratique

Du côté de Paris, il va donc falloir montrer patte blanche pour s'imposer dans la course et effacer plusieurs années de relations diplomatiques houleuses. Désignée comme un "Petit Satan" en raison de ses liens avec Israël et les Etats-Unis, la France n'a pas toujours ménagé la susceptibilité de la République islamique. Qu'il s'agisse de l'attitude intransigeante adoptée par le ministre Laurent Fabius pendant les négociations sur le nucléaire iranien ou encore de son alliance stratégique avec le grand rival sunnite d'Arabie saoudite. Si certaines entreprises, comme Total, n'ont jamais totalement quitté le pays, les constructeurs automobiles pourraient payer cher leur désaffection.

Pour autant, "la répartition des contrats se jouera au cas par cas", parie la chercheuse Amélie Chelly. "L'Iran a le pied entre deux mondes, guidé par une logique pragmatique derrière une devanture théocratique", estime-t-elle. Dans ce contexte, le poids des rancunes ne devrait peser qu'à la marge. C'est aussi l'avis de l'assureur Euler Hermes dont l'étude prédit la multiplication par 5 de la hausse des exportations du "Grand Satan" américain vers l'Iran. La France pourrait doper ses exportations à hauteurs de 1,3 milliard, loin derrière la Chine et l'Allemagne mais toujours dans le trio de tête européen.

Preuve que l'avenir est plein de promesse pour les relations franco-iraniennes, les exportations françaises vers l’Iran ont augmenté de 28% et les importations de 11% sur les trois premiers trimestres de 2015.

Source : Huffington post, 28 janvier 2016

mercredi, janvier 27, 2016

PSA Peugeot Citroën se prépare à faire son retour en Iran


Un accord devrait être signé le 28 janvier 2016, entre le constructeur français et Iran Khodro, son partenaire historique dans le pays, selon une source gouvernementale française.

Cet accord devrait porter sur la création d'une coentreprise entre les deux sociétés, à l'image de ce que PSA réalise en Chine avec Dongfeng. Les premiers véhicules issus de cette collaboration seraient commercialisés à partir de 2017, pour un volume de production de 200.000 unités par an, toujours selon la même source.

PSA a longtemps été un acteur de premier plan en Iran. La mise en place de sanctions internationales contre le pays et l'entrée dans le capital de PSA de General Motors avaient contraint le constructeur français à sortir totalement d'Iran en 2012.

Produire des véhicules plus modernes

Iran Khodro continue d'assembler environ 350.000 voitures à la marque Peugeot tous les ans. Néanmoins, ces volumes de production ne sont pas comptabilisés par PSA car le groupe n'en touche aucun bénéfice puisque Iran Khodro se fournit en pièces locales ou chinoises.

Le constructeur français a préféré laissé faire son ancien partenaire, gardant toujours l'espoir de reprendre pied dans le pays. Depuis l'été dernier, et l'accord international trouvé sur le cas du nucléaire iranien, ce retour est devenu envisageable. Ce qui n'a pas empêché les négociations d'être particulièrement difficiles, les Iraniens ne cessant de reprocher au Français sa décision de quitter le pays. Néanmoins, les deux partenaires avaient toutes les raisons de s'entendre, compte tenu de la force de la marque Peugeot dans le pays.

Le constructeur français devra cependant s'atteler à produire des véhicules plus modernes que les 405 qui sortent actuellement des chaînes de montage. De même, il faudra travailler pour rétablir la qualité des produits, la provenance des pièces actuellement utilisées n'aidant pas. Et faire face à une concurrence âpre, notamment de Renault, qui négocie également une implantation plus forte dans le pays.

mardi, janvier 26, 2016

Les effets de l'ouverture du marché iranien

Dans une étude intitulée « Iran : Back in the game ? », les économistes de l’assureur crédit allemand Euler Hermes ont mesuré les effets de l’ouverture de ce marché de près de 80 millions d’habitants : l’économie iranienne devrait y gagner en investissements et en croissance, et les industriels européens devraient en être les grands bénéficiaires.


+ 4 %

C’est la croissance attendue de l’économie iranienne cette année. Après + 2 % en 2015. En 2017, le PIB pourrait progresser de 4,2 %.


+ 20 %

C’est la hausse attendue des exportations et des importations iraniennes en 2016. En 2017, elles devraient progresser respectivement de 11 % et 13 %. En deux ans, le volume d’importations supplémentaires en Iran pourrait atteindre 20 milliards de dollars (dont 4 milliards en machines et matériel industriel, 2,7 milliards en voitures).


