dimanche, juin 20, 2010

Comment l'Iran contourne l'embargo sur les ventes d'armes

Comment l'Iran contourne l'embargo sur les ventes d'armes
LEMONDE.FR du 8 juin 2010

Officiellement, un embargo international interdit à l'Iran d'exporter des armes. Une interdiction toute relative, à en croire une enquête du New York Times, qui montre à quelles techniques l'Iran a recours pour contourner cet embargo.

Une vidéo d'animation raconte un exemple typique : en 2008 naviguait un bateau appelé Iran Mutafeh et appartenant à l'IRISL, la compagnie maritime nationale de l'Iran. Mais quand, en janvier 2009, ce bateau s'arrête quelques heures à Durban (Afrique du Sud) pour embarquer un hors-bord potentiellement armé de torpilles, il s'appelait le Diplomat et, d'après ses papiers, avait été racheté par la Starry Shine, une compagnie internationale. En quelques mois, les Etats-Unis se sont rendus compte que la Starry Shine avait été inventée par l'IRISL pour contourner les contrôles américains.

Mais il était trop tard. Ce même bateau a ensuite été repéré pour la dernière fois en avril 2009 au large de Karachi : il s'appelait The Amplify et appartenait à une compagnie de Hongkong du nom de Smart Day. Mais, encore une fois, l'IRISL était derrière.

D'après le New York Times, cette histoire n'en est qu'une parmi d'autres qui ont permis à l'Iran de contourner la liste noire créee en 2008 par les Etats-Unis et qui réunit tous les bateaux de l'IRISL, en occultant les véritables propriétaires des navires dans un réseau de sociétés écrans qui s'étend à travers l'Europe et l'Asie. Ainsi, "l'Iran garde une longueur d'avance sur ses poursuivants. Ce jeu du chat et la souris prouve les difficultés de l'application des sanctions", commente le quotidien américain.

Toujours d'après le journal, sur les 123 navires de l'IRISL repertoriés, seuls 46 appartiennent encore officiellement à la compagnie iranienne. Quatre ont été sabordés et les 73 restants sont désormais inscrits comme détenus et exploités par des sociétés ne figurant pas sur la liste noire des Etats-Unis. Quant aux entreprises écrans, elles sont "situées loin de l'Iran, dans des endroits comme Malte, Hongkong, Chypre, l'Allemgne ou l'île de Man (Grande-Bretagne)". Selon le New York Times, parmi ces 73 navires, 63 auraient des liens avérés avec l'IRISL.

La Suisse a refusé 30 exportations de biens problématiques à l'Iran

La Suisse a refusé 30 exportations à l'Iran depuis le début des premières sanctions de l'ONU à l'encontre de ce pays à cause de son programme nucléaire en décembre 2006. Selon le Secrétariat Suisse à l'économie (SECO), ces contrats non réalisés se seraient chiffrés à environ 6 millions de francs.

Il s'agissait "de biens problématiques eu égard au risque de prolifération", pouvant servir à la production d'armes de destruction massive, a indiqué Jean-Daniel Gerber, directeur du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), dans la "NZZ am Sonntag". En tant que membre de l'ONU, la Suisse se conforme aux sanctions prononcées contre Téhéran.

Pour Jean-Daniel Gerber, il est toutefois "intéressant" de constater que les exportations à destination de ce pays "sont restées constantes" entre 2005 et 2009 en dépit des sanctions. Les livraisons annuelles atteignent au total quelque 800 millions de francs.

Une entreprise iranienne ouvre un bureau à Cuba

Tad.Co, groupe spécialisé dans les systèmes d'arrosage pour l'agriculture, est devenue la première entreprise à ouvrir un bureau à Cuba, nouveau signe du rapprochement entre deux des bêtes noires des Etats-Unis, a rapporté samedi l'hebdomadaire Opciones. Selon le journal, la compagnie aurait déjà vendu plus de 3.000 systèmes d'arrosage en sept ans à Cuba. L'an dernier, les deux pays ont signé un accord pour la production d'appareils électroménagers destinés au marché cubain, mais aussi pour exporter vers l'île du matériel ferroviaire et d'autres produits dans le cadre d'un crédit iranien porté de 272 à 680 millions de dollars.

Le Trésor américain adopte de nouvelles sanctions contre l'Iran

Reuters, Mercredi 16 juin, 22h45

Le Trésor américain a annoncé de nouvelles mesures visant à accroître la pression financière sur l'Iran afin de le pousser à donner des gages sur son programme nucléaire.

Ces nouvelles mesures visent à renforcer le quatrième train de sanctions contre la République islamique adoptées mercredi dernier par le Conseil de sécurité de l'Onu.

Les Etats-Unis ont ajouté à leur "liste noire" une 16e banque iranienne, la Banque postale d'Iran, contrôlée par l'Etat iranien, ainsi que cinq compagnies maritimes servant de sociétés-écrans pour contourner de précédentes sanctions à l'égard de la compagnie nationale et enfin les commandements des Gardiens de la révolution chargés de l'armée de l'air et des missiles.

Les transactions depuis les Etats-Unis sont interdites avec les entreprises inscrites sur cette liste et les avoirs qu'elles pourraient posséder sous juridiction américaine sont gelés.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a déclaré lors d'un point de presse que des mesures supplémentaires visant à accroître la pression financière sur Téhéran seraient prises au cours des prochaines semaines.

"Nous continuerons à cibler le soutien iranien à des organisations terroristes. Nous continuerons à nous concentrer sur les Gardiens de la révolution", a-t-il indiqué.

"Et nous continuerons à mettre en évidence les efforts de l'Iran pour échapper aux sanctions internationales", a-t-il ajouté.

L'UE renforce ses sanctions contre l'Iran

Reuters, Jeudi 17 juin, 15h31

Les dirigeants de l'Union européenne ont décidé d'infliger de nouvelles sanctions à l'Iran, notamment des mesures destinées à bloquer les investissements dans le secteur de l'énergie.

L'objectif de ces mesures, qui vont au-delà de celles adoptées le 10 juin par le Conseil de sécurité des Nations unies, est d'accroître la pression sur l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Le nouveau train de sanctions, qui pourrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines, touche les secteurs du commerce, de la banque, de l'assurance, du transport, notamment maritime, et aussi de l'énergie.

Concernant le pétrole et le gaz, le texte adopté par les Vingt-sept prévoit d'interdire "de nouveaux investissements, transferts de technologies, équipements et services au sein de ces secteurs, notamment dans le domaine du raffinage et de la liquéfaction du gaz naturel".

"Le Conseil européen regrette profondément que l'Iran n'ait pas saisi l'une des nombreuses occasions qui lui ont été données de dissiper les inquiétudes de la communauté internationale concernant la nature de son programme nucléaire", disent les dirigeants européens. "Dans ce contexte, la mise en oeuvre de nouvelles sanctions est devenue inévitable", ajoutent-ils.

Opposée à une escalade des sanctions envers la République islamique, la Russie a critiqué la décision de l'UE, ainsi que la position des Etats-Unis, favorables également à des mesures plus sévères que celles arrêtées récemment par l'Onu.

"Nous sommes extrêmement déçus que ni les Etats-Unis, ni l'Union européenne n'aient entendu nos appels à s'abstenir de prendre de telles dispositions", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par l'agence Interfax.