2 milliards d’euros

C’est le surcroît d’exportations vers l’Iran, sur la période 2015-2017, dont devrait bénéficier notamment l’Allemagne, qui serait ainsi le premier bénéficiaire de l’ouverture iranienne. Elle serait suivie par la France (1,3 milliard de plus d’exportations vers l’Iran), l’Italie (+ 900 millions) et le Royaume-Uni (+ 600 millions). Les Etats-Unis, qui ne comptent que pour 1 % dans les importations iraniennes, verraient leurs exportations vers Téhéran quintupler à 500 millions de dollars.


dimanche, janvier 17, 2016

Caviar, pétrole, voitures... Ce que la levée des sanctions contre l'Iran va changer...

A la suite de la signature de l'accord entre les grandes puissances et Téhéran, les Etats-Unis vont mettre fin à des sanctions économiques.

Les Etats-Unis ont levé, samedi 16 janvier, leurs sanctions contre l'Iran, liées à son programme nucléaire, à la suite de l'entrée en vigueur de l'accord conclu par les grandes puissances et Téhéran, censé garantir que la République islamique n'ait jamais la bombe atomique.

Mais resteront en vigueur des mesures punitives que Washington a prises contre l'Iran accusé d'être un "Etat soutenant le terrorisme" et de conduire un programme de missiles balistiques.

Voici un aperçu des sanctions rayées de la législation américaine et qui doivent permettre de donner de l'air à l'économie iranienne asphyxiée par les mesures imposées par Washington, l'Union européenne et l'ONU.

50 milliards

La fin des sanctions américaines liées au nucléaire va se concrétiser en monnaie sonnante et trébuchante : l'Iran devrait pouvoir toucher des dizaines de milliards de dollars de ses recettes pétrolières, actuellement bloquées dans des banques étrangères. Des responsables américains pensent que la manne s'élève à 50 milliards de dollars, une fois les dettes et autres factures réglées par Téhéran.

Avions et caviar

La levée des sanctions ne signifie pas que les entreprises américaines pourront tout d'un coup commercer librement avec l'Iran. 

Mais trois secteurs devraient s'ouvrir aux Américains :

  • Des entreprises pourront vendre des avions commerciaux et des pièces détachées à la flotte aéronautique vieillissante iranienne, à condition qu'ils ne servent pas au transport militaire ou à toute activité interdite par l'accord sur le nucléaire.
  • Des entreprises américaines basées à l'étranger pourront commercer avec l'Iran.
  • Des producteurs iraniens pourront à leur tour exporter vers les Etats-Unis, qu'il s'agisse de tapis ou d'alimentation comme du caviar ou des pistaches.

400 personnes

Au total, Washington a rayé de ses listes noires 400 noms de personnes physiques et morales - individus, entreprises, entités - qui étaient accusées d'avoir enfreint la législation sur les sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien.

Sanctions secondaires

C'est l'un des aspects méconnus des sanctions américaines car elles visaient des étrangers, des non-américains, interdits de mener des transactions avec les Iraniens. Ces sanctions dites "secondaires" disparaissent dans les secteurs suivants :

  • Secteurs bancaire et financier, y compris lors de transactions avec la banque centrale iranienne.
  • Secteur des assurances.
  • Secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique.
  • Secteurs portuaire et du transport maritime.
  • Commerce de l'or et autres métaux précieux.
  • Secteurs de l'aluminium, de l'acier, du charbon et de l'informatique, à condition qu'il ne s'agisse pas de recherche en matière nucléaire interdite par l'accord de Vienne.
  • Secteur automobile
  • Tous les sous-traitants liés aux activités listées ci-dessus.
Source : L'Obs du 17 janvier 2016

De nouvelles réformes économiques en perspectives

Le président iranien, Hassan Rohani, a présenté au Parlement le projet de budget pour la prochaine année fiscale, qui commence le 21 mars.

« Nous, Iraniens, nous tendons la main vers le monde en signe de paix et en mettant derrière nous toutes les hostilités, suspicions et complots. Nous ouvrons une nouvelle page dans les relations de l’Iran avec le monde. » « L’accord nucléaire n’est contre l’intérêt d’aucun pays. Les amis de l’Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets. L’Iran n’est une menace pour aucun pays, mais est porteur d’un message de paix, de stabilité et de sécurité dans la région et le monde. »

Ces derniers mois, les milieux ultraconservateurs, très minoritaires, ont exprimé leur opposition à l’accord sur le nucléaire. M. Rohani a également voulu apaiser les critiques dans son propre pays.

« L’accord nucléaire n’était pas la victoire d’une tendance politique. » « Maintenant que les (...) sanctions ont été levées (...) il est temps de construire le pays. »

Limiter la dépendance de l’Iran aux hydrocarbures

Le président Rohani a appelé de ses vœux la mise en place de réformes économiques et à limiter la dépendance de l’Iran aux hydrocarbures, au lendemain de l’annonce de la levée des sanctions internationales contre le pays.

Hassan Rohani a déclaré aux députés que l’actuelle baisse des cours du baril d’hydrocarbure était l’occasion de couper « le cordon ombilical » avec le pétrole.

Le président a déclaré que l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire et la levée progressive des sanctions contre son pays était « une page en or » et un « tournant » dans l’histoire de l’Iran.


Source : Le monde du 17 janvier 2016

L'Union européenne lève les sanctions économiques et financières contre l'Iran

L'Union européenne a adopté samedi soir la décision levant ses sanctions économiques et financières contre l'Iran, juste après le feu vert de l'AIEA à la mise en oeuvre de l'accord nucléaire signé avec les grandes puissances en juillet, a annoncé une source européenne à l'AFP.

La décision adoptée par les 28 Etats membres doit encore être publiée au Journal officiel de l'UE pour entrer en vigueur, ce qui devrait être fait dans la foulée.

Déclaration attendue de Federica Mogherini

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a présidé les négociations avec l'Iran au nom des grandes puissances (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) doit faire une déclaration avec le ministre iranien des Affairs étrangères, Mohammed Javad Zarif, à Vienne dans la soirée.

L'accord garantit le caractère civil du nucléaire iranien et rend quasi impossible la construction d'une bombe atomique. Sa signature en juillet 2015 a mis fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique de l'Iran, dont l'économie a été lourdement pénalisée par les sanctions occidentales.

L'embargo sur les armes est maintenu

Les sanctions européennes, concentrées sur des secteurs-clés (défense, pétrole, finance), ont entraîné le placement sur une liste noire de 92 Iraniens et 466 sociétés ou groupements, dont les avoirs sont gelés et qui sont interdits de visas pour l'UE.

Toutes les personnes et entités ne seront toutefois pas retirées de la liste, et les sanctions européennes liées à l'interdiction d'importer ou de fabriquer des armes et missiles balistiques restent en vigueur, puisque leur levée est prévue ultérieurement par l'accord.

L'accord sur le nucléaire signe le retour de l'Iran sur la scène des nations

La levée des sanctions va permettre aux entreprises de revenir investir dans le pays. Mais l'accord soulève des inquiétudes multiples : Israël a réaffirmé que l'Iran n'a pas renoncé à ses ambitions dans le nucléaire militaire et les pays du Golfe, dont les bourses plongent, s'inquiètent des conséquences sur les cours du pétrole, en chute libre et sur les tensions géopolitiques dans la région, alors que se dessine un rapprochement entre les Etats-Unis et l'Iran chiite.

Le président Hassan Rohani a salué dimanche l'ouverture d'une "nouvelle page" entre l'Iran et le monde, après l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire historique et la levée des sanctions internationales imposées pendant des années à son pays.

Cet accord, conclu en juillet avec les grandes puissances, est entré en vigueur samedi après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont le chef Yukiya Amano est attendu dimanche à Téhéran, a certifié que l'Iran avait respecté ses obligations visant à garantir la nature strictement pacifique de son programme nucléaire.

Simultanément, Téhéran et Washington qui ont amorcé un rapprochement à la faveur de l'accord, ont annoncé la libération de quatre Irano-américains détenus en Iran, dont le journaliste du Washington Post Jason Rezaian, en échange de sept Iraniens détenus aux Etats-Unis. Les Irano-Américains n'avaient néanmoins pas encore quitté dimanche matin le territoire iranien.

Mettant fin à un contentieux de plus de 13 ans, l'Iran et les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine, Allemagne) ont conclu l'accord nucléaire le 14 juillet 2015, considéré comme un succès majeur de politique étrangère pour le président Barack Obama et M. Rohani. "Nous Iraniens, nous tendons la main vers le monde en signe de paix et en mettant derrière nous toutes les hostilités, suspicions et complots, ouvrons une nouvelle page dans les relations de l'Iran avec le monde", a dit M. Rohani dans un message à la nation.

Plongeon des bourses du Golfe

"L'accord n'est contre l'intérêt d'aucun pays. Les amis de l'Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets. L'Iran n'est une menace pour aucun pays mais porteur d'un message de paix (...)", a-t-il ajouté.

L'accord marque l'amorce d'un rapprochement entre les Etats-Unis et l'Iran, qui ont rompu leurs relations en 1980, une évolution qui met en rage les alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région - Arabie saoudite et Israël en tête -, qui redoutent l'influence de la puissance chiite. L'Etat hébreu, ennemi juré de l'Iran, a d'ailleurs jugé que Téhéran n'avait "pas abandonné ses ambitions de se doter d'armes nucléaires". Et Benjamin Netanyahu a réaffirmé ce dimanche qu'Israël "ne permettra pas à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire".

Le président iranien modéré a également voulu apaiser les critiques dans son propre pays en soulignant que "l'accord nucléaire n'était pas la victoire d'une tendance politique", alors que les milieux ultraconservateurs y sont opposés. "Maintenant que les sanctions ont été levées il est temps de construire le pays", a-t-il ajouté. Les sanctions de l'ONU, des Etats-Unis et de l'Union européenne ont asphyxié l'économie de cette puissance régionale aux riches ressources pétrolières et gazières.

Les milieux économiques se tiennent prêts à revenir en Iran, un pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz. La perspective d'un retour de l'Iran, membre de l'Opep, sur un marché pétrolier déjà saturé par une abondance de l'offre et la baisse des prix du brut, a néanmoins plombé dimanche les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe qui ont fortement chuté, notamment celle d'Arabie saoudite, la plus importante des pays arabes.

Un monde "plus sûr" ?

Quoiqu'il en soit, l'accord nucléaire a été salué dans de nombreuses capitales comme un succès de la diplomatie, même si les Etats-Unis ont souligné qu'ils resteraient "vigilants pour vérifier que l'Iran respecte ses engagements" dans les années à venir.

L'Iran a toujours nié vouloir se doter de l'arme atomique. Mais l'AIEA a établi que Téhéran avait bel et bien mené dans le passé des recherches sur la bombe atomique.

"Aujourd'hui (...) le monde entier est plus sûr car la menace des armes atomiques a été réduite", s'est félicité à Vienne le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, l'un des principaux artisans, avec son homologue iranien Jawad Zarif, de cet accord.

Samedi, l'AIEA a attesté que Téhéran avait respecté ses engagements en réduisant le nombre de ses centrifugeuses permettant d'enrichir de l'uranium, et en envoyant à l'étranger la quasi-totalité de son stock d'uranium faiblement enrichi. Elle a aussi établi que l'Iran avait retiré le coeur de son réacteur à eau lourde d'Arak.

"L'Iran ayant rempli ses engagements, aujourd'hui, les sanctions économiques et financières multilatérales et nationales sont levées", ont annoncé dans la foulée les chefs de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, et iranienne à Vienne. Washington, l'UE et l'ONU ont précisé que cette décision avait un effet immédiat (voir notre article "tout savoir sur l'accord sur le nucléaire iranien").

La levée de l'intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans, et durant 15 ans les mesures pourront être automatiquement rétablies en cas de manquements de Téhéran. L'Iran a accepté de se soumettre à des inspections renforcées de l'AIEA. Les embargos de l'ONU sur les armes conventionnelles et sur les missiles balistiques sont maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement.

 

Source : La Tribune du 17 janvier 2016

Iran : l'accord nucléaire entre en vigueur, levée des sanctions internationales.

Source : Les Échos du 17 janvier 2016

 L'accord nucléaire historique entre l'Iran et les grandes puissances est entré en vigueur samedi 16 janvier 2016, entraînant une levée des sanctions économiques qui frappaient depuis des années cette puissance régionale aux riches ressources pétrolières et gazières.

Six mois après la conclusion de l'accord nucléaire de Vienne, au terme d'un long marathon diplomatique, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a certifié que Téhéran avait bien respecté toutes ses obligations destinées à garantir la nature strictement pacifique de son programme nucléaire, mettant fin à un contentieux de plus de treize ans.

L'AIEA a attesté samedi que Téhéran a réduit comme convenu le nombre de ses centrifugeuses permettant d'enrichir de l'uranium, et envoyé à l'étranger la quasi-totalité de son stock d'uranium faiblement enrichi. En outre, l'agence a établi que l'Iran a bien, comme il s'y est engagé, retiré le coeur de son réacteur à eau lourde d'Arak et bétonné une partie de l'installation, de façon à ne plus pouvoir y fabriquer de plutonium de qualité militaire.

« Succès historique »

« L'Iran ayant rempli ses engagements, aujourd'hui, les sanctions économiques et financières multilatérales et nationales liées au programme nucléaire iranien sont levées », ont annoncé dans la foulée les chefs de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, et iranienne, Mohammad Javad Zarif, dans une déclaration commune à Vienne.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU ont précisé que cette décision avait un effet immédiat. Le président iranien Hassan Rohani a immédiatement salué une « victoire glorieuse » pour le « peuple » iranien. « Aujourd'hui (...) le monde entier est plus sûr car la menace des armes atomiques a été réduite », s'est félicité à Vienne le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, l'un des principaux artisans, avec M. Zarif, de cet accord.

Samedi, tous deux ont encore mené d'intenses discussions dans la capitale autrichienne où avait été conclues les négociations le 14 juillet 2015. Au final, il s'agit « d'un succès historique de la diplomatie », a relevé le ministre allemand des Affaires Etrangères, Frank-Walter Steinmeier.

Couper « le cordon ombilical » avec le pétrole

Le président iranien Hassan Rohani a appelé de ses voeux dimanche la mise en place de réformes économiques et à limiter la dépendance de l'Iran aux hydrocarbures. Hassan Rohani, qui présentait au Parlement le projet de budget pour la prochaine année fiscale iranienne qui commence le 21 mars, a déclaré aux députés que la baisse des cours du pétrole était la meilleure raison de couper « le cordon ombilical » avec le pétrole.

Le président a estimé que l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire et la levée progressive des sanctions contre son pays était « une page en or » et un « tournant » dans l'histoire du pays.

Un avis que ne semble pas partager le vice-ministre iranien du Pétrole, qui a annoncé dimanche que l'Iran était prêt à relever ses exportations de pétrole de 500.000 barils par jour.

Le retour de l'Iran sur un marché du pétrole déjà très encombré est l'un des facteurs ayant contribué à la baisse des cours de l'or noir, qui sont tombés à moins de 30 dollars le baril cette semaine pour la première fois en 12 ans.

Les Bourses du Golfe en chute

Les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe ont fortement chuté dimanche, plombées par la baisse des prix du brut et la perspective du retour de l'Iran sur le marché. La Bourse saoudienne, la plus importante des pays arabes, a chuté dimanche de 6,5% après avoir ouvert à -5,5%. Les places de Dubaï et du Qatar ont cédé jusqu'à 6% chacune dimanche, avant de remonter légèrement. 


Libération de prisonniers

Autre signe de détente : Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, ont annoncé dans la même journée la libération de quatre Irano-américains détenus en Iran, dont le journaliste du Washington Post Jason Rezaian, en échange de sept Iraniens détenus aux Etats-Unis. Cet échange de prisonniers sans précédent a été « accéléré » par les négociations sur le nucléaire, a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Un haut responsable américain a précisé samedi soir que les quatre prisonniers libérés par Téhéran n'avaient pas encore quitté le territoire iranien. « Il y a un certain nombre de mesures logistiques à prendre », et « nous nous efforçons que cela soit terminé aussi vite que possible », a déclaré ce responsable sous le couvert de l'anonymat.

Vigilance de « chaque heure »

Cet accord, négocié par l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), est considéré comme un résultat majeur de politique étrangère pour le président américain Barack Obama ainsi que pour son homologue iranien.

Il est aussi interprété comme l'amorce d'un rapprochement entre les Etats-Unis et l'Iran, une évolution qui met en rage les alliés traditionnels de l'Amérique dans la région - Arabie saoudite et Israël en tête -, qui redoutent l'influence de la puissance chiite.

L'Etat hébreu a réagi samedi en affirmant que Téhéran n'avait « pas abandonné ses ambitions de se doter d'armes nucléaires ». A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué espérer un même « esprit de coopération » pour « tous les enjeux régionaux ». Le ministre allemand des Affaires Etrangères, Frank-Walter Steinmeier, a salué « un succès historique de la diplomatie ».

Les milieux économiques se tiennent prêts depuis plusieurs mois à revenir en Iran, un pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz. Membre de l'Opep, il peut désormais exporter à nouveau librement son pétrole.

Une levée des sanctions étalée sur dix ans

La levée de l'intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans, et durant 15 ans les mesures pourront être automatiquement rétablies en cas de manquements de Téhéran. L'Iran a accepté de se soumettre à des inspections renforcées de l'AIEA, et le patron de l'agence, Yukiya Amano, sera dès dimanche dans la capitale iranienne.

Les embargos de l'ONU sur les armes conventionnelles et sur les missiles balistiques sont maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement. « Nous resterons vigilants pour vérifier que l'Iran respecte ses engagements chaque heure de chaque jour dans les années à venir », a averti M. Kerry.